Avant l’exposition « Sur les traces des Sioux », qui vient d’ouvrir ses portes au Musée des Confluences à Lyon, une question a été posée au public pour découvrir l’imaginaire des Français sur les populations amérindiennes. Et les réponses étaient les mots : tipis, plumes, bison, calumet, flèche, hache ou coiffe… Autant d’attributs liés principalement aux Indiens des Grandes Plaines et en particulier aux Sioux Lakota.

Vitrine de grandes coiffes en plumes d’aigle indien Lakota. Crédits : Bernadette Arnaud / Sciences et Avenir

« C’est pour marcher sur les traces de cet imaginaire, pour interroger et comprendre comment s’est faite l’image qui, de par sa force visuelle, s’est finalement imposée dans le récit historique, qu’est née cette exposition », explique Hélène Lafont-Couturier, le directeur général du musée de Lyon.

One of the dioramas in the “Sur la Piste des Sioux” exhibition featuring a “tipi” of plains Indians. Credits: Musée des Confluences

Ce sont donc deux dioramas qui présentent un tipi où des personnages prennent vie, d’une part, et des bisons empaillés, de l’autre, accueillant les visiteurs de l’exposition, visible jusqu’au 22 août 2022. Dans une première scénographie, une cinquantaine des pièces parmi lesquelles des œuvres de Théodore de Bry (1590), des toiles de George Catlin (1796-1872) ou de Karl Bodmer (1809-1893) témoignent directement des séjours de divers artistes en Amérique. Les représentations mettent alors en scène un noble sauvage vivant en harmonie dans une nature luxuriante.

Portrait of Ee-ah-sa-pa (La Roche Noire), chief of the Nee-Cow-e-je, band of the Sioux tribe, painted in 1845 by George Catlin (1796-1872). Credits: Patrick Gries, Bruno Descoings / Musée du Quai Branly.

Un monde où de nombreuses nations différentes parlent plus de 1000 langues et que certains auteurs comme François-René de Chateaubriand (1768-1848) qui connaîtront un immense succès avec son roman « Atala » (1801), savent déjà qu’ils sont condamnés à une disparition imminente. Encouragé par le même pressentiment, le photographe Edward Curtis (1868-1852) part pendant 20 ans à la rencontre de toutes les nations présentes en Amérique du Nord, les immortalisant grâce à plus de 50 000 photographies. Sa démarche, à la fois ethnographique et artistique, fera des photos de ce monde perdu, dont certaines sont présentées à Lyon, de véritables chefs-d’œuvre.

Portrait du chef Nez-Percé, peint par Edward S. Curtis (1868-1952).

Cependant, au début du 20e siècle, la vision de Curtis ne correspondait plus aux images des Indiens qui n’avaient cessé de se développer en Europe depuis le 19e siècle. Notamment avec l’explosion de ce qu’on appelle les Romains d’Occident. Une littérature d’aventure qui connaît un grand succès auprès de la population française, notamment les œuvres, aujourd’hui oubliées, de Gustave Aimard (1818-1883). Auteur de près de 80 livres (« Captive », « Le dealer d’Ottawas », « Indian Jim »…), Aimard se rend en Amérique pour dépeindre des Comanches ou des Apaches déguisés en féroces guerriers. Le chasseur de scalp indien prend peu à peu le dessus sur le « bon sauvage » dans l’imaginaire occidental.

Illustration du changement de tendance des représentations iconographiques au XIXe siècle, avec le chasseur de scalp indien. Crédits : Musée des Confluences.

Une fois ce préambule vieux de 400 ans présenté, le visiteur arrive à ce qui constitue le clou de l’exposition : l’arrivée en Europe des Lakotas lors de la tournée du « Buffalo Bill Wild West Show », un spectacle gigantesque présenté en tournée. en Europe de 1883 à 1912, suivi de la reconstitution de villes indiennes, comme Bruxelles (Belgique) en marge de l’Exposition universelle de 1935 (voir encadré). On est tout de suite saisi par les images en noir et blanc du film d’un de ces spectacles vu à l’époque par des millions de curieux.

Vitrine présentant des accessoires et instruments ayant appartenu à la famille Lakota de Lucy et John Little Elk photographiés ici en 1935. Crédits : Bernadette Arnaud / Sciences et Avenir / Collection François Chladiuk.

