Les virus HPV infectent la plupart d’entre nous. Certains sont transmis sexuellement. Ils provoquent verrues et verrues, mais surtout environ 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus par an et 6 000 cas de cancer (du col de l’utérus, mais aussi de la vulve, du vagin, de l’anus, du pénis et de la cavité buccale – pharynx). Ils frappent 4 500 femmes et 1 500 hommes, tuant environ 2 000 personnes. Ces cancers sont insidieux car la période de latence entre l’infection et l’apparition d’une tumeur peut dépasser vingt à trente ans.

Un vaccin a été développé contre les principales souches cancérigènes du VPH : deux d’abord, puis quatre, et maintenant neuf. On le doit aux chercheurs américains Douglas R. Lowy et John T. Schiller, lauréats du prestigieux prix Lasker. Ce vaccin contient une protéine virale (L1) associée à un adjuvant aluminique. Utilisé depuis 2006, il provoque une réponse immunitaire puissante et durable. La vaccination a fait l’objet d’un programme promotionnel dans certains pays comme l’Australie. Ce vaccin est efficace : avec le recul, on sait qu’il prévient environ 90 % des cancers du col de l’utérus lorsqu’il est administré avant le début de l’activité sexuelle. Ce vaccin est sans danger : il provoque parfois une légère fièvre, des malaises, des maux de tête et de la fatigue dans la journée, mais c’est tout ! Par conséquent, la vaccination est recommandée pour les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans en deux injections à six à douze mois d’intervalle.

A ce jour, 300 millions de doses ont été administrées dans le monde. Dans les pays nordiques, au Royaume-Uni, au Portugal et en Australie, 70 à 90 % des adolescents sont vaccinés. En France, un peu moins de 40 % des filles et 6 % des garçons ont 15 ans. Pourquoi cet échec ? Ce vaccin a été et reste dans notre pays l’objet d’attaques aussi vicieuses qu’égarées. Certains soutiennent que ce n’est pas nécessaire, car les frottis cervicaux peuvent révéler des lésions précancéreuses du col de l’utérus. Malheureusement, beaucoup de femmes ne sont pas supervisées. Et surtout, la vaccination prévient les cas où un frottis révèle une lésion nécessitant un traitement. On entend aussi dire que ce vaccin peut causer le cancer. Mais cette affirmation est basée sur une lecture bizarre de statistiques montrant une augmentation de l’incidence du cancer du col de l’utérus dans certains pays… chez les femmes non vaccinées !

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Faut-il rendre cette vaccination obligatoire ?

Une autre idée fausse est que le vaccin serait dangereux car responsable de maladies auto-immunes et d’évanouissements. Plusieurs études portant sur des millions de jeunes filles vaccinées montrent que ce n’est pas le cas. Ces soupçons ont provoqué dans certains pays, notamment au Danemark et au Japon, une baisse de la vaccination et ont même conduit à la décision d’arrêter la vaccination au Japon, qui, heureusement, a été annulée aujourd’hui. D’autres soutiennent enfin que les vaccinations des garçons ne servent à rien car ils ne risquent rien. Nous avons vu plus haut que ce n’est pas vrai. De plus, la vaccination des garçons protège les filles, ce qui rend la vaccination plus équitable. Enfin, il a été avancé que la vaccination accélérait le début de l’activité sexuelle. La recherche montre que ce n’est pas le cas.

Alors, comment répondre à ce flot de fausses nouvelles, qui sont souvent propagées par des médecins, des politiciens et des médias incompétents ? Face à l’enjeu – prévenir 90 % des 6 000 cas de cancer et 2 000 décès annuels – une action publique d’envergure doit être menée : le lancement de campagnes d’information à destination, d’une part, des médecins généralistes, pédiatres, gynécologues, et d’autre part d’autre part, les parents et les adolescents, notamment, dans le cadre des activités des commissions d’éducation à la santé et d’éducation civique dans les lycées.

Il convient de s’interroger sur l’éventuel caractère obligatoire de cette vaccination. Ces vaccins sont chers – environ 100 euros la dose – et leur remboursement par l’Assurance-maladie devrait être intégral, et pas seulement à 65 %. Enfin, la (re)vaccination à l’école, avec la participation d’infirmiers et de médecins extérieurs à l’institution, comme c’est le cas dans la plupart des pays où cette vaccination réussit, toucherait toutes les classes sociales. Ne pas entreprendre cette action pour un gain évident ne serait pas à l’honneur de la France. Il est nécessaire de mobiliser toutes les parties intéressées.

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