Emmanuel Macron est confronté au plus grand défi national de son deuxième mandat tumultueux, après la fusillade de la police sur un adolescent d’origine algérienne lors d’un contrôle routier la semaine dernière, qui a entraîné plusieurs nuits d’émeutes urbaines. Le président français a annoncé mardi un financement d’urgence pour aider la reconstruction des bâtiments incendiés et des services publics. Cependant, des questions subsistent quant aux profondes divisions de la société française et de la classe politique.
Les jeunes adolescents, dès l’âge de 13 ans, se sont affrontés avec la police dans tout le pays alors que des centaines de bâtiments publics étaient incendiés, plus de 5 000 voitures brûlées, 3 400 personnes arrêtées, des dizaines d’écoles endommagées, 150 bureaux de poste attaqués, plus de 11 000 incendies allumés et 2 000 magasins pillés, entraînant des dommages estimés à 1 milliard d’euros pour les entreprises. Plus de 800 policiers ont été blessés et certains des quartiers les plus pauvres du pays ont découvert des bâtiments clés – des bibliothèques publiques aux centres communautaires – réduits en cendres.
Le président fait désormais face à plusieurs difficultés. Tout d’abord, il y a un problème d’image nationale. Au milieu d’une profonde méfiance à l’égard de la politique, les crises se sont accumulées les unes après les autres – des manifestations antigouvernementales des gilets jaunes en 2018 et 2019 aux millions de manifestants qui ont défilé dans les rues cette année contre la décision de Macron de porter l’âge de la retraite à 64 ans. L’agenda diplomatique de Macron a été affecté : il a dû rentrer plus tôt d’un sommet à Bruxelles et reporter une visite d’État en Allemagne, seulement quelques mois après avoir été incapable d’accueillir le roi Charles de Grande-Bretagne en raison des grèves et des manifestations liées aux retraites.
Les divisions profondément enracinées de la politique française semblent désormais plus enlisées que jamais. Depuis que le groupe centriste de Macron a perdu sa majorité absolue au parlement lors des élections législatives de 2022, la capacité du gouvernement à faire adopter des lois est limitée alors qu’il peine à convaincre ses alliés de droite. La dirigeante d’extrême-droite Marine Le Pen, dont le Rassemblement National est le plus grand parti d’opposition, espère que les troubles urbains lui feront gagner des électeurs, alors que son parti met en avant le sentiment de « sauvagerie » et d’insécurité dans les villes.
Lorsque Macron a rencontré mardi plus de 250 maires qui avaient fait face à la violence dans les villes et sur les quartiers, leurs appels à l’aide ont mis en évidence les profondes divisions politiques. Les maires de droite ont déclaré qu’il fallait plus « d’autorité », de police et de fermeté. Certains ont rejoint Macron dans son appel à une meilleure maîtrise des adolescents par leurs parents. Mais ceux de gauche ont déclaré qu’il y avait eu un échec dans la lutte contre la ségrégation et la « ghettoïsation » des quartiers pauvres, où il existait des discriminations, des inégalités dans l’éducation et une politique du logement qui concentrait la pauvreté dans les « cités sensibles ». Ils ont déclaré que les dernières années de programmes de rénovation urbaine – lorsqu’il y a eu des millions d’euros dépensés pour la démolition et la reconstruction de certains immeubles des quartiers – n’avaient pas réussi à aborder les problèmes sociaux plus profonds.
Un responsable gouvernemental a déclaré que Macron souhaitait maintenant « écouter attentivement » les politiciens sur le terrain et essayer de comprendre les nombreuses raisons complexes des troubles avant de faire des suggestions.
Sa priorité immédiate dans les prochains jours est de rétablir ce que la source gouvernementale appelle « l’ordre durable » – plus de 45 000 policiers patrouillent chaque nuit dans les quartiers, qui ne se sont pas complètement calmés. Macron n’a délibérément pas déclaré l’état d’urgence comme en 2005, lorsque la mort de deux jeunes garçons se cachant de la police dans un poste électrique de Clichy-sous-Bois, en banlieue parisienne, a déclenché des semaines de troubles dans les quartiers.
La question est de savoir quelles solutions politiques Macron pourrait proposer pour les quartiers d’habitation français. Lorsqu’il est entré en fonction en 2017 – et même avant cela, lorsqu’il était ministre de l’Économie – il s’était concentré sur l’entrepreneuriat pour les quartiers défavorisés des villes, affirmant qu’il libéraliserait l’économie et mettrait fin à l’inégalité persistante qui, selon lui, « emprisonne » les gens dans leur origine sociale. Mais les habitants des quartiers affirment que la ségrégation et la discrimination se sont aggravées ces dernières années.
Le mois dernier, Macron s’est rendu à Marseille, qu’il prévoyait d’utiliser comme un laboratoire pour améliorer la vie et l’éducation dans les quartiers difficiles – il devra désormais réfléchir de manière plus globale. Il a réduit l’effectif des classes dans les écoles primaires des zones défavorisées, mais les maires ont déclaré que le système éducatif français reste l’un des plus inégalitaires au monde. Philippe Rio, le maire communiste de Grigny, près de Paris, connu pour ses immeubles de grande hauteur et son taux de pauvreté élevé, a déclaré cette semaine que la moitié des enfants locaux quittent l’école sans qualification.
Pendant ce temps, les groupes de défense des droits demandent à l’exécutif de prendre en compte les déclarations de Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, qui a déclaré à propos de la fusillade de la police : « C’est un moment pour le pays de s’attaquer sérieusement aux problèmes profonds de racisme et de discrimination dans l’application de la loi. » Mais le gouvernement a insisté sur le fait qu’il s’agit d’un cas isolé d’un agent qui n’a pas respecté les règles, et qu’il n’y a aucun problème systémique ou institutionnel au sein de la force.
Les annonces de politiques concernant la ségrégation des quartiers d’habitation seront délicates pour Macron. Le sociologue Olivier Galland a déclaré : « Les problèmes sont si profonds qu’ils nécessitent une réponse structurelle qui ne montrera des effets qu’à long terme. À court terme, le seul espoir est un retour au calme ».

Grand fan de mangas et d’animes, je n’aime bien écrire qu’à propos de ses sujets, c’est pour ca que j’écris pour 5 minutes d’actus. Au quotidien de décortique, donne mes avis sur les différents épisodes et chapitres des mangas que j’aime lire.