« Chasse à la glu est terminé, mais le combat pour sauver d’autres oiseaux n’est pas terminé », déclare le militant Yves Verilhac. « Nous nous battons maintenant pour arrêter d’autres méthodes de chasse cruelles qui conduisent à la mort d’alouettes, de vanneaux, de pluviers dorés, de grives et de merles. »

Il y a deux ans, Verilhac, de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), se battait pour mettre fin à la tradition française de chasse à la glu la chasse aux oiseaux chanteurs avec des brindilles et des branches recouvertes d’adhésif.

La chasse à la glu avait été interdit dans l’UE par une directive de 1979 sur les oiseaux, sauf dans des circonstances particulières où il devait être « contrôlé, sélectif et [done] en quantité limitée ». Depuis 1989, la France avait invoqué ces circonstances pour autoriser le piégeage de la colle dans cinq départements du sud-est au motif qu’il était traditionnel.

Aujourd’hui, Verilhac et d’autres militants célèbrent une rare victoire. Cette année, face à une action en justice initiée par la Commission européenne et à d’éventuelles amendes, le gouvernement français a annoncé que la chasse au piège gluant serait définitivement interdite.

La lutte pour sauver les espèces d’oiseaux menacées continue, cependant.

« Sur les 64 espèces d’oiseaux chassées en France, au moins 20 sont sur la liste des dangers », précise Verilhac. « Nous avons réussi à suspendre la chasse de seulement trois espèces : les tourterelles, les courlis et la barge à queue noire. »

Un ortolan piégé dans une cage de braconnier découvert par la Ligue pour la Protection des Oiseaux à Tartas, dans le sud-ouest de la France.
Un ortolan piégé dans la cage d’un braconnier à Tartas, dans le sud-ouest de la France. Sur les 64 espèces d’oiseaux chassées dans le pays, au moins 20 sont sur la liste des dangers. Photographie : Nicolas Tucat / AFP / Getty

La LPO affirme que la France continue de tuer des millions d’oiseaux chaque année. Certaines des méthodes «traditionnelles» utilisées impliquent d’énormes filets, des nœuds coulants qui étranglent les oiseaux ou des pièges qui écrasent les oiseaux avec des pierres. Comme il l’a fait pendant des décennies avec chasse à la glu, le gouvernement français a autorisé des dérogations à la directive européenne.

Cependant, après une contestation judiciaire par des défenseurs de l’environnement, le Conseil d’État, la plus haute juridiction française, a temporairement suspendu ces méthodes, malgré les protestations du puissant lobby de la chasse du pays et une tentative du président français, Emmanuel Macron, de rétablir les licences. La LPO veut une interdiction permanente de ces méthodes de chasse et, semble-t-il, l’Europe aussi ; Verilhac a produit une lettre du commissaire européen Virginijus Sinkevičius informant le gouvernement français qu’il en est à son dernier avertissement sur cette question avant d’être traîné devant la Cour de justice européenne.

La France n’est pas le seul pays d’Europe à voir les chasseurs décimer les populations d’oiseaux. On estime qu’entre 11 millions et 36 millions d’oiseaux sont tués ou capturés illégalement dans les pays méditerranéens chaque année, beaucoup d’entre eux lors de leur migration. Plus de 5 millions d’oiseaux seraient chassés illégalement chaque année en Italie ; en octobre, des chasseurs italiens ont été retrouvés en Norvège avec 2 000 grives mortes. Verilhac dit que les chasseurs français se rendent maintenant au Maroc pour chasser les tourterelles, où chaque chasseur est autorisé à en tuer 50 par jour.

Des chasseurs manifestent à Toulon.
Une manifestation de chasseurs à Toulon. Des millions d’oiseaux sont tués chaque année en France par des méthodes « traditionnelles », à l’aide de filets, de nœuds métalliques ou de pièges. Photographie : Laurent Coust/SOPA Images/Rex/Shutterstock

La bataille autour de l’amour de la France pour la chasse, sous toutes ses formes, s’avère être un enjeu majeur à l’approche de l’élection présidentielle d’avril prochain. Il y a jusqu’à 1,2 million de chasseurs en France qui, avec leurs partisans et leurs familles, pourraient constituer un vivier de 5 millions d’électeurs.

Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs française, a fait le tour des studios de télévision pour expliquer la « passion » de la chasse. Schraen admet volontiers qu’il ne chasse pas pour contrôler le nombre d’animaux – les agriculteurs se lamentent souvent que les sangliers détruisent leurs récoltes, par exemple – mais pour le plaisir. Il a déclaré qu’il ne refuserait pas un poste ministériel en charge de « la ruralité et de l’agriculture ».

Mais après une série d’accidents de tir ces dernières années – environ 20 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées – un récent sondage Ifop a révélé que 70 % des personnes interrogées aimeraient au moins voir la chasse interdite le week-end et pendant les vacances scolaires. Des accidents récents ont impliqué des marcheurs, des cyclistes et des conducteurs abattus alors qu’ils traversaient des zones de chasse, bien que la plupart des décès chaque saison soient parmi les chasseurs eux-mêmes.

« C’est scandaleux qu’un candidat aussi pro-européen que Macron ait tout fait pour essayer de contourner la directive européenne sur les oiseaux », dit Verilhac. « Ils se sont battus jusqu’au bout. Nous avons gagné sur le piégeage par colle, mais nous avons perdu du temps et de l’énergie à lutter contre cela. Nous avons perdu un an et le nombre d’espèces diminue.

« Alors le combat continue. »

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