Oorsque le président français, Emmanuel Macron, a atterri à Yaoundé, au Cameroun, lundi pour une visite de deux jours, les dirigeants fantoches de la France à travers l’Afrique étaient assurés d’une chose : Françafrique est de retour. La question est de savoir ce que cela signifie pour l’avenir de millions de personnes.

La réponse – et l’héritage de Macron – est plus de répression, plus de coups d’État, plus de corruption, plus de violence, plus de souffrance et, en fin de compte, plus de réfugiés et de migrants qui effectuent de dangereux voyages vers l’Europe en quête de sécurité. Cela signifiera également la poursuite de l’incursion de la Russie et de la Chine, qui mettent en lumière les crimes coloniaux européens alors même qu’ils renforcent leur propre influence.

Né après l’indépendance des anciennes colonies françaises d’Afrique, Macron se présente comme l’antithèse de la Françafrique – la doctrine qui dicte les termes de la gouvernance dans les anciennes colonies françaises, par la force militaire si nécessaire – ou, selon moi, de la colonisation 2.0.

Plutôt que de l’abolir, Macron a réformé le franc CFA colonial – à l’origine franc des colonies françaises d’Afrique – une monnaie encore imprimée en France et utilisée par 14 pays africains. Il sera rebaptisé Eco d’ici 2027, suscitant des accusations de néo-colonisation, notamment par le vice-Premier ministre italien de l’époque, Luigi Di Maio.

Pour regagner en crédibilité, Macron a accepté de restituer certains des objets africains pillés sous le colonialisme dans les musées français et de déclassifier les dossiers secrets sur l’assassinat en 1987 du leader anticolonialiste du Burkina Faso, Thomas Sankara. Il a commandé un rapport qui critiquait l’ancien président français François Mitterrand pour les actions autour du génocide rwandais, a accepté de restituer les crânes de 24 résistants algériens emmenés en France au 19ème siècle comme trophées, et – en tant que chef de file diplomatique pour tout ce qui concerne L’Afrique francophone au Conseil de sécurité de l’ONU – Macron s’est également engagé à défendre la démocratie et à protéger les droits de l’homme.

Les gens de Yaoundé passent devant une affiche de Biya et Macron
Une affiche à Yaoundé cette semaine montrant Paul Biya, président du Cameroun depuis 40 ans et accusé d’atteintes aux droits de l’homme, avec Macron. Photographie : Ludovic Marin/AFP/Getty

Pourtant, le premier voyage à l’étranger de Macron hors d’Europe depuis sa réélection en avril le verra rencontrer Paul Biya, un despote de 89 ans qui est au pouvoir depuis que Macron a cinq ans.

Au cours du week-end, le palais de l’Élysée a déclaré que Macron rencontrait Biya non pas pour trouver une solution à la crise anglophone du Cameroun, qui a vu des milices séparatistes et des forces gouvernementales commettre des violations des droits de l’homme en toute impunité au cours des cinq dernières années, mais pour discuter de la crise alimentaire causée par la Russie. l’invasion de l’Ukraine, l’agriculture et les problèmes de sécurité.

Les violations des droits de l’homme de Biya, y compris la persécution des personnes LGBT, sont notamment absentes des raisons de la visite de l’Élysée.

Aucune justification de la visite de Macron ne peut effacer le fait que Paris reste le socle de la Françafrique et de ses marionnettes – comme Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire ; Ali Bongo Ondimba, au Gabon ; Faure Gnassingbé, au Togo ; Gén Mahamat Déby, au Tchad ; Denis Sassou Nguesso, au Congo-Brazzaville ; ainsi que Biya – que la France abrite sous son parapluie sécuritaire et diplomatique malgré leurs violations flagrantes des droits de l’homme, la corruption et la fraude électorale qui ont appauvri leurs pays.

Prenez le Tchad, où une personne sur trois – soit 6,1 millions de personnes – a besoin d’aide humanitaire, selon l’ONU. Quand Idriss Déby, au pouvoir depuis 30 ans, est décédé des suites de blessures subies au combat l’année dernière, Macron a déclaré que la France avait « perdu un ami courageux » et a soutenu son fils de 37 ans, Mahamat, qui a dissous le gouvernement et s’est déclaré président. , en violation de la constitution tchadienne, avant même que son père ne soit enterré.

Au Cameroun, la situation est désastreuse. En tant que premier producteur de bois d’Afrique et cinquième producteur mondial de cacao, le pays devrait être prospère. Au lieu de cela, le régime impitoyablement autoritaire de Biya en a fait l’un des plus pauvres du monde, se classant 153e sur 189 pays dans l’indice de développement humain 2020. Plus de la moitié des 26 millions d’habitants souffraient d’« insécurité alimentaire » bien avant que la flambée des prix mondiaux des produits de base ne rende plus difficile pour les familles de mettre de la nourriture sur la table.

Ajoutez à cela la codification des violences faites aux femmes sous Biya. Selon le code civil camerounais, seuls les hommes peuvent être chefs de famille, seuls les hommes peuvent choisir le lieu de résidence, et les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes droits de propriété.

Dans le code pénal, l’adultère est toujours punissable s’il est commis par une femme, mais n’est punissable s’il est commis par un homme que s’il est « habituel » ou s’il a lieu au domicile conjugal. L’avortement est criminalisé, sauf si la vie de la mère est en danger ou si la grossesse est le résultat d’un viol – et le viol n’est pas un crime dans le mariage.

Macron, bien sûr, sait tout cela, mais il semble que ce qui compte le plus reste la Françafrique.

  • Vava Tampa est un écrivain indépendant, spécialisé dans la région des Grands Lacs africains, la décolonisation et la culture