Le Festival de Cannes est connu pour être un événement qui promeut la tradition, et cette année ne fait pas exception à cette règle avec la déclaration de solidarité envers la cause ukrainienne. Une courte vidéo a été présentée pour dénoncer l’enlèvement et la « Russification » d’enfants ukrainiens dans les régions capturées. Mais au-delà de cette tradition, Cannes a également accueilli les grands noms du cinéma, les réalisateurs confirmés et les étoiles montantes. Certains ont été acclamés tandis que d’autres ont été critiqués, comme Johnny Depp pour sa performance dans le film Jeanne Du Barry de Maïwenn et sa fille, Lily-Rose Depp, pour sa série télévisée The Idol.

Le cinéaste populaire Wes Anderson a conquis Cannes avec son nouveau film, Asteroid City, qui a été très bien reçu et a peut-être même élargi sa base de fans. Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan a fait un film bavard, réfléchi et humaniste intitulé About Dry Grasses, tandis que la comédie deadpan Fallen Leaves d’Aki Kaurismaki a été chaleureusement saluée par les festivaliers. Le vétéran Marco Bellocchio a quant à lui réalisé un excellent drame sur l’antisémitisme appelé Kidnapped. Ken Loach a défendu une fois de plus la cause de l’injustice sociale avec The Old Oak. Même le regretté Jean-Luc Godard a été inclus pour avoir présenté pour la première fois Drôle de Guerre, la bande-annonce d’un film qui ne sera jamais réalisé. Mais le légendaire réalisateur espagnol Victor Erice a été publiquement furieux de ne pas avoir été inclus dans la compétition avec son drame énigmatique Close Your Eyes, son premier film en 30 ans.

La liste des films en compétition était de très bonne qualité, avec quelques films remarquables. Jonathan Glazer a frappé fort avec la glaçante et très perturbante Zone of Interest, un drame sur l’Holocauste, basé sur le roman de Martin Amis, qui est malheureusement décédé avant de voir le triomphe de la version cinématographique de son livre. Justine Triet a réalisé un thriller judiciaire très tendu, Anatomy of a Fall, qui m’a rappelé le film Witness for the Prosecution de Billy Wilder. Alice Rohrwacher a réalisé un film magnifique mettant en vedette Josh O’Connor en tant qu’archéologue devenu pillard de tombes antiques. Jude Law a volé la vedette avec son rôle dans Firebrand en tant qu’Henri VIII dans une intrigue Tudor, aux côtés d’Alicia Vikander. Hirokazu Kore-eda a réalisé un film complexe et élaboré, Monster. Banel e Adama de Ramata-Toulaye Sy était un film visuellement splendide sur l’amour, et bien que Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese ne concourait pas pour la Palme d’Or, il s’agissait tout de même d’un drame poignant sur l’effacement des Amérindiens aux États-Unis.

En résumé, le Festival de Cannes 2021 a montré une belle sélection de films, avec quelques œuvres remarquables. Voici mes prédictions de prix infaillibles pour Cannes, avec des catégories qui n’existent pas mais qui devraient exister :

  • Palme d’Or : The Zone of Interest de Jonathan Glazer
  • Grand Prix : La Chimera d’Alice Rohrwacher
  • Prix du Jury : Anatomy of a Fall de Justine Triet
  • Meilleur réalisateur : Wang Bing, Youth
  • Meilleur scénario : Aki Kaurismäki, Fallen Leaves
  • Meilleur acteur : Jude Law, Firebrand
  • Meilleure actrice : Sandra Hüller pour Anatomy of a Fall et The Zone of Interest

Pour les catégories de prix qui n’existent pas mais qui devraient exister :

  • Meilleur acteur dans un second rôle : Paolo Pierobon, Kidnapped
  • Meilleure actrice dans un second rôle : Merve Dizdar, About Dry Grasses
  • Meilleure photographie : Amine Berrada pour Banel e Adama
  • Meilleure conception de production : Adam Stockhausen pour Asteroid City