Élisabeth Borne, qui a été nommée première femme Premier ministre de France en plus de 30 ans, a une réputation de technocrate avec une longue carrière dans de nombreux ministères et administrations locales. Elle est expérimentée dans la négociation avec les syndicats, considérée comme cruciale alors qu’Emmanuel Macron prépare une refonte du système de retraites et d’allocations qui pourrait conduire à des manifestations de rue.

L’ingénieure de 61 ans, qui dirigeait auparavant la RATP, a été farouchement fidèle au président centriste lors de son premier mandat, lorsqu’elle a été ministre des transports, de l’environnement et enfin du travail à partir de 2020.

Borne, qui se décrit comme une « femme de gauche », est une habituée des couloirs du pouvoir français depuis plusieurs décennies, conseillère de ministres sous François Mitterrand et conseillère de la ministre socialiste de l’environnement Ségolène Royal en 2014. Elle a également a travaillé sur l’urbanisme à la mairie de Paris sous le maire de gauche Bertrand Delanoë.

Au cours du premier mandat de Macron, Borne a souvent contesté l’opinion selon laquelle le président pro-business avait viré de sa position de « ni gauche ni droite » pour adopter fermement le centre-droit. Borne, qui se décrit comme animée par « la justice sociale et l’égalité des chances », reprendrait l’argument de Macron selon lequel « aider chacun à se libérer par le travail est une valeur de la gauche ». Elle a déclaré au Figaro l’année dernière : « La social-démocratie est toujours vivante et c’est le président qui la dirige. »

Borne a grandi à Paris. Sa mère était originaire de Normandie et le quotidien Libération rapporte que son père était juif d’origine russe, issu d’une famille réfugiée en France en 1939. Résistant français, il fut déporté en 1942 et mourut en 1972, alors que elle était une enfant.

Lorsque Borne a été la première femme préfète de la région ouest de Poitou-Charentes, alors qu’elle signait son premier décret de naturalisation française pour une personne qui avait obtenu la nationalité française, elle aurait cité ses propres racines familiales qui, selon elle, symbolisaient l’intégration des réfugiés dans France.

Connu pour vapoter discrètement, même au parlement, Borne était régulièrement à la télévision au plus fort de la pandémie de Covid pour rappeler aux Français de travailler à domicile et défendre le dispositif gouvernemental de protection de l’emploi. Elle a cependant déclaré qu’elle n’était pas intéressée à se mettre sur le devant de la scène, et un sondage Ifop du mois dernier a révélé qu’elle n’était pas connue. Quarante-cinq pour cent des répondants ont dit qu’ils ne savaient pas qui elle était.

Borne a été admise à l’hôpital avec Covid en mars 2021 et a reçu de l’oxygène, une expérience qu’elle a décrite comme éprouvante pour les nerfs.

On dit qu’elle est précise sur les détails techniques. Elle est une amoureuse des maths, disant trouver dans les nombres « quelque chose d’assez rassurant, d’assez rationnel ». L’Agence France-Presse a indiqué que dans les coulisses des ministères où elle servait, elle était surnommée « Borne out » pour les exigences qu’elle adressait à ses collaborateurs, un jeu de mots avec « burn out ».