Seize parents endeuillés de 31 réfugiés qui se sont noyés dans la Manche ont écrit à Rishi Sunak à l’occasion du premier anniversaire de la mort de leurs proches, l’exhortant à apporter des changements pour éviter de futures tragédies.

Le 24 novembre 2021, 31 personnes meurent lentement de froid dans la Manche. Ils avaient lancé à plusieurs reprises des appels SOS aux services d’urgence français et britanniques, mais aucune aide ne leur avait été envoyée. Parmi les personnes à bord du canot surpeuplé, 27 corps ont été retrouvés. Quatre sont toujours portés disparus.

Seules deux personnes ont survécu à l’incident, la pire catastrophe maritime en Manche depuis 30 ans. Parmi les morts figurent 21 hommes, sept femmes, dont une enceinte, et trois adolescents.

Leur bateau fragile a quitté la France vers 22 heures le 23 novembre 2021. Vers minuit, il a commencé à se dégonfler et à couler au milieu de la Manche. Lorsque des appels répétés ont été passés par les passagers aux services d’urgence français et britanniques, les Français leur ont dit qu’ils se trouvaient dans les eaux britanniques tandis que les Britanniques leur ont dit qu’ils se trouvaient dans les eaux françaises.

Ce n’est qu’à 11 heures plus tard – à 14 heures le lendemain – qu’un pêcheur français a repéré les corps dans l’eau et a donné l’alerte.

Dans la lettre des proches endeuillés au Premier ministre – cosignée par Care4Calais, Channel Rescue et Safe Passage, ainsi que plusieurs syndicats, députés, dont Bell Ribeiro-Addy, et l’écrivain Michael Rosen – les familles demandent justice pour leurs proches perdus.

La lettre déclare: «Nous exigeons des réponses sur les raisons pour lesquelles les autorités françaises et britanniques ont abandonné les personnes désespérées qui sont venues demander de l’aide. Nous exigeons la fin de la rhétorique empoisonnée utilisée par nos politiciens – qualifiant les réfugiés innocents de « migrants illégaux » ou, pire, « d’invasion » – qui engendre la peur et la division. Nous appelons à un passage sûr pour permettre à ces réfugiés de demander l’asile en Grande-Bretagne sans risquer leur vie dans la Manche.

Un documentaire d’ITV a obtenu les journaux des garde-côtes français à partir du moment de la noyade, qui ont révélé que les services d’urgence britanniques et français se sont renvoyés la balle concernant les appels au sauvetage.

Le journal français Le Monde a obtenu une fuite d’un rapport de l’unité d’enquête de la gendarmerie maritime de Cherbourg qui a identifié des défaillances des services d’urgence français, ce qui, selon le journal, pourrait justifier des poursuites pénales pour « non-assistance à personne en danger ».

Une deuxième lettre, publiée aujourd’hui dans Le Monde et cosignée par des ONG des deux côtés de la Manche, dont Amnesty International Royaume-Uni et France, le Conseil conjoint pour le bien-être des immigrés et la Croix-Rouge française (Croix Rouge), documente la manque de progrès dans la fourniture d’un passage sûr aux réfugiés traversant la Manche depuis la noyade massive survenue il y a un an. Il appelle à remplacer l’approche actuelle par une politique humanitaire pour les réfugiés traversant la Manche.

Le 28 novembre 2021, quatre secrétaires d’Etat à l’Intérieur et ministres de l’Intérieur européens ont tenu une réunion d’urgence à Calais pour discuter de « la lutte contre l’immigration clandestine et les gangs de passeurs ».

Depuis, 7 000 personnes ont été secourues en mer, selon les autorités maritimes françaises, dont la majorité ont été abandonnées sur les côtes françaises, trempées et traumatisées.

Le nouvel accord franco-britannique, signé le 14 novembre, entérine cette logique sécuritaire, selon les signataires de la lettre.

« Le monde d’aujourd’hui a détourné les yeux du naufrage, laissant la situation se poursuivre sans fin. Tous les moyens nécessaires doivent être mis en place pour ouvrir des voies de passage sûres à ceux qui le souhaitent », indique la lettre.