Les syndicats français ont appelé à une démonstration de force avec une dernière journée de grèves et de manifestations à l’approche d’un vote crucial sur la refonte férocement contestée des retraites d’Emmanuel Macron au Parlement.

L’appel à une huitième journée de mobilisation nationale mercredi intervient alors que les ordures s’accumulent à Paris et dans plusieurs autres villes françaises après la poursuite des grèves des éboueurs qui s’opposent au projet de loi qui augmentera l’âge officiel de la retraite de 62 à 64 ans.

Un nombre record de manifestants sont descendus dans les rues de France au cours des dernières semaines pour s’opposer aux modifications proposées du système de retraite, que Macron a promis de mettre en œuvre lors de sa campagne de réélection l’année dernière.

La législation augmenterait non seulement l’âge de la retraite, mais aussi le nombre d’années de cotisations nécessaires pour prétendre à une pension à taux plein.

Les sondages d’opinion suggèrent que jusqu’à 70% des Français s’opposent aux changements, mais un sondage réalisé par l’Ifop a révélé que 71% sont résignés à l’adoption du projet de loi. Le même sondage a révélé que 56% des personnes interrogées considérées comme des manifestants et des grévistes étaient justifiées d’immobiliser la France à l’approche du vote de jeudi.

Le ministre des Transports, Clément Beaune, a déclaré qu’il y aurait des perturbations dans les transports publics et les vols, mais qu’il était peu probable que ce soit un « mercredi noir ».

« Il ne devrait pas y avoir le même niveau de perturbations que lors des mobilisations précédentes », a déclaré Beaune.

La chambre haute, le Sénat, a approuvé samedi le projet de loi en le renvoyant à l’Assemblée nationale. Les dirigeants syndicaux et les députés de l’opposition sont furieux qu’une commission parlementaire interpartis de 28 membres qui élaborera un compromis final sur le projet de loi se réunisse à huis clos mercredi.

Mathilde Panot, de la gauche radicale La France Insoumise, qui a déposé 13 000 amendements au projet de loi pour tenter de l’arrêter, a déclaré à la chaîne parlementaire : « Il est intéressant qu’à un moment où de nombreux aspects du projet de loi n’ont pas été discuté que les citoyens peuvent savoir ce qui se passe.

On estime qu’environ 6 600 tonnes de déchets se sont accumulées à Paris mardi alors que les éboueurs de la ville ont voté pour poursuivre leur grève jusqu’à lundi. Le puissant syndicat CGT a déclaré dans un communiqué que les travailleurs des secteurs des ordures, de l’eau, des égouts et de l’assainissement de la Ville de Paris intensifieraient leur action.

Si la commission s’accorde sur un texte définitif, le projet de loi reviendra au Sénat pour approbation jeudi matin avant d’être renvoyé à l’Assemblée nationale pour un vote final dans l’après-midi.

Les analystes disent qu’il s’agit d’une semaine « à haut risque » pour Macron, dont la crédibilité dépend de la législation en cours mais qui fait face à un défi supplémentaire, son gouvernement centriste n’ayant pas réussi à obtenir la majorité absolue aux élections législatives de juin dernier. Cela lui laisse le choix de conclure des accords avec des députés de la droite Les Républicains, ou de forcer le projet de loi en utilisant un outil constitutionnel appelé le 49:3 – une mesure qui évite un vote de l’Assemblée nationale qu’il risque de perdre.

Les ministres ont déclaré que le gouvernement n’utiliserait pas le 49:3, largement condamné comme antidémocratique et qui risque d’attiser une humeur publique instable. Au lieu de cela, il y a eu une vague de négociations entre les ministres pour garantir une majorité à la chambre basse.

Les dirigeants syndicaux ont déclaré que l’utilisation du 49:3 conduirait à un durcissement de l’opposition et intensifierait les grèves.

Le système de retraite est la clé de voûte du modèle social français mais il est compliqué et coûteux. Depuis les années 1990, les tentatives de refonte ont provoqué des protestations dans tout le pays et paralysé le pays.