La révolution commence chez soi dans Coup !, un drame énergique et léger réalisé par Austin Stark et Joseph Schuman, qui clôt la programmation des Venice Days lors du festival de cinéma de cette année.

  • Le film met en scène JC Horton (Billy Magnussen), un journaliste de gauche engagé à l’époque de la grippe espagnole de 1918, dans sa résidence en bord de mer.
  • Horton tape sur les touches de sa machine à écrire avec une fureur revendicatrice. Abrité sur son domaine, il rapporte la vie à l’intérieur de la ville ravagée par la maladie, décrivant les braves prolétaires et les policiers brutaux ; les corps entassés dans les rues et la pluie de matraques sur les têtes. Sa femme tourne les pages et est impressionnée. Elle lui dit : « On dirait que tu y étais vraiment ».
  • Tout comme le grand journaliste ne met jamais réellement les pieds en dehors de sa luxueuse île d’Edgar, Coup ! ne le fait pas non plus. Avec beaucoup moins d’argent que Horton mais sans doute plus d’ingéniosité, il ouvre grand les portes de son unique décor afin de laisser entrer le monde réel. Cela se concrétise avec l’arrivée de Floyd Monk, le nouveau cuisinier de la demeure d’Horton, interprété avec délectation par Peter Sarsgaard.
  • Monk annonce son arrivée d’une voix traînante des plus marquées, qu’on peut probablement entendre à plusieurs comtés à la ronde. Il porte des boucles d’oreilles flamboyantes qui s’agitent à chaque pas et un chapeau qui semble être orné d’oiseaux aplatis et de coquillages humides. Il prétend être un grand fan du célèbre Horton, mais son admiration enthousiaste dégage une légère moquerie.
Peter Sarsgaard in Coup!
Peter Sarsgaard dans Coup ! Photographie : Spencer Pazer

Après avoir établi la maison strictement mise en quarantaine d’Horton comme un microcosme de la lutte des classes aux États-Unis, le drame qui suit s’écrit en grande partie de lui-même. L’autorité doit être contestée ; l’hypocrisie dévoilée. Sans surprise, Monk ne tarde pas à exciter le personnel de maison en ébullition, au grand dam d’Horton qui s’est toujours enorgueilli d’être un employeur conciliant.

Le film est amusant, large d’esprit et exubérant, tel une comédie marxiste en prime time, bien qu’il semble redevable à plusieurs films récents et meilleurs sur le même thème. À un moment donné, complotant pour se débarrasser de la redoutable gouvernante d’Horton, Monk choisit de l’empoisonner, tout comme les intrus ont empoisonné la gouvernante surcompétente de Parasite de Bong Joon-ho. Ici, cependant, le poison rend instantanément et violemment malade la domestique qui vomit sur les convives dans une scène qui rappelle le moment emblématique de Triangle of Sadness.

L’idiot d’Horton prévoit de se présenter comme candidat pour le nouveau parti progressiste et, avec un peu de chance, occuper un jour un siège au Sénat. Mais à peine a-t-il élaboré son plan qu’il se fait prendre à son propre piège, démasqué par un article de magazine qui le présente comme « le visage de la fraude », et il se retrouve à trébucher, perplexe, dans les pièges tendus par Monk.

Le film de Stark et Schuman mérite un meilleur sort, car il est vif, sûr de lui et agréable à regarder sur le moment, même si sa satire semble superficielle et sa colère légèrement