L’Iran a renvoyé en prison après avoir été assignée à résidence l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah, une évolution choc au milieu de discussions délicates sur la propulsion nucléaire iranienne.

Adelkhah a été condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison pour complot contre la sécurité nationale, des accusations que ses partisans ont toujours dénoncées comme absurdes. Elle a été autorisée à rentrer à Téhéran en octobre 2020 avec un bracelet électronique.

Le ministère français des Affaires étrangères a exprimé son « étonnement » devant la réincarcération d’Adelkah mercredi, appelant à sa libération immédiate et ajoutant que cette décision était intervenue « sans explication ni avertissement préalable ».

« La décision ne peut qu’avoir des conséquences négatives sur les relations entre la France et l’Iran et réduire la confiance entre nos deux pays », a déclaré le ministère des Affaires étrangères.

Elle fait partie d’au moins une douzaine de ressortissants occidentaux qui seraient détenus en Iran et qui, selon les militants, sont retenus en otages à la demande des gardiens de la révolution d’élite pour obtenir des concessions de l’Occident.

Alors que des pourparlers sont en cours à Vienne pour sauver l’accord nucléaire de 2015 entre l’Iran et les puissances mondiales, le ministère français des Affaires étrangères a averti que cette décision nuirait aux relations bilatérales et à la confiance.

« C’est avec un grand choc et indignation que nous avons été informés que Fariba Adelkhah (…)

« Le gouvernement iranien utilise cyniquement notre collègue à des fins externes ou internes qui restent opaques, et qui n’ont rien à voir avec ses activités », a-t-il ajouté.

Le comité a accusé les autorités de « mettre délibérément en danger la santé et même la vie de Fariba Adelkhah », pointant du doigt la mort ce mois-ci en détention iranienne du poète Baktash Abtin après avoir contracté le Covid.

La décision surprise des autorités iraniennes de renvoyer Adelkhah en prison intervient à un moment extrêmement sensible des pourparlers impliquant la France et d’autres puissances mondiales visant à relancer l’accord sur le programme nucléaire iranien.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est plaint mardi que le rythme des pourparlers à Vienne est « trop lent », contrairement au ton plus optimiste des responsables à Téhéran.

Le Français Benjamin Brière est également détenu en Iran, que sa famille décrit comme un touriste innocent mais qui a été arrêté alors qu’il voyageait en mai.

La famille de Brière a annoncé le mois dernier qu’il avait entamé une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention et le manque d’évolution de son cas.

Spécialiste de l’islam chiite et directrice de recherche à Sciences Po Paris, Adelkhah a été arrêtée en juin 2019 avec son collègue et partenaire français Roland Marchal.

Marchal a été libéré en mars 2020 dans le cadre d’un échange de prisonniers apparent après que la France a libéré l’ingénieur iranien Jalal Rohollahnejad, qui risquait d’être extradé vers les États-Unis pour avoir violé les sanctions américaines contre l’Iran.

Le groupe de soutien d’Adelkah a déclaré qu’elle avait été emprisonnée « sur la base d’accusations inventées de toutes pièces et sans aucun procès approprié ».

Des ressortissants des trois puissances européennes impliquées dans les pourparlers sur le programme nucléaire iranien – la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne – font partie des étrangers détenus.

Dans un développement séparé mercredi, le British Council a déclaré que son employé, le citoyen iranien Aras Amiri, était rentré au Royaume-Uni après avoir été innocenté en appel d’une peine de 10 ans de prison pour « infiltration culturelle » en Iran.

L’accord de 2015 – conclu par l’Iran, les États-Unis, la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne – offrait un allégement des sanctions à Téhéran en échange de restrictions sur son programme nucléaire.

Mais ensuite, le président américain Donald Trump a retiré unilatéralement les États-Unis en 2018 et a réimposé des sanctions sévères, incitant Téhéran à commencer à revenir sur ses engagements.