Parallèlement, des vitrines colorées présentent de somptueux ornements et des coiffes à simples ou doubles traînes de plumes d’aigle, trouvées en 2004 dans les « gourdes en fer » du collectionneur belge François Chladiuk. 158 pièces de 15 membres de l’exposition organisée à Bruxelles au début du 20e siècle. Présent au Musée des Confluences lors du vernissage de l’exposition le 21 octobre 2021, François Chladiuk était accompagné de Walter Little Moon, aujourd’hui âgé de plus de 70 ans, l’un des enfants survivants d’un acteur indien Lakota du spectacle Buffalo Bill et dont la présentation de vêtements dans une vitrine « Voici une partie de l’histoire de ma famille, expliqua ce dernier. Et comme chez les Lakota les histoires se transmettent de père en fils et que mon père est mort alors que je n’avais que 7 mois, j’ai tout ignoré. et j’étais très fier de le découvrir ».

Costume de guerre Lakota ayant appartenu à Charly Little Boy (Dakota du Sud) fait de cuir, crinière de cheveux humains, perles de verre, tissu et coquillages. Collection François Chladiuk. Crédits : Bernadette Arnaud / Sciences et Avenir.

Quelques pièces plus tard, une série de panneaux publicitaires des années 1950 et 1960 montrent que l’effigie des Sioux était alors sollicitée pour vendre des vélos, des raviolis, des climatiseurs ou des pneus. Les Indiens, qui ont connu l’ethnocide en Amérique et sont désormais confinés dans des réserves, sont en effet passés dans le quotidien des gens. En France, son image accompagne même les automobilistes sur les routes depuis les années 1980 et le lancement du programme de prévision de trafic « Bison smart ».

Affiche de film : Les années 30 sont marquées par l’essor du cinéma hollywoodien et la généralisation de l’invention du western, film de genre au rapport déséquilibré qui façonne l’image du héros blanc face à des Indiens agressifs. Crédits : Musée des Confluences

Mais c’est le cinéma et bien sûr le monde occidental qui a définitivement fixé l’image des Amérindiens. Un siècle d’affiches et d’images clôt l’exposition : des brutals Indiens attaquant les colons et leurs caravanes (The Massacre at Fort Apache de John Ford, 1948) aux mouvements de protestation de l’American Indian Movement (MIA) dans les années 1970, encore une fois le la vision évolue. Des films comme « Little Big Man » d’Arthur Penn (1970), « Jeremiah Johnson » de Sydney Pollack (1972) ou « Dancing with Wolves » de Kevin Kostner (1990) défendent la cause amérindienne et décrivent une nature magnifiée. Une image forte qui reste telle qu’elle est aujourd’hui. « Sur les traces des Sioux », ou d’un cliché à l’autre.

Carte postale du Far West de Buffalo Bill avec un groupe d’Indiens marchant dans Paris en 1889.

Entre 1883 et 1912, William Frederick Cody alias Buffalo Bill (1846-1917) réalise l’un des premiers spectacles itinérants d’envergure internationale, Buffalo Bill’s Wild West. Cette figure mythique et ambiguë de l’Ouest américain – d’abord explorateur dans l’armée, puis bison et chasseur indien – a façonné pendant de nombreuses décennies une image à la fois réductrice et spectaculaire des Amérindiens « joués » par les Lakota. Sioux. Ce spectacle patriotique a traversé l’Amérique du Nord, puis l’Europe, captivant des millions de téléspectateurs. Au fur et à mesure de son passage, les spectacles et répliques de « villages indiens » se multiplieront. En France, Buffalo Bill et ses « Peaux-Rouges » ont enragé les Parisiens lors de la présentation du spectacle à Montrouge et sur un hippodrome de Neuilly-sur-Seine en 1889.

« Le spectacle du Far West de Buffalo Bill »

« Ce spectacle de masse, qui a attiré des millions de spectateurs entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, a forgé le mythe du Far West. La logistique de ces spectacles était démesurée. Des bateaux et des trains ont été loués pour transporter des troupes, du matériel, ainsi que des centaines de bisons et de chevaux. A raison de deux séances quotidiennes, les Indiens Lakota recrutés pour l’occasion menaient des attaques contre des diligences ou des chasses au bison. « 

L’une des affiches du spectacle Wild West de Buffalo Bill. Crédits : Collection privée François Chladiuk.

Exposition « Sur la piste des Sioux », Musée des Confluences, Lyon: from October 22, 2021 to August 28, 2022

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