Alors que les méga-constellations monopolisent l’attention – et la plupart des lancements spatiaux – une révolution s’opère sur le marché des satellites géostationnaires trop vite oublié. Dans le passé, ils étaient fabriqués à la demande du marché, les fréquences et les couvertures étaient clairement définies à l’avance ; il existe désormais des satellites adaptables produits en série et dont les caractéristiques finales peuvent être programmées en vol pour s’adapter aux besoins, parfois en temps réel. Cerise sur le gâteau : Avec cette nouvelle technologie, les constructeurs européens se taillent la part du lion du marché.

Par essence, un satellite géostationnaire est un relais situé à 36 000 kilomètres d’altitude, avec une vue particulièrement dégagée. Les premières générations se contentaient de recevoir le signal, de l’amplifier et de le renvoyer sur Terre via un répéteur. Cela était dû à l’antenne émettrice, qui déterminait la zone pulvérisée par le signal. Cette architecture a été appelée « tube courbe » en raison de sa relative simplicité. Les satellites ayant une durée de vie de plusieurs années, il était nécessaire d’anticiper très en amont l’évolution de la demande de canaux afin d’être en mesure de mieux répondre à une demande bien souvent inexistante.

Machines plus complexes

L’évolution de la technologie a progressivement permis d’assouplir les restrictions. Le passage de l’analogique au numérique et l’avènement de la compression ont contribué à l’expansion des services par satellite. Parallèlement, les antennes mobiles ont permis de modifier une partie des zones de couverture en vol. Avec le multiplexage, les satellites ne se contentent plus de répéter ce qu’ils reçoivent. Ils pourraient capter les signaux de différents « téléports », en extraire la télévision, la radio ou d’autres services et les distribuer dans différentes directions. Mais, dans le même temps, leur durée de vie est passée de huit à douze, puis à seize ans, et la question de l’optimisation d’un approvisionnement quasi figé à un besoin qui évolue sur deux décennies – de la définition d’un satellite à sa mise au rebut – restait intégral.

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La numérisation totale de la charge utile à bord des satellites et l’apparition de nouveaux processeurs de plus en plus puissants ont renforcé l’arsenal technologique à la disposition des industriels. Il est devenu possible d’ajuster le niveau de puissance et la bande passante de chaque signal avec une simple commande depuis le sol. Pour l’enregistrement, dans les liaisons de données, c’est la combinaison de cette puissance et de cette bande passante qui détermine le débit de transmission. Des progrès significatifs ont été réalisés dans les antennes. Les antennes paraboliques, légèrement déformées pour couvrir des zones aux contours complexes, cèdent la place à des réseaux d’antennes plates, dont la couverture peut également être programmée.

Evolution de l’offre sur la durée de vie d’un satellite

Le premier satellite à réunir toutes ces avancées, Eutelsat Quantum, a été développé par Airbus avec le soutien de l’Agence spatiale européenne. Il a été lancé en orbite en juillet dernier. En 2017, la société luxembourgeoise SES, le plus grand opérateur de satellites au monde, a appelé à des satellites « universels » basés sur ces technologies. Des années de recherches préparatoires ne sont plus nécessaires pour déterminer le satellite, il suffit de choisir dans quelle gamme de fréquences il rayonnera, de le fabriquer et de le lancer. Cette polyvalence réduira les temps de cycle et les coûts de production. Mieux encore, un satellite programmable peut étendre son offre de service tout au long de sa vie, mais il peut aussi évoluer au cours de la journée, concentrant ses capacités sur les zones les plus actives en fonction des heures de bureau, de l’évolution du trafic aérien, voire des intempéries ! Immédiatement, les bureaux d’études se sont mis à développer ce satellite du futur.

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Aujourd’hui, les machines entièrement programmables représentent 80 % des nouveaux contrats géostationnaires. Airbus et Thales Alenia Space se partagent le marché avec leurs modèles concurrents OneSat et Space Inspire. Le constructeur franco-italien a vendu quatre voitures en quatre mois. Boeing n’a pas encore percé avec son propre 702X. Les premiers lancements sont prévus pour l’année prochaine.

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