Les procureurs français ont requis la réclusion à perpétuité pour 12 des 20 hommes soupçonnés d’avoir joué un rôle clé dans les attentats terroristes de novembre 2015 à Paris contre un stade, des bars et des restaurants et un concert de rock au Bataclan.

Alors que le plus grand procès pénal jamais organisé en France entrait dans ses dernières semaines, les procureurs ont résumé les preuves et regretté qu’il restait des questions clés sans réponse sur les attaques coordonnées qui ont tué 130 personnes et blessé plus de 490.

Douze des hommes jugés pour avoir participé à la préparation, à la planification et à la logistique des attentats pourraient être condamnés à des peines pouvant aller jusqu’à la prison à vie, la peine maximale prévue par la loi française, s’ils sont reconnus coupables.

Le principal accusé, Salah Abdeslam, serait le dernier survivant de la cellule de 10 hommes qui ont frappé la ville. La plupart d’entre eux se sont suicidés ou ont été tués par la police. Il pourrait encourir la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, une peine rarement prononcée en France et qui exclut pratiquement toute réduction ultérieure de sa peine.

Les attentats, revendiqués par l’État islamique, ont commencé vers 21 heures, le vendredi 13 novembre 2015, lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser après avoir échoué à pénétrer dans le Stade de France. Cet attentat a été suivi de fusillades en voiture et d’attentats-suicides dans des cafés et restaurants parisiens, et d’un attentat au Bataclan lors d’un concert des Eagles of Death Metal, où 90 personnes ont été tuées.

Le procureur Camille Hennetier a dénoncé devant le tribunal la « cruauté des terroristes qui tiraient encore et encore et prenaient plaisir à tuer », et a précisé que les attentats étaient pour la plupart préparés hors de France.

Abdeslam, 32 ans, citoyen français né à Bruxelles, aurait joué un rôle central dans la vaste opération logistique au cours de laquelle les djihadistes sont rentrés en Europe depuis la Syrie via la route des migrants. Il aurait escorté les trois kamikazes qui se sont fait exploser au Stade de France, après quoi il devait mener sa propre attaque dans le nord de Paris.

Il a déclaré au tribunal qu’il avait renoncé à sa mission de se faire exploser dans un bar du nord de Paris. Mais les procureurs ont déclaré que sa ceinture explosive avait tout simplement mal fonctionné. Ils ont déclaré que son affirmation selon laquelle il avait été recruté par une cellule djihadiste quelques jours seulement avant les attentats était « étrange » et « illogique ».

Hennetier a déclaré qu’il était regrettable que beaucoup « reste dans le noir » sur la façon dont les attaques ont été planifiées et menées. « Les réponses sont ici sur le banc des accusés. La plupart des accusés le savent. Ils savent tout et n’ont jamais parlé, et ne répondront probablement jamais », a-t-elle déclaré au tribunal.

Un autre accusé clé, Mohammed Abrini, a accompagné le groupe d’attaquants à Paris la veille de l’assaut, puis est retourné en Belgique. Il a été arrêté après les attentats de mars 2016 à l’aéroport et au métro de Bruxelles.

« Salah Abdeslam et Mohammed Abrini n’ont pas caché leur engagement djihadiste, mais tous deux ont essayé de brouiller les pistes sur leurs idées », a déclaré devant le tribunal le procureur de Paris Nicolas Le Bris.

Quatorze des accusés ont comparu devant le tribunal. Six hommes sont jugés par contumace, dont cinq présumés – mais non confirmés – morts en Syrie ou en Irak. La plupart des suspects sont diversement accusés d’avoir aidé à créer de fausses identités, à ramener les assaillants en Europe depuis la Syrie et à leur fournir de l’argent, des téléphones, des explosifs et des armes.

« Tout le monde n’est pas djihadiste, mais tous ceux que vous jugez ont accepté de faire partie d’un groupe terroriste, soit par conviction, soit par lâcheté, soit par cupidité », a déclaré cette semaine devant le tribunal le procureur Nicolas Braconnay.

Le verdict est attendu le 29 juin.