La Russie a été accusée d’avoir tenté de prendre en otage l’accord sur le nucléaire iranien dans le cadre de sa bataille plus large avec l’Occident au sujet de l’Ukraine, après avoir jeté une clé de dernière minute dans les plans d’un accord visant à lever une série de sanctions économiques américaines contre Téhéran.

Après des mois de négociations à Vienne, un accord révisé devait être conclu dans les jours suivant la levée des sanctions américaines en échange du retour de Téhéran au plein respect de l’accord de non-prolifération nucléaire de 2015.

Mais les efforts diplomatiques ont été chamboulés par la demande inattendue de la Russie pour des garanties écrites que son commerce économique avec l’Iran sera exempté des sanctions américaines imposées à la Russie depuis son invasion de l’Ukraine.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a évoqué ce week-end « l’avalanche de sanctions agressives [on Russia] que l’Occident a commencé à vomir », et a déclaré : « Cela signifiait que Moscou devait d’abord demander des garanties aux États-Unis, exigeant une réponse claire que les nouvelles sanctions n’affecteront pas ses droits en vertu de l’accord sur le nucléaire.

«Nous avons demandé à nos collègues américains… de nous donner des garanties écrites au niveau minimum du secrétaire d’État que l’actuel [sanctions] Le processus lancé par les États-Unis ne portera en aucun cas atteinte à notre droit à une coopération commerciale, économique et d’investissement libre et à part entière et à une coopération militaro-technique avec l’Iran.

Signe de la morsure de l’imposition de sanctions, les vols d’Aeroflot de Moscou à l’Iran ont été annulés dimanche.

Si la demande de Lavrov est d’exiger que les États-Unis exemptent le commerce russo-iranien des sanctions, l’Occident est presque certain de rejeter la demande car cela ouvrirait une énorme brèche dans le régime des sanctions. Il appartiendrait alors à Moscou d’opposer son veto à l’accord nucléaire.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a qualifié les demandes de la Russie de « non pertinentes », affirmant que les sanctions imposées après l’invasion de l’Ukraine « n’ont rien à voir avec l’accord sur le nucléaire iranien ».

Ils « ne sont tout simplement pas liés entre eux, donc je pense que ce n’est pas pertinent », a déclaré Blinken à CBS News.

Les pourparlers de Vienne ont été pendant des mois une oasis de coopération diplomatique entre la Russie et l’Occident alors qu’ils élaboraient minutieusement un compromis acceptable à la fois par l’Iran et les États-Unis. Le négociateur en chef de la Russie aux pourparlers de Vienne, Mikhail Ulyanov, a été un intermédiaire infatigable mais risque maintenant de voir son travail être annulé par la confrontation de Moscou avec l’Occident au sujet de l’Ukraine.

Les responsables iraniens ont critiqué l’intervention de la Russie, affirmant que « les Russes ont mis cette demande sur la table lors des pourparlers de Vienne il y a deux jours. Il est entendu qu’en changeant sa position dans [the] Pourparlers de Vienne, la Russie veut sécuriser ses intérêts ailleurs. Cette démarche n’est pas constructive pour [the] Les pourparlers nucléaires de Vienne.

La Russie a également un intérêt stratégique à court terme à saboter ou à reporter l’accord. L’Iran produit plus de 2 millions de barils de pétrole par jour, et si ces approvisionnements pouvaient atteindre les marchés, la flambée des prix serait ralentie.

La Russie, grand producteur de pétrole, veut faire grimper le prix du pétrole pour tourner la vis aux économies occidentales mais aussi pour augmenter ses propres revenus.

Israël, farouche opposant à un accord nucléaire relancé, sera le seul grand pays à saluer en privé les actions de la Russie.

Les parties à l’accord sont l’Iran, l’E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni), la Russie et la Chine. Les États-Unis sont présents à Vienne, mais l’Iran ne négociera pas directement avec la délégation américaine.

Par ailleurs, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, était à Téhéran ce week-end pour tenter de conclure un accord sur le futur régime d’inspection. Grossi espérait résoudre les désaccords sur la demande de l’AIEA d’accéder à quatre sites où des activités nucléaires suspectes auraient eu lieu.

L’Iran veut que l’AIEA mette fin à ces enquêtes, affirmant qu’elles sont basées sur de faux renseignements israéliens. Mohammad Eslami, le chef de l’association iranienne de l’énergie atomique, a également demandé des assurances que ce que l’Iran considère comme des renseignements israéliens ne constituerait pas la base des futures enquêtes de l’AIEA sur l’Iran.

Les deux parties ont convenu d’échanger des documents d’ici juin, date probable de l’entrée en vigueur de l’accord avec l’Iran, mais semblent avoir laissé en suspens les questions relatives au régime d’inspection.

Pendant ce temps, l’AIEA poursuivra un régime d’inspection dans lequel ses caméras de surveillance resteront en place et les cartes mémoire des caméras conservées sous scellés conjoints.