Les crises humanitaires touchent des millions de personnes et nous détournons le regard. Pour la sixième année, leONG Care dénonce cet état de fait avec son rapport sur « les dix crises humanitaires les moins médiatisées en 2021 ». Pour établir ce triste podium, la méthodologie est assez simple : avec l’aide d’une société de veille médiatique, Care compte le nombre d’articles consacrés à chaque crise humanitaire. [1]. Il est ensuite comparé au nombre d’articles consacrés aux événements marquants de l’année.

Ainsi, environ 1,18 million de personnes ont souffert de la faim l’an dernier en Zambie. En mai, le Programme alimentaire mondial a tiré la sonnette d’alarme. Les sécheresses à répétition et les invasions de criquets, liées au changement climatique, détériorent les cultures. Mais seuls 512 articles ont rendu compte du drame. Dans le même temps, « la réunion de Ben Affleck et Jennifer Lopez a donné lieu à 91 979 articles en ligne, c’est 180 fois plus », a déclaré Care dans un communiqué.

Autre comparaison : Au total, ces dix crises peu médiatisées ont généré 19 146 articles. C’est 12 fois moins que les 239 422 articles consacrés aux vols spatiaux par Jeff Bezos et Elon Musk. Et 85 fois plus que les 1,6 million d’articles consacrés au travail à distance en 2021. A noter que les crises sélectionnées ne sont pas des petites crises. Toutes ont fait plus d’un million de victimes, au Malawi, en Ukraine, en Centrafrique, au Burundi, au Honduras, etc.

Le changement climatique peut « déclencher la crise » ou « l’aggraver »

7 sur 10 sont liés au changement climatique. Cette dernière est de plus en plus source de crises humanitaires. « C’est une tendance qu’on avait déjà vue dans les deux rapports précédents », explique Fanny Petitbon, directrice du plaidoyer chez Care France. Cela peut déclencher la crise ou l’aggraver. Les cas détaillés dans le rapport illustrent les deux situations.

Au Malawi, la famine persiste en raison « d’événements météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les inondations et les glissements de terrain [qui] continuera d’augmenter dans les années à venir », indique le rapport. « Et il y a des effets en cascade », ajoute Fanny Petitbon. Les filles sont mariées avant d’avoir 18 ans parce que les familles ne peuvent plus les nourrir. Nous constatons également l’augmentation des abandons scolaires. Les filles et les femmes, comme dans la plupart des autres crises, sont les premières touchées. Autant de phénomènes que seulement 832 articles ont décrits dans les cinq langues étudiées.

Des volontaires remplissent une citerne pour se laver les mains au Malawi en 2018. Flickr/CC POURCAROLINE DU NORDDAKOTA DU NORD 2.0/IFPRI

Au Guatemala, le changement climatique a plutôt été un « facteur de crise », explique Fanny Petitbon. Le pays doit accueillir des migrants du sud du continent, confrontés à un climat extrême de violence et de pauvreté. 40% de la population est autochtone et parmi eux, 79% sont en état de pauvreté, nous apprend le rapport. Mais c’est aussi « l’un des dix pays les plus vulnérables au changement climatique », souligne le document. « Les sécheresses très régulières les obligent à acheter de la nourriture importée. C’est tellement d’argent qu’il ne va pas à la santé ou à la scolarisation des enfants », poursuit Fanny Petitbon. 38% de la population est déjà ou sera bientôt en insécurité alimentaire, selon le Famine Alert Network, auquel Care participe.

« Plus une crise est visible, plus on peut avoir l’attention des gouvernants »

Pourquoi les médias se désintéressent-ils autant de ces crises dramatiques ? Fanny Petitbon suppose que l’attrait des médias pour le spectaculaire y est pour quelque chose : « Les sécheresses à répétition, les invasions de criquets, sont des phénomènes lents, de longue durée, qui s’installent insidieusement. Ce qui cause la crise, c’est que les gens ont du mal à se remettre sur pied d’une année sur l’autre. Cela parle moins qu’un ouragan qui va faire un certain nombre de morts, tous en même temps, et dont les images vont frapper. »

Pourtant, les conséquences de cet oubli médiatique sont très concrètes. Pour’ONGet les gens qu’il aide. C’est précisément l’objet de ce rapport. « Nous voulons montrer qu’il est important de rendre visible les crises humanitaires, explique Fanny Petitbon. Plus une crise est visible, plus on peut capter l’attention du pouvoir, des bailleurs, faire des appels au grand public. Et donc la plupart des aides humanitaires ont les moyens d’agir.

Le maïs s’est asséché après des années de peu de pluie, au Guatemala, ici en 2019. Flickr/CC POURCAROLINE DU NORDDAKOTA DU NORD 2.0/je Protection civile et aide humanitaire

Et c’est nécessaire. « Le nombre de personnes ayant besoin d’aide n’a jamais été aussi élevé », a déclaré Martin Griffiths, secrétaire général adjoint des Nations Unies, en décembre dernier.IL ELLE ÇA) en charge des affaires humanitaires. 280 millions de personnes en auront besoin en 2022, soit 17 % de plus qu’en 2021. « Pourtant, c’était déjà une année record, ajoute Fanny Petitbon. Parmi les causes, le changement climatique se démarque (ainsi que les conflits et la pandémie de Covid-19).

Care fait donc appel à notre « responsabilité collective ». L’ONG Je souhaite que les lecteurs et les médias accordent plus d’attention à ces crises lointaines mais terribles. Une autre responsabilité à retenir est celle des pays du Nord dans le changement climatique. Ce qu’ils ont du mal à accepter. « Ils se sont engagés à Copenhague en 2009 à mobiliser 100 milliards d’ici 2020 pour aider les pays les moins avancés. Dans le meilleur des cas, ils y arriveront en 2023. Mais d’année en année, beaucoup se perd pour les victimes du changement climatique, déplore Fanny Petitbon. De plus, il existe une demande pour compenser les impacts irréversibles du changement climatique. Mais les États-Unis, l’Union européenne et l’Australie bloquent systématiquement. »

Chez Reporterre, on vous parle de ces crises ?

Après avoir lu le rapport, nous avons cherché à savoir si nous avions publié des articles liés aux sept pays connaissant des crises humanitaires liées au changement climatique. Bien qu’attentif aux problèmes climatiques, Reporterre a encore des progrès à faire :

  • Pour la Zambie, nous avons fait un résumé sur la sécheresse en 2019.
  • Pour le Malawi, nous avons publié un article sur la sécheresse qui a frappé toute cette région d’Afrique australe en 2016. On parle du cyclone qui a touché le pays et ses voisins en 2019 donc, plus un événement ponctuel et catastrophique qu’un humanitaire à long terme. Conséquences.
  • Le Burundi a été mentionné à plusieurs reprises, au milieu des listes de pays touchés par la famine, en 2015 et 2017.
  • Pour le Honduras, nous discutons aussi régulièrement des attaques contre les militants écologistes. Mais nous n’avons pas retransmis les ouragans, les sécheresses et les inondations qui ont récemment touché le pays…

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notes

[1] Les articles en cinq langues sont considérés : allemand, arabe, anglais, français et espagnol.

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