Le wokisme ne semble pas exister... Quelle blague ! Abnuss Shalmani - 1

Mais finalement non ! Quel wokisme ? Ce n’est que dans les têtes folles des militants fascistes ! Et même s’il existait vraiment, serait-il négatif ? Ce sont de nouveaux phares ! Un réveil à la discrimination qu’il faut combattre comme nos ancêtres ont combattu les nazis ! « Culture de l’annulation » ? Quelle est la culture de l’annulation ? Oh! Parlez-vous de cette approche si saine, qui consiste à effacer tout ce qui peut bouleverser, blesser, rappeler les pages les plus sombres de l’Histoire ? Mais ce n’est pas une « annulation de la culture » ! Vous ne comprenez rien du tout !

Ce que vous appelez la « culture de l’annulation », c’est la bienveillance : sensibilité à toutes les personnalités, reconnaître les petites blessures quotidiennes, effacer les mots, les personnages, les monuments qui offensent, éditent, tuent à petit feu ! En effet, vous n’existez pas, vous refusez le progrès, l’humanité, délivrant l’avenir des scories malsaines du passé ! Ah bon ?

Valérie Plasene, professeur de danse de salon à Science Po, a démissionné après huit ans de bons et aimables services car elle ne voulait pas s’excuser et changer de vocabulaire. Un ou deux étudiants ont été indignés que Valérie Plasene ait obstinément refusé d’utiliser les termes « suiveur-leader » au lieu de « masculin » et « féminin ». Ce qui au Wokistan équivaut au sexisme et à l’homophobie, ce qui rend la danse insupportable pour nos élèves consciencieux. Vous vous réveillez un matin heureux dans votre sexe biologique et vous trouvez soudain que c’est une insulte ! Tais-toi ce sexe que je ne peux pas nommer ! Parce que dire « sexe », c’est se moquer du genre. Cher lecteur, pas de panique : moi-même, je maîtrise encore très difficilement le vocabulaire du Vokistan qui, d’ailleurs, n’existe que dans les esprits malades du fascisme !

Science Po, la capitale du « Wokistan »

L’accusation d’homophobie est un peu plus surprenante. l’homosexualité étant l’union de deux êtres humains du même sexe, comment peut-on être choqué d’entendre à nouveau un homme et une femme parler à haute voix ? L’Iran est à l’honneur, savez-vous, cher lecteur, que si au pays des barbus et des corbeaux l’homosexualité est passible de la peine de mort, alors la transsexualité y est reconnue et les opérations de changement de sexe sont compensées par les mollahchi ? C’est la même chose au Pakistan et dans d’autres pays où des gens meurent parce qu’ils sont homosexuels.

Parce que la subversion vient de l’homosexualité, et que la transsexualité bat les records. Ainsi, ce désir inapproprié, voire criminel, d’une personne du même sexe était une erreur de Dieu, un échec dans sa création ! On arrangera la situation, et les hommes et les femmes (oups !) pourront s’aimer naturellement ! Après tout, la capitale du Wokistan, Science Po, n’a rien d’étonnant. Souvenez-vous, fin juin 2022 – dans ce qui allait devenir un scandale national – la censure d’un séminaire intitulé « Biologie, évolution et genre ». Darwin est persona non grata à Science Po, est-il surprenant de voir un professeur de danse de salon qui ose être censuré féminin et masculin ? Mais rassurez-vous, c’est pour votre bien ! La déconstruction passe par la libération de la parole au profit de la proclamation de la parole ! La prestigieuse Science Po devient une fabrique d’abrutis blessés par la réalité de leur entrejambe ?

La « culture de l’annulation » est l’arme des ignorants, le club des illettrés, le purgatoire de l’art. Dans un autre cas, dont je veux vous parler, il n’a pas fallu plus de deux jours pour causer des dégâts. La censure s’est abattue sur Bastien Vives, le dessinateur auquel le Festival d’Angoulême voulait dédier une exposition : il a été « annulé » par une fronde qui voulait sa peau et l’a obtenue pour apologie de l’inceste, de la pédocriminalité et de la pédopornographie. Il est également critiqué pour misogynie. Bien sûr, sinon le tableau de ses crimes serait incomplet. C’est donc un monstre. Un designer qui ose dessiner ce qui gêne et gêne. Qui demande. J’avoue avoir été l’un de ses lecteurs et l’avoir découvert avec Polina, où à travers le destin d’un jeune danseur il évoque en nous l’émancipation et l’art, le sacrifice et la beauté. Il s’est également adonné à la pornographie satirique, ce qui m’a rendu heureux et amusé. Bastien Vives n’est pas engagé dans la pédagogie, il est engagé dans l’art. Il ne porte pas de jugements, met la vie sur le bout d’un crayon, voire dégoûtant, d’autant plus tabou. Il n’éprouve pas de bons sentiments, il évolue dans une zone grise, il erre dans les fantasmes, dans les couches indicibles de la psyché humaine : « L’art vole autour de la vérité, mais une volonté ferme ne se brûle pas », rappelle Franz Kafka. nous.