Dans un stade de Doha, une vingtaine d’enfants transpirent pendant un entraînement de football. Parmi eux, Alain Carnib, sept ans, s’essuie le front et reprend son souffle. Rêve de devenir footballeur professionnel.

De nombreuses autorités sanitaires, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), misent sur la Coupe du monde au Qatar, qui débute dimanche, pour sensibiliser à l’activité physique dans la région du Golfe, où l’obésité atteint des niveaux alarmants.

« Je suis ici pour perdre du poids et devenir footballeur car ce sport me rend heureux », explique Alain en souriant. Bien qu’il admette que les hamburgers sont son plat préféré, le jeune libanais grassouillet s’entraîne régulièrement avec son frère de neuf ans, Mohammad, à la Cedars Sport Academy de Doha.

Les physiques maigres des centaines de footballeurs professionnels arrivés dans l’émirat contrastent avec la population adulte générale, dont 70 % sont en surpoids. Car dans cette région, la combinaison de la richesse et de la chaleur torride conduit à l’un des taux d’obésité les plus élevés au monde.

Ali Koteich, 39 ans, est le directeur de la Cedars Sport Academy. Selon lui, « dans une société comme la Qatarie, le sport pour les enfants est très important ». « Outre le sport, leur seule activité est d’aller au centre commercial ou au parc », note-t-il.

Selon le ministère de la Santé du Qatar, 43 % de la population adulte de l’émirat a un faible niveau d’activité physique et plus des deux tiers (70,1 %) sont en surpoids. 24 % meurent de maladies cardiaques, tandis que le diabète représente 7 % des décès.

Entraînement de football à la Cedars Sports Academy de Doha, au Qatar, le 8 novembre 2022 (AFP – KARIM JAAFAR)

Dans la région, le sultanat d’Oman connaît le même problème, avec 66 % de sa population déclarée officiellement en surpoids ou obèse, tandis qu’au Koweït 35 à 40 % des enfants étaient obèses, selon une étude de 2020.

Aux Émirats arabes unis, l’obésité infantile a bondi à 17,4 % en 2020 contre 12 % deux ans plus tôt, selon le ministère de la Santé.

Cette région désertique est à l’origine d’un mode de vie sédentaire et d’une alimentation trop abondante qui importe l’essentiel de sa nourriture et connaît l’une des journées d’été les plus chaudes au monde, rendant difficile toute activité physique en plein air.

– « La santé pour tous » –

Arrivée du footballeur argentin Lionel Messi et de son équipe le 17 novembre 2022 à Doha au Qatar (AFP - Odd ANDERSEN)Arrivée du footballeur argentin Lionel Messi et de son équipe le 17 novembre 2022 à Doha au Qatar (AFP – Odd ANDERSEN)

Dans les tribunes d’un petit stade de Doha, l’Egyptienne Najwa Mohammed, vêtue d’un niqab, regarde son fils Abdelrahman courir après le ballon. « Le sport améliore la santé mentale et physique des enfants, c’est très important », commente-t-elle.

Dans un rapport publié en octobre, l’OMS a averti que « d’ici 2030, près de 500 millions de personnes développeront » des maladies « liées à l’inactivité physique » et a exhorté les gouvernements à « prendre des mesures urgentes ».

« L’obésité est liée à de nombreuses maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension, il est donc très important d’associer le sport à la santé », a déclaré à l’AFP Youssef Al-Maslamani, porte-parole santé de la Coupe du monde 2022.

Les pays du Golfe tentent désormais de promouvoir un mode de vie plus sain. Ainsi, deux courses de 3 et 5 kilomètres se sont déroulées samedi au Qatar dans le cadre de la campagne de l’OMS Santé pour tous.

Entraînement de football à la Cedars Sports Academy de Doha, au Qatar, le 8 novembre 2022 (AFP - KARIM JAAFAR)Entraînement de football à la Cedars Sports Academy de Doha, au Qatar, le 8 novembre 2022 (AFP – KARIM JAAFAR)

« Nous savons quel impact négatif sur la santé des enfants peut avoir un manque d’exercice », a déclaré le président de la FIFA, Gianni Infantino.

L’impact des grands événements sportifs sur la santé publique reste incertain. En 2019, un institut de recherche britannique concluait que les JO de Londres 2012 n’avaient eu qu’un effet « limité et transitoire » sur l’activité physique de la population locale.

Chez les plus jeunes, le message semble au moins avoir été entendu. À la Cedars Sports Academy, Ubay El-Sayed, 9 ans, encourage ses camarades de classe sous le regard approbateur de sa mère, Nada. « Vous n’avez pas à jouer avec votre téléphone tout le temps parce que vous devez faire de l’exercice », dit-il. « Le football vous facilitera la vie et vous aidera. »