Le président français, Emmanuel Macron, devrait lancer sa campagne pour sa réélection cette semaine dans une course secouée par la guerre en Ukraine, avec des candidats clés attaqués pour leurs précédentes positions pro-russes.

Macron a repoussé la déclaration officielle de sa candidature à la dernière minute à cause de la guerre, mais il doit faire un geste avant la date limite du 4 mars pour s’inscrire.

« Cette guerre va durer », a averti Macron en écourtant sa visite au salon de l’agriculture de Paris ce week-end, qui est généralement l’un des rendez-vous clés du calendrier politique.

Il ne reste que six semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril, la guerre en Ukraine étant la plus grande crise internationale à avoir frappé une course présidentielle française depuis des décennies.

Les sondages montrent que Macron peut remporter un second mandat, mais il y a une augmentation du soutien à la politique identitaire d’extrême droite en France, avec deux candidats d’extrême droite dans la course : Marine Le Pen, qui se présente pour la troisième fois, et un nouveau venu , le pundit TV Éric Zemmour, qui a des condamnations pour incitation à la haine raciale.

Le Pen et Zemmour ont tous deux été contestés pour leurs positions pro-Kremlin précédentes et ont été critiqués pour avoir fait marche arrière après l’invasion russe.

Le Pen, que Macron a battu avec 66% des voix lors de la finale présidentielle en 2017, est en tête pour l’affronter à nouveau au tour final, selon les sondages. Mais Le Pen a accepté un prêt d’une banque russe en 2014 pour financer sa campagne de 2017 au cours de laquelle elle a rendu une visite très médiatisée à Poutine, le louant. Depuis l’invasion russe, elle a été critiquée par d’autres candidats pour sa position pro-russe antérieure.

Dans un communiqué, elle a appelé à « l’arrêt immédiat des opérations militaires » et a déclaré que l’invasion devait être « condamnée sans ambiguïté ».

Zemmour, qui avait minimisé le risque de guerre et suggéré l’année dernière que Poutine n’était pas un agresseur, mais qu’il était plutôt traité de manière agressive par la communauté internationale, a déclaré qu’il « condamnait sans réserve » ce qu’il appelait l’intervention militaire « injustifiable » de la Russie.

Jean-Luc Mélenchon, le candidat présidentiel d’extrême gauche, a devancé ces derniers jours d’autres candidats de la gauche divisée, selon les sondages. Il a condamné l’invasion russe « comme un acte de guerre extrêmement grave » et « une violation inacceptable des principes du droit international ». Mais il a été contraint de défendre sa position à long terme selon laquelle la France resterait « non alignée », insistant dans une interview télévisée en direct : « Je n’ai jamais soutenu Vladimir Poutine, jamais. »

L’invasion russe est devenue une question clé du débat politique. Clément Beaune, ministre de l’Europe et allié de Macron, a déclaré que Le Pen, Zemmour et Mélenchon étaient « prisonniers de leurs propres contradictions et rétropédalages » et n’étaient ni « cohérents ni crédibles ».

Valérie Pécresse, qui représente le parti Les Républicains de Nicolas Sarkozy, a déclaré lors d’un rassemblement ce week-end que la guerre en Ukraine était « un tournant » dans la campagne présidentielle française car elle avait laissé « tomber des masques » et a révélé ce qu’elle a qualifié de honteux positions géopolitiques des candidats rivaux. Elle a critiqué Zemmour, Le Pen et Mélenchon et les a qualifiés de « discrédités ».

Mais Pécresse, qui a glissé dans les sondages, avait été sous pression sur la position de l’ancien Premier ministre de Sarkozy, François Fillon. Au conseil d’administration de deux grandes sociétés énergétiques russes, Fillon avait été critiqué pour avoir déclaré, juste au moment où la Russie lançait son invasion de l’Ukraine, que « l’Occident n’écoutera pas » les demandes de Moscou concernant l’Otan. Fillon a annoncé dimanche dans le Journal du dimanche qu’il quitterait la société pétrochimique Sibur et la société pétrolière Zarubezhneft.