La nuit d’ouverture du Festival de Cannes, les invités se réunissent pour la première du film Jeanne du Barry, une comédie historique. C’est l’histoire d’une courtisane (jouée par la réalisatrice du film, Maïwenn) qui attire l’attention d’un roi libidineux et défie ainsi la bienséance et le bon goût. Nous apprenons que le palais est un lieu rempli d’intrigues, de protocoles byzantins et de règles ridicules qui n’ont aucun sens discernable. « C’est grotesque », dit un personnage. « Non, c’est Versailles », répond un autre.

Le festival de Cannes est également embrouillé, où la traditionnelle grande révélation a été pratiquement déraillée par l’arrivée de Johnny Depp, une star de Hollywood poursuivie par des allégations de violence domestique dont la performance en tant que Louis XV est son premier rôle principal depuis un peu plus de trois ans. La plupart des critiques étaient scandalisés, mais le festival est resté imperturbable. Cannes se moque de la culture de l’annulation et tend à se battre. Il pense que la controverse est bonne pour les affaires et nous tient tous en alerte.

Mais pourquoi ne pas exiger de nos festivals de cinéma la même complexité que celle que nous apprécions dans nos films ? Le programme offre une grande variété de films, allant des blockbusters aux productions plus artistiques et expérimentales. Le nouveau président du jury, Ruben Östlund, deux fois lauréat de la Palme d’Or, estime que Cannes est unique en sa capacité à équilibrer les deux côtés de l’industrie : le cinéma commercial et le cinéma d’auteur, le grand et le petit. Cette année, les cinéphiles fortunés ont pu assister à la première d’Indiana Jones et le cadran du destin, alors que pour ceux qui avaient moins de temps, Pedro Almodóvar présentait son western queer épuré, Une vie singulière.

Le premier candidat en lice pour la Palme d’Or est le film Homecoming de Catherine Corsini, suivi par Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire et Monster d’Hirokazu Kore-eda. Ces films réalisent chacun une fusion individuelle entre de nombreuses dimensions thématiques. La dure concurrence ne permettra probablement pas à toutes les œuvres de rivaliser pour la palme d’or.

Ce festival de Cannes est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Peut-être svivre Alicia Vikander dans Firebrand, ou encore Jean-Luc Godard, le fils préféré du festival qui a travaillé jusqu’au bout et dont une séquence inachevée sera projetée à l’événement. Toujours est-il que l’on peut être certain que Cannes continuera de nous surprendre.