Les multiples célébrations de son retour à la vache à plat, comme la conférence de presse donnée le 12 novembre, n’ont pas fini d’alimenter la machine anti-Pesquet. L’astronaute français serait agacé par son omniprésence sur les réseaux sociaux et par la place que lui accordent les médias. Certains, même parmi ses confrères, comme Patrick Baudry, ont critiqué à plusieurs reprises le gendre de Rouen, trop idéal et trop mou.

La réalité est qu’il existe un phénomène Pesquet, une véritable star de la communication. Mais ce dernier est plus le résultat de son temps que lié à sa personnalité. Les temps ont changé, tout comme les fils des choses des héros. Fini l’épopée des pionniers commencée il y a vingt ans avec Jean-Loup Chrétien, Patrick Baudry précisément, Jean-Pierre Haigneré ou encore Michel Tognini, tous militaires de carrière (anciens pilotes de combat) avec une certaine forme de rigidité liée à leur formation et caractère fort. Thomas Pesquet est tout le contraire : accessible, souriant, jamais intrigué par les questions, rarement agacé. Cela fait-il de lui un pire astronaute ? Certainement pas. Au regard du Graal de la profession, les sorties extravéhiculaires (EVA), c’est à ce jour l’européenne qui a passé le plus de temps dans le vide sidéral protégé par une simple combinaison de plongée. La mission Alpha lui a permis de battre si bien tous les records qu’il s’impose désormais comme le plus marquant des Français. Lors de son dernier séjour à bord de l’ISS, il a pris le commandement, accompli plus d’expériences scientifiques que son horaire ne l’exigeait et effectué plus d’EVA que prévu, la NASA lui ayant même demandé de remplacer le pied levé d’un Américain pour continuer à installer de nouveaux panneaux. lots à l’extérieur de la gare (pour sa quatrième sortie). Pesquet est un phénomène, notamment parce qu’il a réalisé une mission exemplaire qui peut lui donner l’espoir de réaliser son rêve le plus fou, comme il nous l’a révélé en avril dernier avant son départ : une journée de marche sur la lune.

Mais Rouennais, 43 ans, est aussi un astronaute de la génération 2.0, celle hyperconnectée qui lui permet cette popularité sans égal. Mieux (ou pire selon ses détracteurs), il a aussi été choisi pour cette raison. Lors des sélections parmi des milliers de personnes en 2009, l’Agence spatiale européenne (ESA) avait « priorisé la capacité de communication des candidats », selon les mots de Jules Grandsire, responsable de la communication de l’ESA, lors d’un entretien avec nos confrères de l’AFP. C’était déjà à cette époque, alors que les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements, que les vols habités et la station spatiale internationale étaient en difficulté car les missions étaient jugées trop banales et n’attiraient plus le grand public. Au début des années 2010, cette nouvelle génération a changé la donne. Thomas Pesquet n’est pas celui qui a lancé le mouvement. Il le reconnaissait en 2017 dans les colonnes du magazine Parisien : c’est « Chris Hadfield qui a clairement tourné une nouvelle page de la communication astronautique. Nous nous précipitons tous. » Le Canadien qui appartenait au corps des astronautes de la NASA a en effet été le premier à utiliser les réseaux sociaux en publiant quotidiennement des photos et des vidéos lors de son séjour à bord du complexe orbital en 2013. Cette même année, il a été imité par l’Italien Lucas Parmitan. puis par tous les autres européens sélectionnés dans la fameuse promotion 2009 : l’italienne Samantha Cristoforetti (2014), l’allemande Alexander Gerst (2014 et 2018), le britannique Timothy Peake (2015), le danois Andreas Mogensen (2015) et bien sûr, Thomas Pesquet (2016 et 2021). En ce sens, le Français n’est pas une exception au sein de sa génération en termes d’utilisation des réseaux mais aussi en degré de notoriété : il suffit d’accompagner Luca Parmitano dans les rues de Rome pour voir combien de fois les passants s’arrêtent pour le remercier. ! !

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Les Français font le plein sur les réseaux sociaux

En revanche, ce que souligne Pesquet, c’est qu’il fait tout cela mieux, avec plus de décontraction et un réel souci d’authenticité. Et encore une fois, n’en déplaise aux esprits affligés, ce fut un succès pendant les 199 jours qu’il passa en orbite. Comparons ses missions au prisme des réseaux sociaux : en 2016, à la fin de Proxima, il totalisait un demi-million d’abonnés sur Twitter et un million sur Facebook. En 2021, après Alpha, il en compte 1,3 million dans le premier et 2,79 dans le second. Sans oublier la chaîne Instagram qui a pris une autre dimension depuis son premier vol où elle atteint désormais un maximum de 2,5 millions de fans ! Chacun de vos posts génère des milliers de likes, est relayé par centaines, et fait l’objet de nombreux commentaires. C’est peut-être aussi une différence par rapport à 2016, aujourd’hui l’astronaute semble vraiment suivi par une communauté de fans qui donne un autre éclat à sa célébrité à laquelle il devra s’habituer à son retour en France.

