Tesla a encore un long chemin à parcourir avec son robot Optimus. Mais au moins c’est une vraie machine et non un humain déguisé en cyborg.

C’était une sorte de blague à l’époque. Elon Musk a mentionné un projet de développement de robots humanoïdes pouvant aider les gens à résoudre divers problèmes. Mais en 2021, l’entrepreneur américain n’avait toujours rien à montrer : en plus, le show était mené par une personne déguisée en robot, imitant des gestes robotiques.

Un an plus tard, force est de constater qu’il ne s’agit plus d’une simple blague. Dans la nouvelle édition du Tesla AI Day 2022 (« journée de l’intelligence artificielle chez Tesla, constructeur des célèbres voitures électriques et semi-autonomes »), organisée le 29 septembre, ils ont cette fois montré non pas un acteur, mais un véritable robot.

Optimus, le robot de Tesla, est toujours en « bêta »

On connaissait déjà son nom : Optimus. Mais nous n’avons pas encore vu de prototype « fonctionnel » en action. Présentée de jour, la machine est en effet capable de se tenir debout, d’effectuer quelques mouvements avec ses bras et ses mains – par exemple, saluer une personne – de faire pivoter le bassin, d’avancer en ligne droite et de changer de direction.

« L’objectif de l’AI Day est de montrer la profondeur et l’étendue considérables de Tesla dans le domaine de l’intelligence artificielle, du matériel et de la robotique », a commenté Elon Musk le 1er octobre. Et les progrès sont réels : auparavant, c’était une personne déguisée. C’est maintenant une machine qui se déplace sans aucun câble connecté à une source externe.

Mais le chemin est encore long : la conférence a aussi rappelé que le robot utilisé est avant tout une plateforme de développement. On le sentait en regardant ses mouvements, qui semblaient parfois instables – on pouvait presque craindre qu’il bascule – et que tout se faisait à petite vitesse.

Amusant, Optimus est un nom qui fait référence à l’univers Transformers où s’affrontent des robots intelligents. L’un d’eux, Optimus Prime, est le leader, et la franchise l’envoie dans de folles aventures. Mais avec Tesla, Optimus est conçu pour les tâches ennuyeuses, répétitives, pénibles ou risquées : porter une lourde charge, ouvrir une boîte, serrer un boulon, arroser des fleurs.

L’autonomie n’est pas tout à fait la même. // Capture d’écran

L’aspect général de l’engin soulignait également cet aspect : il n’y avait pas de coque pour couvrir et dissimuler ses entrailles artificielles. Certes, un autre modèle a été présenté plus tard, avec un «corps», mais ce prototype a eu encore moins de succès. Il est plus beau, mais il ne peut pas se tenir debout tout seul. Du moins pas pendant l’événement.

Lors de la sortie de cette version, plusieurs employés de Tesla étaient autour du robot pour l’aider à se déplacer. La machine était également attachée à une tige métallique. Le robot n’a même pas touché le seul, mais il a « fonctionné » : il a bougé ses bras, ses jambes et sa tête. On croirait presque à quelque statuette exposée dans une vitrine.

Dans ses vidéos promotionnelles, en images de synthèse, Tesla fait clairement une plus grande impression. L’entreprise a montré une séquence détaillant l’évolution de son robot marchant à partir d’une position statique. Une démarche initialement instable et très cambrée cède finalement la place à une démarche plus rapide et plus droite.

Quelle est la prochaine étape pour Tesla Optimus ?

Il s’agit certainement d’un premier jalon pour Tesla, et il est clair que l’entreprise pourra dévoiler un modèle plus avancé lors de sa journée de l’IA en 2023 – une version « corps ». Mais en fait, il souffrira sans doute de la comparaison avec ce qui se fait déjà ailleurs. Comment ne pas se souvenir des robots Boston Dynamics qui dansent, courent, sautent ?

On est encore loin de la vision futuriste d’Elon Musk des robots utiles pour des tâches domestiques ou industrielles. A terme, Tesla aimerait vendre son Optimus à moins de 20 000 dollars et vendre des millions. Un objectif fantastique aujourd’hui : même Boston Dynamics, malgré son expérience, ne vend pas tant que ça et ses produits restent chers.

Optimus débarque Tesla AI DayTest : le robot arrose les plantes. Il est toujours connecté par câble. // Capture d’écran

Pour aller vite, Tesla cherche à transférer une partie de son savoir-faire acquis grâce à la conduite autonome pour l’appliquer aux robots. Des passerelles existent sans aucun doute dans la détection et la compréhension de l’environnement immédiat, qu’il s’agisse d’une voiture ou d’un robot. Le constructeur devra également développer ou acquérir de nouvelles capacités.

En plus de toute la pièce de robotique à développer, un autre gros enjeu est l’autonomie. Pour une utilisation quotidienne à la maison ou sur le lieu de travail, les batteries internes Optimus doivent pouvoir supporter la charge. Et ici, l’entreprise peut à nouveau compter sur ses réalisations dans le secteur automobile. Il y a aussi beaucoup de travail à faire pour optimiser l’humanoïde lui-même.

La vision d’Elon Musk est marquée par la science-fiction, et son discours autour du robot Optimus reflète cette influence. Maintenant, la question demeure de savoir si une telle vision peut être réalisée et quand. Car l’entrepreneur américain a aussi une fâcheuse tendance à promettre gros et vite. Mais, quand il s’agit de livrer ce qui a été promu, c’est beaucoup plus difficile.