« Comment faire une petite fortune avec les réseaux sociaux ? En commençant par une très grosse fortune », a déclaré Elon Musk vendredi dernier. Certes, le nouveau patron de Twitter est loin d’être fauché — il reste l’homme le plus riche du monde, avec une fortune estimée par Bloomberg à 169 milliards de dollars — mais ses pertes se sont aggravées depuis qu’il a repris le réseau social à la tête de l’Etat. fin octobre.

Elon Musk peut désormais se targuer d’être l’homme qui a perdu le plus d’argent cette année. Sa fortune a diminué de plus de 100 milliards de dollars en 2022, soit le même montant que la valeur d’Airbus, Citigroup ou encore General Electric.

Jusqu’à récemment, Mark Zuckerberg, le fondateur de Meta (ex-Facebook), a chuté de 83 milliards de dollars cette année. Cette destruction de valeur historique est en grande partie due à la chute des marchés boursiers, et des valeurs technologiques en particulier, face à la hausse des taux d’intérêt. Une grande partie de la richesse de deux des patrons les plus excentriques de la Silicon Valley est en effet boursière : Tesla d’Elon Musk et Meta de Mark Zuckerberg.

Les pires performances de l’année

Les deux groupes ont enregistré la pire performance de l’année parmi les 50 premières entreprises du S&P 500. La valorisation de Tesla a diminué de moitié, tandis que la valorisation de Meta, la société mère de Facebook, a plus que triplé. Le S&P 500 a chuté de 17 % et le Nasdaq high-tech d’environ 30 %.

Ce n’est pas un hasard si ces deux groupes ont été particulièrement punis par les investisseurs. Ils sont entre les mains de patrons omnipotents, sans véritables freins et contrepoids internes. « Dans un contexte déjà difficile pour la technologie, cette émission d’un groupe individuel a peut-être été la goutte d’eau pour de nombreux investisseurs », estime Jacques-Aurélien Marciro d’Edmond de Rothschild AM.

Cependant, depuis le début du mois, les trajectoires des deux groupes ont divergé. Depuis le 1er novembre, Tesla a perdu 25 %. Son prix est tombé lundi à son plus bas niveau en deux ans. La méta a récupéré près de 20%. Mark Zuckerberg, qui avait longtemps ignoré les inquiétudes de ses actionnaires concernant ses investissements massifs dans le métaverse, a pu les calmer avec une coupe budgétaire massive.

A l’inverse, Elon Musk semble s’être laissé emporter par son obsession pour Twitter. Le patron de SpaceX et de Tesla, fondateur et sponsor de The Boring Company et de Neuralink comprend l’accès de défi provoqué par sa dernière acquisition. « J’ai trop à faire, c’est sûr », a-t-il admis lors d’une conférence à Bali la semaine dernière. « Je travaille le plus possible, du matin au soir, sept jours sur sept », a-t-il ajouté.

Abstraction

Il y a un problème pour les investisseurs. « Twitter est une diversion. Quand on investit dans une entreprise, on veut que le patron se concentre sur sa tâche, mais la partie pour Tesla est loin d’être gagnée », souligne Jacques-Aurélien Marciro. Même après avoir chuté de plus de 50 % depuis le début de l’année, la valorisation de Tesla est toujours supérieure à 500 milliards de dollars, « ce qui implique que les investisseurs s’attendent à ce qu’il devienne le plus grand constructeur automobile au monde, toutes catégories confondues », ajoute-t-il.

Il y a aussi le risque d’un cercle vicieux pour le prix de Tesla. Pour financer l’acquisition de Twitter, qui perdait déjà de l’argent avant de prendre le relais, Elon Musk a vendu pour des milliards de dollars d’actions Tesla et s’est endetté. « On peut se méfier d’un effet boule de neige : Elon Musk devra vendre de plus en plus d’actions Tesla pour compenser les pertes de Twitter », prévient le dirigeant.