Un hommage féministe ; un témoignage visuel de l’amitié féminine ; un collage politique. Le documentaire de Fernanda Pessoa et Adriana Barbosa est tout cela et bien plus encore. Basées à São Paulo et à Los Angeles, les deux réalisatrices sont séparées par la distance géographique et les restrictions liées au Covid-19 de 2020, des circonstances qui déclenchent une correspondance audiovisuelle à la place des textes et des e-mails.
Explicitement inspiré par les travaux de réalisatrices féministes telles que Carolee Schneemann et Cheryl Dunye, Swing and Sway tente de créer un havre cinématographique face à la montée de la politique de droite.
Dans ces cartes postales kaléidoscopiques, les images de partisans de Trump brandissant des pancartes se fondent dans de gigantesques panneaux d’affichage au Brésil commandés par le Parti social libéral de Jair Bolsonaro. Aux côtés de l’emprise croissante des idéologies conservatrices, il y a l’élixir curatif de la famille et de la camaraderie féminine. Entre des images des manifestations Black Lives Matter et anti-Bolsonaro se trouvent des sessions animées sur Zoom entre amis ; ici, la révolution prend racine à la fois collectivement et personnellement.
Cependant, le danger de rendre hommage aux pionnières est que le résultat final sera inévitablement en deçà de la comparaison. Pessoa et Barbosa font référence au style de l’œuvre audiovisuelle des années 1960 et 1970 de Schneemann, se photographiant nues et plaçant leurs corps dans des intérieurs domestiques contraignants.
Cependant, ces compositions statiques semblent être une version diluée de l’œuvre originale : Meat Joy de Schneemann offre une nudité qui va au-delà de la simple chair nue ; elle sert à provoquer voire à répugner. Malgré ces lacunes occasionnelles, l’ardeur de Pessoa et Barbosa transparaît. Swing and Sway peut être une œuvre visuellement et politiquement dérivée, mais elle constitue également une captivante capsule temporelle de la pandémie.
