Si une langue offre des indices sur la culture de ses locuteurs, alors l’expérience d’apprendre le Haut Valyrien de Game of Thrones sur Duolingo évoque des visions d’une civilisation historique animée dans laquelle les hiboux planent dans le ciel, la magie abonde et le spectre de la mort hante à jamais l’imagination des vivants. Vous apprenez à dire « La femme transpire » avant d’apprendre le salut le plus basique, « Bonjour ». Un dessin animé incongrûment joyeux vous demande de traduire « Tous les hommes doivent mourir, au revoir. » Et bien sûr : « Ñuhyz zaldrīzesse gevī issi. » (« Mes dragons sont magnifiques ! »).

Dans les livres de George RR Martin, le Haut Valyrien est décrit comme la langue des souverains apprivoisant des dragons d’un ancien empire puissant, et il a été comparé à la République romaine, le Haut Valyrien au latin classique. La langue n’a pris vie que lorsque le linguiste David J Peterson l’a prise en charge pour la troisième saison de la série télévisée en 2012. À partir des quelques phrases de Haut Valyrien mentionnées dans le livre – noms, lieux et la célèbre phrase « Valar Morghūlis » (« Tous les hommes doivent mourir ») – Peterson a créé une langue entière. Le cours Duolingo a été lancé en 2017.

Les choses se sont accélérées à une vitesse étonnante. Peterson, décrit par le LA Times comme le « gourou des langues d’Hollywood », crée des langues pour la télévision et le cinéma à plein temps. D’autres universitaires sont également impliqués, créant un lien improbable entre les chercheurs en linguistique et Hollywood. Ce qui était initialement un sujet de niche est maintenant devenu une industrie mondiale avec une communauté en constante croissance. Je pensais que le nombre d’apprenants du Valyrien sur Duolingo serait assez faible ; l’entreprise a signalé qu’elle compte plus de 500 000 apprenants dans le monde.

L’idée que les superproductions de fantasy nécessiteraient non seulement la création de décors, de accessoires et de costumes, mais aussi de langues originales est apparue pour la première fois avec le Klingon, la langue alien de Star Trek créée par le linguiste Marc Okrand en 1984 (vous pouvez également apprendre le Klingon sur Duolingo). Avant cela, « l’idée était que si vous aviez des extraterrestres qui parlaient une sorte de langue inventée, ils babillaient simplement », explique Paul Frommer, professeur de communication à l’Université de Californie du Sud. « Depuis Klingon, c’est absolument exclu. »

En 2005, Frommer a reçu un e-mail de la société de production de James Cameron, qui cherchait un linguiste pour créer une langue pour un projet de science-fiction sans nom.
Depierooymt: **Si une langue offre des indices sur la culture de ses locuteurs, alors l’expérience d’apprendre le haut valyrien de Game Of Thrones sur Duolingo évoque des visions d’une civilisation historique animée dans laquelle les hiboux planent dans le ciel, la magie abonde, et le spectre de la mort hante l’imagination des vivants. On vous apprend à dire « la femme transpire » avant même le bonjour qui est un salut plus basique. Le programme demande de traduire « tous les hommes doivent mourir, au revoir ». Et bien sûr : « Ñuhyz zaldrīzesse gevī issi » qui signifie « Mes dragons sont magnifiques ! ».

Dans les livres de George RR Martin, le haut valyrien est décrit comme la langue des souverains apprivoisant les dragons d’un ancien empire puissant. Il a été comparé à la République romaine, et le haut valyrien au latin classique. La langue n’a pris vie qu’en 2012 lorsque le linguiste David J Peterson l’a prise en charge lors de la saison 3 de la série télévisée. À partir des quelques phrases en haut valyrien mentionnées dans le livre (noms, lieux, et la fameuse phrase « Valar Morghūlis » qui signifie « tous les hommes doivent mourir »), Peterson a créé une langue entièrement nouvelle. Le cours Duolingo a été lancé en 2017.

