Élisabeth Borne, ministre française du Travail, a été nommée Premier ministre – la première femme à occuper ce poste en plus de 30 ans et seulement la deuxième femme Premier ministre de l’histoire française moderne.

Borne, 61 ans, ingénieur au long parcours dans les ministères, la haute fonction publique, l’administration publique et les entreprises de l’Etat, a été choisi par Emmanuel Macron pour la lourde tâche de tenir ses promesses politiques complexes au début de son second mandat, face à un contexte de hausse de l’inflation et de guerre en Ukraine.

Borne est la première femme Premier ministre française depuis Édith Cresson, qui a brièvement dirigé le cabinet de mai 1991 à avril 1992 sous le président socialiste François Mitterrand.

« Il est plus que temps », a déclaré Cresson à BFMTV lorsqu’on lui a demandé ce que cela faisait de voir une deuxième femme à la tête du gouvernement.

Cresson avait prévenu ce week-end que la politique française restait « macho ». Au total, 74% des Français ont déclaré vouloir une femme Premier ministre, selon un sondage Ifop ce week-end. Macron, dont le gouvernement avait comporté un nombre égal de femmes et d’hommes, avait néanmoins été accusé de s’entourer d’un groupe principalement masculin de conseillers et de confidents.

La première tâche de Borne est de gérer les différentes factions politiques du groupe centriste de Macron qui doivent remporter une majorité parlementaire aux élections du mois prochain si Macron veut avoir les mains libres pour sa refonte prévue des retraites et de l’État-providence.

Si Macron remporte la majorité, à partir de cet été, Borne devra étendre les plafonds sur les prix de l’énergie et introduire de nouvelles mesures pour répondre aux inquiétudes des électeurs quant à la nécessité de joindre les deux bouts au milieu de la crise du coût de la vie. Elle est ensuite chargée de diriger les plans impopulaires de Macron visant à repousser l’âge de la retraite de 62 à 64 ou 65 ans, ce qui devrait déclencher une opposition syndicale et des manifestations de rue. Borne se verra également confier une nouvelle mission de supervision de ce que Macron a promis d’être une nouvelle forme radicale de « planification verte » pour limiter les émissions de carbone et stimuler la politique environnementale.

Borne est un fidèle partisan de Macron qui a occupé trois postes ministériels clés au cours de son premier mandat : ​​les transports, l’environnement et le travail. Elle a acquis la réputation d’entreprendre des politiques difficiles et de les faire passer, y compris les réformes radicales de Macron du système ferroviaire public qui ont connu les plus grandes grèves depuis des décennies. L’allié de Macron, Christophe Castaner, avait surnommé le franc-parler Borne « ministre des réformes impossibles rendues possibles ».

Macron, 44 ans, a enregistré une solide victoire lors de l’élection présidentielle du mois dernier contre la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, gagnant par 58,5 % contre 41,5 % pour Le Pen. Mais il a reconnu que de nombreux Français, notamment de gauche, avaient voté pour lui afin d’écarter l’extrême droite. Il a promis de changer sa façon centralisée et descendante de faire de la politique et de consulter davantage, élargissant ainsi sa base.

Borne, qui a été au gouvernement pendant tout le premier mandat de Macron, symbolise la continuité. Les opposants à Macron n’ont pas tardé à s’en prendre à sa nomination. Le Pen, qui se présente pour être réélu au Parlement, a déclaré: « Emmanuel Macron a montré son incapacité à unir les gens et sa volonté de poursuivre sa politique de mépris des gens, de déconstruction de l’État et de destruction du social ». [security system], de rackets fiscaux et de laxisme. Jean-Luc Mélenchon, de la gauche radicale, a tweeté que la nomination de Borne signifiait « la continuité de la politique du président ». Il a tweeté : « Une nouvelle saison de maltraitance sociale et environnementale commence. »

L’expérience personnelle de Borne au centre gauche est cruciale pour Macron, en particulier à l’approche des élections législatives. Lors de son premier mandat, Macron – dont le projet avait été qualifié de « ni de droite ni de gauche » lorsqu’il a remporté la présidence en 2017 – avait nommé deux Premiers ministres de droite. Il est sous pression pour reconquérir les électeurs du centre gauche aux élections législatives.

Mélenchon a récemment persuadé les partis socialiste, communiste et vert de conclure une alliance sous sa direction pour les élections législatives, qui unit la gauche autour d’une plate-forme commune pour la première fois depuis des décennies. La gauche cherche à augmenter ses sièges au parlement.

Au cours de sa longue carrière, Borne a conseillé des ministres clés sous les présidents socialistes Mitterrand et François Hollande, ainsi que travaillé à la mairie de Paris lorsqu’elle était dirigée par le socialiste Bertrand Delanoë.

Elle n’a jamais rejoint le parti socialiste et elle est le premier des premiers ministres de Macron à être membre titulaire de la carte de son parti centriste, récemment rebaptisé Renaissance.

Borne a décrit être personnellement motivé par l’efficacité, sans monopoliser les projecteurs. « Pour moi, faire de la politique, ce n’est pas faire parler de moi à tout prix, c’est me consacrer à porter des projets au service de mon pays », a-t-elle déclaré l’an dernier à la radio France Inter. « La politique ne consiste pas à me pousser sur le devant de la scène. »