OÀ première vue, peu de choses semblent lier la baguette française, les danses rituelles furyu-odori du Japon, un plat froid de nouilles nord-coréen appelé naengmyeon, les festivités de l’ours des Pyrénées et le Kun L’bokator, les arts martiaux traditionnels du Cambodge.

Mais tous viennent d’être reconnus comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par un comité de 24 membres de l’Unesco, réuni cette semaine à Rabat pour examiner si 56 « trésors humains » proposés méritent d’être ajoutés aux quelque 600 déjà sur la liste.

L’UNESCO vient d’inscrire la baguette française au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et la délégation française est en délire pic.twitter.com/s1UbutiVBZ

— Jules Darmanin (@JulesDrmnn) 30 novembre 2022

Parmi les autres concurrents figurent les jeux équestres traditionnels de Géorgie, la pâte de piment fort du Maghreb connue sous le nom de harissa, l’eau-de-vie de prune šljivovica de Serbie, l’appel oral de chameaux en Arabie saoudite et à Oman et un luth d’Asie centrale appelé le Rubāb.

La France a accueilli avec une joie patriotique l’annonce de l’inscription sur la liste des « savoir-faire et culture artisanaux du pain baguette », ont déclaré les délégués français à la conférence de l’Unesco brandissant les bâtonnets de pain en l’air et applaudir.

Celle-ci « célèbre l’art de vivre à la française : la baguette est un rituel quotidien, un élément structurant du repas, synonyme de notre culture du partage et de la convivialité », a déclaré la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, ancienne ministre française de la culture.

Environ 320 baguettes – décrites par Emmanuel Macron comme « 250 grammes [9 ounces] de magie et de perfection » – se vendent chaque seconde en France, et les longs pains à l’extérieur croustillant et au cœur moelleux font partie de la vie quotidienne des Français depuis au moins 100 ans.

Mais le nombre de boulangeries artisanales dans le pays est passé de 55 000 en 1970 à 35 000 aujourd’hui en raison de la multiplication des boulangeries industrielles et des commerces de périphérie. « Il est important que ces compétences et habitudes sociales continuent d’exister à l’avenir », a déclaré Azoulay.

Quatre des autres nouveaux venus suggérés par l’Unesco – un style de céramique chilienne, une ancienne pierre Ahlat de Turquie, la poterie du peuple vietnamien Chăm et une jupe en forme de cloche d’Albanie connue sous le nom de xhubleta – sont jugés si menacés qu’ils ont un besoin urgent de protection internationale.

Les autres, bien qu’un peu moins menacés, sont toujours considérés par les gouvernements qui les présentent comme dignes d’être reconnus comme faisant partie des « savoirs et savoir-faire nécessaires à la transmission de l’artisanat traditionnel et des pratiques culturelles de génération en génération ».

Le programme des sites du patrimoine mondial, également administré par l’Unesco, est peut-être mieux connu pour avoir jugé des lieux tels que Stonehenge, le Taj Mahal et les pyramides égyptiennes comme ayant une « valeur universelle exceptionnelle pour l’humanité ».

Mais la musique, l’artisanat, la nourriture, la boisson, les rituels, les danses et les coutumes inscrits sur la liste du patrimoine immatériel, précise l’Unesco, constituent « un patrimoine vivant qui, transmis de génération en génération, donne aux communautés un sentiment d’identité et de continuité jugé essentiel pour le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine ».

La convention de 2003 a jusqu’à présent été signée par 180 pays – mais pas par le Royaume-Uni, ce qui explique en partie pourquoi des rituels typiquement britanniques tels que la danse morris, la consommation de thé et le roulage de fromage ne sont pas encore reconnus par l’Unesco.

La culture chai de l’Azerbaïdjan et de la Turquie et les « techniques traditionnelles de traitement du thé et les pratiques sociales associées » en Chine sont cependant très à l’étude cette année, tout comme le « savoir des maîtres du rhum léger » de Cuba.

Parmi les autres prétendants figurent les festivités du 15 août de deux communautés montagnardes en Grèce, le banquet al-Mansaf en Jordanie, la blouse brodée altiţă de Roumanie et – un peu plus prosaïquement – ​​l’apiculture en Slovénie, la sonnerie des cloches en Espagne et la «culture foraine» en Belgique.

Déjà sur la liste figurent la marche sur la corde raide coréenne, la gastronomie française et le chameau mongol, ainsi que des plats célèbres comme la pizza napolitaine, le couscous nord-africain, le levain aplati maltais et les biscuits croates au gingembre.

La procession dansante du Luxembourg à Echternach, une excentrique procession traditionnelle de la Pentecôte vieille de 500 ans jusqu’au tombeau de St Willibrord dans laquelle des milliers de personnes sautent d’un pied à l’autre tout au long du parcours sur le même air traditionnel, est là.

Il en va de même pour le concours annuel de fauchage de l’herbe de la municipalité de Kupres en Bosnie-Herzégovine, les festivités traditionnelles de la grenade d’Azerbaïdjan connues sous le nom de Nar Bayrami, la culture finlandaise du sauna, le reggae jamaïcain et le régime méditerranéen.

Au cours des années précédentes, le comité a ratifié presque toutes les nominations et est en passe de faire de même cette année. Ses délibérations, qui sont diffusées en direct et, il faut le dire, considérablement moins divertissantes que bon nombre des spécialités gastronomiques, coutumes et instruments qu’ils envisagent, se poursuivent jusqu’à samedi.