Les choses ont évolué à une vitesse stupéfiante. Peterson, décrit par le LA Times comme le spécialiste des langues d’Hollywood, crée des langues pour la télévision et le cinéma à temps plein. D’autres académiciens sont également impliqués, créant un lien improbable entre les linguistes et Hollywood. Ce qui était initialement confidentiel est à présent une industrie mondiale en pleine croissance avec une communauté qui ne cesse de s’agrandir. Je pensais que le nombre d’apprenants du haut valyrien sur Duolingo serait assez restreint. L’entreprise a toutefois annoncé qu’elle compte plus de 500 000 apprenants dans le monde.

L’idée que les superproductions de fantasy nécessitent non seulement la création de décors, accessoires, et costumes, mais également de langues originales, a été introduite avec le Klingon, la langue alien de Star Trek créée par le linguiste Marc Okrand en 1984 (vous pouvez également apprendre le Klingon sur Duolingo). Avant cela, « l’idée était que si vous aviez des extraterrestres qui parlaient une sorte de langue inventée, ils babillaient simplement », explique Paul Frommer, professeur de communication à l’Université de Californie du Sud. « Depuis Klingon, c’est absolument exclu ».

En 2005, Frommer a reçu un e-mail de la société de production de James Cameron qui recherchait un linguiste pour créer une langue pour un projet de science-fiction sans nom. Frommer a postulé, a rencontré Cameron, et a commencé à travailler sur la langue qui est désormais connue sous le nom de na’vi, dans Avatar. « Ma vie n’a plus jamais été la même », dit Frommer.

Comment crée-t-on une langue à partir de rien ? « Ce n’était pas une ardoise complètement vide » répond Frommer. Cameron avait quelques critères : il voulait que la langue soit entièrement nouvelle, ait une belle sonorité, et avait déjà créé une trentaine de mots. Il fallait aussi tenir compte de l’intrigue. Dans le premier film d’Avatar, le protagoniste humain apprend la langue des Na’vi, elle devait donc « pouvoir être apprise par des êtres humains ». Cela semble être un détail mineur, mais Frommer explique que c’était crucial pour construire la langue : « N’importe quel linguiste pourrait créer une langue logique, mais elle pourrait être tellement non-humaine que personne ne pourrait jamais l’apprendre ».

Une fois ces paramètres en place, il poursuit, « il y a quelques étapes assez clairement définies que la plupart des créateurs de langues suivent ». D’abord, déterminer la sonorité – quels sons du langage inclure et lesquels exclure. Ensuite, « à quoi vont ressembler vos verbes ? Comment vont ressembler vos noms ? » c’est-à-dire réfléchir à la terminaison des mots et comment les temps vont changer les mots.

Il faut aussi penser à la syntaxe et à la grammaire, puis enfin, « peut-être la partie la plus intéressante » : prendre en compte « la relation entre la langue et la culture, et la langue et l’environnement ». Frommer a créé des mots reflétant l’importance de l’écologie pour les Na’vi, et comme les cérémonies sont importantes dans leur culture, il a également créé un « registre » différent pour les mots utilisés dans ce contexte. Comme lorsque nous utilisons « mère et père » plutôt que « maman et papa » dans un contexte plus formel, les Na’vi utilisent des mots différents pour dire « je » et « tu » pendant les cérémonies.

C’est un travail remarquablement détaillé pour quelque chose qui échappera à la plupart des spectateurs. « 98 % des spectateurs ne connaîtront jamais 99 % de ce que nous faisons », dit la linguiste Jessie Sams, la partenaire de Peterson (aussi bien dans la vie que dans le travail, précisent-ils joyeusement, après que je leur aie demandé maladroitement une clarification) ; les deux ont depuis développé les langues de Dune, de The Witcher, et de Vampire Academy. « Peu importe si les gens ne le remarquent pas vraiment sur le moment », dit Peterson, « ça sera toujours là. Et donc à un moment donné, si quelqu’un décide de l’analyser, ça tiendra debout ou pas. » (Il se souvient d’un épisode de Star Trek dans lequel l’acteur d’un personnage très intelligent prononce un mot de travers.)

Leur implication dans les projets varie