Le gouvernement français a déclaré qu’il soutenait faire du pays le premier au monde à consacrer l’avortement comme un droit constitutionnel, après que le sénat dominé par la droite a rejeté la première tentative de proposition de la gauche.

Plusieurs partis politiques en France, de la gauche aux législateurs centristes du parti Renaissance d’Emmanuel Macron, ont commencé à faire pression pour que le droit à l’avortement soit inscrit dans la constitution après la décision de la Cour suprême américaine en juin d’annuler l’arrêt historique Roe contre Wade, qui reconnaissait un droit constitutionnel de la femme à l’avortement et l’a légalisé à l’échelle nationale.

Deux propositions pour que la France accorde une protection constitutionnelle sans précédent au droit à l’avortement doivent être présentées à l’Assemblée nationale, la chambre basse du parlement, le mois prochain.

Mais mercredi soir, les sénateurs de droite du parti Républicains ont voté contre la première tentative de proposition au Sénat. Parfois, le débat était houleux. Stéphane Ravier, qui a quitté le Rassemblement national d’extrême droite de Marine Le Pen pour rejoindre le parti Reconquête dirigé par l’ancien expert de la télévision Éric Zemmour, a déclaré que la proposition était une atteinte à la vie, « une perte de temps », « dangereuse, inutile », et un morceau d’« agitprop ».

Le ministre de la justice, Éric Dupond-Moretti, présent au sénat, a déclaré à Ravier : « Imaginez que vous arriviez un jour au pouvoir, je pense que le droit à l’avortement serait gravement menacé dans ce pays ». Il a déclaré que le gouvernement soutiendrait toutes les propositions parlementaires visant à faire de l’avortement un droit constitutionnel.

Mélanie Vogel, sénatrice du parti écologiste français Europe Écologie-Les Verts (EELV), qui est l’auteur de la proposition sénatoriale, a déclaré que la nécessité de protéger l’avortement n’était pas seulement une réaction à la menace qui pèse sur le droit à l’avortement aux États-Unis : concerne également l’Europe – le droit à l’avortement a été repoussé en Pologne et en Hongrie et pourrait être menacé en Italie. Si la France consacre l’avortement comme un droit constitutionnel, cela enverrait un message très fort à tous les mouvements féministes à travers le monde qui se battent pour ce droit ou pour qu’il ne soit pas repoussé. Cela montrerait qu’une voie de progrès est possible, pas seulement une régression.

Un sondage Ifop pour le groupe de réflexion de la Fondation Jean Jaurès cet été a révélé que 81% des personnes de tout l’éventail politique français souhaitaient que le droit à l’avortement soit mieux protégé par la constitution.

L’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution est considérée comme un moyen de protéger la loi qui a dépénalisé l’avortement en France en 1975.

La première ministre de Macron, Élisabeth Borne, a déclaré cet été : « Pour toutes les femmes, pour les droits humains, nous devons graver ce droit acquis dans la pierre.

Si le gouvernement soutient un projet de loi, il devra être soigneusement rédigé et approuvé par les deux chambres du Parlement pour éviter d’être soumis à un référendum.

Plus tôt cette année, le Parlement a voté pour prolonger la limite légale de la France pour mettre fin à une grossesse de 12 à 14 semaines, au milieu de la colère que des milliers de femmes aient été forcées de voyager à l’étranger chaque année pour mettre fin à des grossesses dans des pays comme les Pays-Bas, l’Espagne ou l’Angleterre.