Des expositions simultanées pour marquer le 60e anniversaire de la première collection d’Yves Saint Laurent seront organisées par six grands musées parisiens dans un hommage sans précédent du monde de l’art au défunt créateur de mode français.

Les événements dans les musées, dont le Louvre et le musée d’Orsay, révéleront comment le célèbre couturier s’est inspiré de certains des plus grands artistes du XXe siècle, dont Picasso, Matisse et Mondrian.

Un ensemble automne/hiver 1981 inspiré de La Blouse Roumaine d'Henri Matisse (1940).
Un ensemble de la collection YSL automne/hiver 1981 inspiré de La Blouse Roumaine (1940) d’Henri Matisse. Photograph: Nicolas Mathéus/Succession H. Matisse/Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, Paris

Mouna Mekouar, qui a organisé l’événement multicentrique qui présentera le travail du designer placé dans le contexte des collections permanentes de chaque établissement, a déclaré que la participation de certains des musées les plus grands et les plus renommés de France était sans précédent.

« Je pensais qu’il serait impossible d’amener autant de musées à accepter notre idée, mais ils étaient tous très intéressés et extrêmement enthousiastes dès le début. C’est la première fois qu’ils travaillent tous ensemble sur un même projet », a déclaré Mekouar.

« Saint Laurent s’est beaucoup inspiré de l’art et cela montre les liens et le dialogue entre son travail et les expositions du musée. Nous ne voulions pas mettre les vêtements dans une pièce, nous les voulions là parmi les collections permanentes.

Veste YSL de la collection printemps/été 1971 inspirée du Made in Japan-La Grande Odalisque (1964) de Martial Raysse.
Veste YSL de la collection printemps/été 1971 inspirée du Made in Japan-La Grande Odalisque (1964) de Martial Raysse. Photograph: YVES SAINT LAURENT AUX MUSÉES

« Les visiteurs redécouvriront ainsi ces collections tout en rendant hommage à Yves Saint Laurent. C’est comme un archipel culturel.

Saint Laurent, décédé en 2008 à 71 ans, n’avait que 26 ans lorsqu’il fonda sa maison de haute couture avec l’homme d’affaires Pierre Bergé en décembre 1961. Il s’était installé à Paris neuf ans auparavant où ses créations se firent rapidement remarquer et il fut présenté à Christian Dior. , puis un géant dans le monde de la mode.

Yves Saint-Laurent avec des mannequins après son premier défilé haute couture à Paris en janvier 1962.
Yves Saint-Laurent avec des mannequins après son premier défilé haute couture à Paris en janvier 1962. Photographie : AFP

Yves Saint Laurent présente son premier défilé haute couture le 29 janvier 1962.

« Je crois que le travail d’un couturier ressemble beaucoup à celui d’un artiste. En fait, j’ai constamment trouvé l’inspiration dans le travail de peintres contemporains : Picasso, Matisse, Mondrian », dira plus tard Saint Laurent.

« Toujours influencé par la peinture, je dois ma collection de juillet 1966 à des peintres américains comme Wesselman, Roy Lichtenstein. Toutes mes robes étaient éclairées de paysages, de lunes et de soleil », a-t-il ajouté.

Une veste YSL de la collection automne/hiver 1979 inspirée du Portrait de Nusch Éluard (1937) de Pablo Picasso.
Une veste YSL de la collection automne/hiver 1979 inspirée du Portrait de Nusch Éluard (1937) de Pablo Picasso. Photograph: Succession Picasso – Gestion droits d’auteur/YVES SAINT LAURENT AUX MUSÉES

« Comment résister au pop art qui était l’expression de ma jeunesse.

The six museums taking part in Yves Saint Laurent Aux Musées, which runs from 29 January to 15 May, are the Centre Pompidou, the Musée d’Art Moderne de Paris, the Musée du Louvre, Musée d’Orsay, Musée Picasso and the Musée Yves Saint Laurent.

Chacun présentera différents aspects du travail de Saint Laurent. Au Louvre, il y aura quelques-uns de ses vêtements les plus exceptionnels, y compris des vestes brodées d’or et de cristaux. Au Musée d’Art Moderne de Paris, les créations Saint Laurent feront écho aux couleurs des artistes Pierre Bonnard et Raoul Dufy. Le musée d’Orsay présentera certaines des tenues de soirée qu’il a créées pour le Bal de Proust à l’occasion du 100e anniversaire de l’écrivain dont les invités habillés par Saint Laurent comprenaient le baron Guy de Rothschild et Jane Birkin.

Yves Saint Laurent, photographié par Jeanloup Sieff en 1971.
Yves Saint Laurent, photographié par Jeanloup Sieff en 1971. Photographie : Succession Jeanloup Sieff/Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist.

Au total, 50 créations Saint Laurent seront présentées dans le cadre de l’exposition ainsi qu’environ 300 créations. Au musée Yves Saint Laurent, les visiteurs seront guidés tout au long du processus de création, du croquis au vêtement fini.

Mekouar a évoqué le « dialogue » créé par Saint Laurent entre « l’art et la littérature » et a déclaré que le créateur exprimait « tout un univers artistique » à travers ses créations.

« Ce n’était pas seulement une collection mais l’œuvre de toute sa vie qui était liée à l’art. Il s’agit de regarder Saint Laurent du point de vue de l’art. Saint Laurent et Pierre Bergé étaient tous deux de grands collectionneurs d’art et cela a eu une grande influence sur les créations de mode », a déclaré Mekouar.

Esquisses de coiffes réalisées pour le bal des Têtes mondain, 1956.
Esquisses de coiffes réalisées pour le bal des Têtes mondain, 1956. Photograph: Jean-François Chavanne/MUSÉE D’ORSAY/YVES SAINT LAURENT AUX MUSÉES

« Je pense qu’il n’aurait jamais dit qu’il était un artiste, mais aujourd’hui, avec les liens entre l’art et la mode, je pense que nous pouvons voir Saint Laurent comme un artiste créatif. »

Madison Cox, une jardinière américaine qui a épousé Bergé peu de temps avant la mort de ce dernier en 2017, et qui est présidente de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, a déclaré que l’exposition était une vitrine extraordinaire « de l’un des plus grands innovateurs de la mode française ».

« Pour Yves Saint Laurent, les beaux-arts ont été une source d’inspiration inépuisable, embrassant toutes les cultures à travers l’histoire. Ce dialogue constant était un élément clé de l’ingéniosité et de la créativité sans limites du designer », a écrit Cox.