Les longs embouteillages de véhicules ont continué de croître dimanche à l’extérieur des stations-service françaises, l’approvisionnement en essence ayant été touché par des grèves salariales dans les raffineries gérées par les géants pétroliers, TotalEnergies et ExxonMobil.

Le syndicat de gauche CGT mène une grève des travailleurs de la raffinerie pour de meilleurs salaires pendant la crise du coût de la vie et pour une part des bénéfices élevés des entreprises.

Les travailleurs du groupe énergétique français TotalEnergies demandent une augmentation de salaire immédiate de 10% après qu’une flambée des prix de l’énergie a entraîné d’énormes bénéfices qui ont permis à l’entreprise de verser environ 8 milliards d’euros de dividendes et un dividende spécial supplémentaire aux investisseurs.

Comme d’autres grandes compagnies pétrolières, TotalEnergies a vu ses bénéfices monter en flèche alors que les prix de l’énergie ont augmenté pendant la guerre en Ukraine, et les responsables gouvernementaux ont fait pression sur l’entreprise pour régler l’impasse.

Actuellement, trois des raffineries de Total sont bloquées, dont la plus grande, en Normandie, ainsi qu’un dépôt de carburant près de la Flandre dans le nord, après qu’un blocus a commencé il y a près de deux semaines.

La grève CGT chez Total est en cours depuis près de deux semaines. Chez ExxonMobil, les négociations salariales ont lieu depuis des semaines.

De longues files d’attente se sont allongées pendant près de deux heures dans certaines stations-service alors que les chauffeurs cherchaient du carburant, notamment en Île-de-France autour de Paris et dans le nord de la France.

En Haute-Savoie, dans le sud-est, des médias français ont rapporté qu’un homme d’une trentaine d’années était toujours soigné à l’hôpital après avoir été poignardé à plusieurs reprises par un autre conducteur qui l’accusait d’avoir dépassé dans une file d’attente dans une station-service plus tôt cette semaine. L’homme a été interpellé et une enquête est en cours.

Les grèves ont réduit la production totale des raffineries françaises de plus de 60 %, selon les calculs de l’agence de presse Reuters.

TotalEnergies a proposé dimanche d’avancer les négociations salariales annuelles pour commencer ce mois-ci, à condition qu’il y ait une fin à l’action revendicative limitant la production sur certains de ses sites.

« TotalEnergies appelle chacun à agir de manière responsable pour que l’entreprise puisse approvisionner les Français dans les meilleures conditions possibles », a indiqué la firme dans un communiqué.

Les négociations salariales officielles devaient initialement commencer à la mi-novembre. Les démarrer plus tôt que prévu est l’une des principales revendications du syndicat CGT à l’origine des grèves.

Le PDG de TotalEnergies a déclaré la semaine dernière que « le moment est venu de récompenser » les travailleurs, mais aucune date de début de négociations salariales n’a été fixée.

Le syndicat CGT a déclaré à l’agence de presse AFP que l’action revendicative se poursuivrait mais qu’il était ouvert à des pourparlers dès lundi. « Si nous entamons des pourparlers, ce sera en fonction de nos revendications: une augmentation de salaire de 10% … rétroactive pour l’année 2022 », a déclaré Eric Sellini, coordinateur CGT.

Le gouvernement a puisé dans des stocks stratégiques pour tenter de calmer la panique des conducteurs, et les camions-citernes ont été exceptionnellement autorisés à effectuer des livraisons aux stations-service dimanche.