La France et ses partenaires européens vont entamer un retrait militaire du Mali après plus de neuf ans de lutte contre une insurrection djihadiste, a confirmé jeudi le président français Emmanuel Macron.
Interrogé à l’Élysée si le retrait marquait un échec pour la France et sa politique de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest, Macron a répondu : « Je rejette complètement ce terme ».
La France a d’abord déployé des troupes contre les djihadistes au Mali en 2013 sous le président socialiste François Hollande, mais l’insurrection n’a jamais été complètement réprimée et on craint maintenant une poussée djihadiste dans le golfe de Guinée.
Les relations entre la France et le Mali se sont détériorées après deux coups d’État et la réticence du régime militaire à accepter une transition immédiate vers un régime civil. La présence de forces mercenaires russes du groupe militaire privé Wagner a accru les tensions, l’UE accusant le régime militaire malien de les utiliser pour renforcer son propre pouvoir.
Les « multiples obstructions » de la junte au pouvoir signifiaient que les conditions n’étaient plus réunies pour opérer au Mali, ont déclaré la France et ses alliés africains et européens dans un communiqué.
Le retrait s’applique à 2 400 soldats français au Mali et à une force européenne plus petite de plusieurs centaines, qui a été créée en 2020 pour réduire la charge des forces françaises.
Macron a déclaré que les forces seraient retirées sur quatre à six mois et resteraient dans la région, basées au Niger, pour aider d’autres pays du golfe de Guinée à contrer les activités djihadistes. Il a déclaré qu’al-Qaïda et l’État islamique avaient fait de la région du Sahel en Afrique de l’Ouest et des pays du golfe de Guinée « une priorité pour leur stratégie d’expansion ».
S’exprimant aux côtés de Macron, le président sénégalais, Macky Sall, a déclaré que la lutte contre le terrorisme au Sahel « ne peut pas être l’affaire des seuls pays africains ».
Le déploiement au Mali a été semé d’embûches pour la France. Sur les 53 soldats tués au service de sa mission Barkhane en Afrique de l’Ouest, 48 d’entre eux sont morts au Mali.
La déclaration de retrait de Macron intervient avant son annonce attendue qu’il se représentera lors de la course présidentielle d’avril. Ses adversaires de droite ont déclaré que la France avait été « humiliée » au Mali.
Macron a nié que l’intervention de la France ait été vaine. « Que se serait-il passé en 2013 si la France n’avait pas choisi d’intervenir ? Vous auriez certainement eu l’effondrement de l’État malien », a-t-il déclaré, saluant la décision de son prédécesseur d’envoyer des troupes.
Le quotidien Le Monde écrit : « C’est la fin sans gloire d’une intervention armée qui a commencé dans l’euphorie et qui s’achève, neuf ans plus tard, sur fond de crise entre le Mali et la France.