Les viticulteurs bordelais demandent une indemnisation du gouvernement pour détruire les vignes et jeter les stocks invendus dans les égouts, une mesure qui, selon eux, est nécessaire pour sauver leurs moyens de subsistance.

Les propriétaires de vignobles affirment que les ventes et les prix se sont effondrés en raison de la surproduction et de la modification des habitudes de consommation.

La consommation de vin en France aurait diminué des deux tiers au cours des 60 dernières années, les vins rouges étant particulièrement touchés. Une enquête de novembre dernier révélait que la consommation de vin rouge avait chuté de 32 % en 10 ans, principalement dans la tranche d’âge 18-35 ans.

Le sondage a révélé que les principales causes de la baisse étaient les personnes mangeant moins de viande rouge, moins de familles dînant ensemble et une augmentation des ménages avec des parents seuls qui ne buvaient pas seuls.

La France est également l’un des marchés les plus dynamiques pour les boissons sans alcool dans un contexte de boom mondial.

Didier Cousinez, porte-parole des viticulteurs de la Gironde, a déclaré qu’environ un tiers des 4 000 vignobles du département étaient en difficulté et que les familles locales souffraient.

« Que je fasse du bien ou du mal [wine] Je ne peux pas le vendre. Les gens boivent d’autres choses. Ils préfèrent la bière ou les boissons gazeuses au vin. Nous vivons sous le seuil de rentabilité depuis plus de 10 ans maintenant », a déclaré Cousinez à la télévision française.

Les producteurs bordelais proposent d’arracher 10 % de leur vignoble, soit environ 15 000 hectares (37 000 acres). Ils veulent que le gouvernement les indemnise jusqu’à 10 000 € (8 800 £) pour chaque hectare détruit.

Ils veulent aussi détruire les stocks d’invendus pour faire place au millésime de cette année et faire grimper les prix, sans quoi, disent-ils, le secteur risque de s’effondrer, menaçant l’emploi de 80 000 personnes. Les représentants locaux affirment qu’environ 300 propriétaires de vignobles en difficulté disent vouloir abandonner complètement la viticulture.

Les demandes des vignerons sont venues alors que Paris accueillait le salon annuel du vin Vinexpo auquel assistaient environ 3 400 producteurs de vin de 52 pays.

Des vignobles en Bourgogne, où les producteurs fleurissent cette année
Des vignobles en Bourgogne, où les producteurs fleurissent cette année. L’association des producteurs de Bourgogne précise que 55% des vins de la région sont vendus à l’étranger. Photographie : Marco Bottigelli/Getty Images

Alors que les vins de Bordeaux, des Côtes du Rhône et du Languedoc sont à la peine, les producteurs bourguignons – qui ont dû puiser dans leurs stocks pour rattraper les dommages causés aux raisins par les gelées précoces de 2021 – disent s’en tirer si bien cette année qu’ils ont dû limiter ventes.

Jean-Michel Chartron, vigneron bourguignon à Vinexpo, a déclaré au diffuseur France Bleu qu’il aurait pu vendre plusieurs fois son vin 2021.

« Juste ce matin, j’ai vu des gens du Texas, d’Italie, d’Estonie, d’Allemagne et des Brésiliens et aussi des parisiens étoilés Michelin [restaurateurs] qui sont venus déguster nos vins. Malheureusement, le millésime 2021 étant extrêmement petit en volume, tout est déjà alloué ou prévendu.

François Labet, président du BIVB, l’organisme professionnel des producteurs de Bourgogne, a déclaré que 55 % des vins de la région étaient vendus à l’étranger.

La semaine dernière, des représentants de producteurs bordelais en difficulté ont fait pression sur le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, et ont déclaré qu’ils étaient raisonnablement optimistes quant à l’action du gouvernement.

Le ministre a promis une enveloppe de 160 millions d’euros qui impliquerait la destruction des stocks de vin invendu – réalisée pour la dernière fois lors de la crise de Covid en 2020 mais considérée comme une solution à court terme. Paris attend également que l’UE confirme 40 millions d’euros d’aides au secteur vitivinicole.