Emmanuel Macron s’est engagé à inscrire le droit à l’avortement dans la constitution française d’ici l’année prochaine, après que les restrictions dans d’autres pays ont poussé la France à garantir inconditionnellement ce droit.

Le président français a annoncé dimanche que son gouvernement présenterait un projet à la plus haute juridiction administrative de la France au cours de la semaine prochaine, dans le but de constitutionnaliser les droits à l’avortement d’ici la fin de l’année. « En 2024, le droit des femmes à choisir l’avortement deviendra irréversible », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

Cette annonce fait suite à une promesse faite par Macron le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, en réponse à l’annulation des droits à l’avortement aux États-Unis l’année dernière.

La résolution a été massivement soutenue par l’Assemblée nationale en novembre dernier avant d’être adoptée par le Sénat en février, malgré l’opposition des partis de droite, qui ont soutenu que les droits à l’avortement en France n’étaient pas menacés.

La révision de la constitution française est un processus laborieux qui nécessite soit un référendum, soit l’approbation des trois cinquièmes des deux chambres du Parlement.

Pour éviter un référendum, le gouvernement a présenté son propre projet de loi, plutôt qu’un projet émanant des parlementaires, ce qui permet à Macron de convoquer un congrès spécial des deux chambres. Ces congrès se tiennent au palais de Versailles.

L’avortement a été légalisé en France en 1975 et plusieurs lois adoptées depuis lors ont visé à améliorer les conditions d’accès à l’avortement, notamment en protégeant la santé et l’anonymat des femmes, ainsi qu’en réduisant la charge financière de la procédure.

Un sondage réalisé l’année dernière a révélé que 89 % des personnes interrogées souhaitaient une meilleure protection des droits à l’avortement dans la constitution.

En prévision de la fin du processus, la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Couillard, a déclaré sur X que « c’est une victoire pour toutes les femmes et un symbole fort envoyé à d’autres pays du monde où nos droits reculent ».

Selon les chiffres du gouvernement, 234 000 avortements ont été pratiqués en France l’année dernière.

Plusieurs partis politiques, de la gauche aux centristes, ont commencé à demander que les droits à l’avortement soient inscrits dans la constitution après la décision de la Cour suprême des États-Unis en juin 2022 d’annuler l’arrêt emblématique Roe v. Wade de 1973, qui reconnaissait le droit constitutionnel d’une femme à l’avortement et le légalisait à l’échelle nationale.

En septembre de l’année dernière, le gouvernement d’extrême droite de la Hongrie a rendu obligatoire pour les femmes de « prendre connaissance des battements cardiaques du fœtus » avant de pouvoir accéder à un avortement sécurisé.

En Pologne, qui dispose de l’une des lois sur l’avortement les plus restrictives en Europe, ne permettant de mettre fin à une grossesse qu’en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la santé ou la vie de la mère, les restrictions ont été renforcées en 2020 lorsque le tribunal constitutionnel du pays a statué que les avortements pour des motifs de malformations fœtales étaient inconstitutionnels.

Bien que l’avortement soit légal en Italie depuis 1978, l’accès à la procédure est extrêmement difficile en raison du grand nombre de gynécologues qui sont objecteurs de conscience. Le gouvernement d’extrême droite de l’Italie, arrivé au pouvoir en octobre dernier, est contre l’avortement, bien que la première ministre, Giorgia Meloni, ait déclaré que la loi ne serait pas modifiée.

Points importants de l’article :
– Emmanuel Macron s’engage à inscrire le droit à l’avortement dans la constitution française.
– Un projet sera soumis à la plus haute juridiction administrative de France.
– La résolution a été soutenue au Parlement malgré l’opposition des partis de droite.
– L’avortement est légal en France depuis 1975.
– Un sondage montre un soutien de 89 % pour une meilleure protection des droits à l’avortement.
– La Hongrie et la Pologne ont restreint les droits à l’avortement ces dernières années.
– L’Italie fait face à des difficultés d’accès à l’avortement en raison du grand nombre de gynécologues objecteurs de conscience.