Pesquet n’a jamais caché cette implication sur les réseaux sociaux. Il le justifie même par un souci de partage. Toujours dans Parisien Magazine : « C’est pourquoi je suis actif sur les réseaux sociaux, que je poste autant de photos sur mon compte Twitter (…). Le public mérite de savoir ce que nous faisons là-haut. Je suis très content d’aller dans l’espace (…) mais ce n’est pas ma petite aventure égoïste. Nous le faisons avec de l’argent public. Nous le faisons pour le peuple. » Jusqu’ici la déclaration qui n’est pas sans sincérité. Mais derrière, il y a aussi un souci de la mise en scène qu’il ne faut pas éviter. Comme en 2016, les plans de la mission Alpha, en moyenne 2 à 5 par jour, sont soigneusement choisis. A bord de l’ISS, l’astronaute a travaillé les après-midi à les sélectionner et à les agrémenter d’un petit commentaire personnel avant de les envoyer au sol où l’équipe de communication de l’ESA les publie selon un planning soigneusement étudié. Et là, Pesquet surprend avec des propos très personnels. Ajoutez de la variété : des images spectaculaires de villes, de régions ou de paysages.

Parmi les plus retweetés, on peut citer certains phénomènes naturels comme les aurores boréales, sa Normandie natale, le golfe du Morbihan, la Corse, la dune de Pila, mais aussi les principales capitales (Moscou, Abu Dhabi, New York, Los Angeles, Madrid ) . et sans oublier Paris, Nice, Lyon ou Marseille avec nous). D’autres vous donnent l’occasion de profiter des moments actuels comme cet été des incendies qui ont frappé la Grèce, la Californie ou le Canada mais aussi l’éruption volcanique de la Cumbre Vieje à La Palma (Canaries). Ou encore des événements météorologiques extrêmes (tempêtes, cyclones vus de l’espace). Une façon pour lui de se concentrer sur la préservation de la Terre. Une autre thématique consiste à montrer le travail scientifique, c’est-à-dire les différentes expériences dont il a la charge ou encore le quotidien à bord de l’ISS, comme les moments de détente entre les membres de l’équipage pendant le week-end. Enfin, il sait mettre en avant ses compagnons comme le Japonais Aki Hoshide, dont il vante la bonne humeur. Dans ce travail très personnel, il excelle sans doute plus que ses pairs.

En bon Community Manager, il prend aussi parfois le temps de suivre ce qu’on dit de lui. Ainsi, un jour qu’un internaute publie une image du film La Planète des singes avec la légende « On devrait tous s’habiller comme ça quand Thomas Pesquet reviendra sur Terre », il n’hésite pas à faire un petit commentaire en guise de clin d’œil. eye : « Savez-vous que j’ai Internet ici ? » Autant de détails qui font la différence en révélant un humour spontané.

Au rendez-vous des grands événements sportifs

La mise en scène peut être préméditée, pour ne pas dire savamment orchestrée avant même votre départ pour le ciel. Il nous l’avait confié quelques jours avant son vol : il allait célébrer les événements au sol de l’ISS qui ont eu lieu pendant les six mois de sa mission. Ainsi, par exemple, le jour de la fin des Jeux Olympiques de Tokyo, il a diffusé une émission (la France accueillera les prochains Jeux Olympiques en 2024) avec son collègue japonais ; ou lors du tournoi de Roland Garros où vous partagez une photo vue du ciel. Parfois il ose même faire des sketchs humoristiques comme le 14 juillet, quand pour la fête nationale il n’hésite pas à enfiler un béret et à enfiler un tee-shirt avec l’inscription France en faisant flotter l’image d’un croissant en apesanteur. Pour les événements culturels, il n’a pas non plus hésité à donner de son temps. Ici, regarder le film Kaamelott en avant-première de l’ISS ; là en dévoilant un titre du dernier album de Coldplay en live lors d’un concert avec le groupe britannique. Enfin, il a eu des entretiens importants avec le président Emmanuel Macron quelques jours avant son retour (4 novembre). Ou avec Kylian Mbappé juste avant le début de l’Euro (7 juin 2021).

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Et à chaque fois, il ne lâche pas l’humour. Au célèbre footballeur qui s’interrogeait sur son sport en orbite, Pesquet a répondu : « Le ballon monte, mais il ne descend jamais. Je ne sais pas si vous seriez très heureux ici. Tout cela ne doit pas effacer le temps qu’il a également passé en direction des plus jeunes : faire une dictée depuis l’ISS en lisant Duras à un public studieux réuni au Musée de l’Air et de l’Espace (Le Bourget) ou mener une expérimentation pendant une semaine sur le comportement du Blob en apesanteur, suivi par 4 500 cours en France. C’est précisément l’objectif premier de sa surexposition : rendre l’espace « accessible » à tous, inspirant des vocations chez les plus jeunes. Comme en 2016 à son retour, sa popularité se lira dans les yeux des blondes qu’il ne cessera de rencontrer pour parler de son expérience. Et voyez dans vos pupilles ces milliers de princes qui rêvent d’étoiles. Si la médiatisation du dixième français dans l’espace sert cet objectif, ce sera déjà la promesse d’une mission accomplie.

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Économiste et essayiste, Nicolas Bouzou est le fondateur et directeur du cabinet de conseil Asterès.Nicolas bouzou

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