marre des pékinois face au zéro Covid – Science et Avenir › - 1

Écoles, restaurants et commerces ont de nouveau fermé, la peur d’être mis en quarantaine et l’impression d’un éternel retour vers le passé : la lassitude des Pékinois face aux restrictions du Covid culmine après presque trois ans de pandémie.

Ces derniers jours, la capitale chinoise a connu une flambée épidémique inédite depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Des dizaines de bâtiments résidentiels sont fermés et les entreprises se tournent vers le travail à distance.

De nombreux habitants sont désormais mentalement épuisés par ces restrictions souvent vagues et changeantes, dont la durée n’est jamais annoncée à l’avance.

« J’en ai marre de tout ça. Il n’y a personne dans la rue », a déclaré à l’AFP Elaine, une jeune employée de bureau.

« Je veux aller au restaurant, voir mes amis… Mais c’est impossible. »

Une Française vivant à Pékin s’est retrouvée coincée dans l’appartement de son petit ami lundi matin après y avoir passé la nuit.

Des agents de sécurité en tenue de protection contre le coronavirus dans la rue à Pékin, le 23 novembre 2022 (AFP – Noel SELIS)

Cause? L’un des voisins a été testé positif, provoquant le verrouillage de tout le bâtiment pendant cinq jours.

« Tous les soirs quand on s’endort, on se dit qu’on risque d’être coincé dans notre appartement le lendemain matin », explique une jeune femme qui a demandé à rester anonyme pour éviter d’éventuels ennuis.

En dehors du régime strict, « la seule chose qui nous reste est la liberté de marcher dans la rue et de respirer l’air frais », ajoute-t-elle.

Les files d’attente s’étendent parfois sur des dizaines de mètres devant de petites cabines de test PCR disséminées dans Pékin.

– Restos fermés –

Et les entreprises doivent naviguer parmi des contraintes peu claires.

Car les règles ne sont pas forcément clairement annoncées dans les médias. Souvent, les administrations de district informent directement les restaurants, les bars ou les magasins de la fermeture – généralement de manière inattendue.

La ville de Pékin a annoncé mercredi près de 1.500 nouveaux cas positifs (la grande majorité asymptomatique) pour ses 22 millions d’habitants. Un niveau jamais vu dans la capitale depuis le début de la pandémie, mais qui reste très bas selon les standards internationaux.

Ainsi, près de trois ans après le début de la pandémie, la réaction des autorités chinoises semble disproportionnée par rapport à la réaction de nombreux autres pays dans le monde qui ont appris à vivre avec le virus.

Un agent de sécurité en tenue de protection surveille l’entrée d’une communauté fermée dans le cadre de la lutte contre le Covid à Pékin, le 22 novembre 2022 (AFP – Noel CELIS)

Désormais, les Pékinois craignent un confinement général similaire à celui qui a frappé Shanghai, la plus grande ville du pays (25 millions d’habitants), pendant trois mois au printemps.

L’épisode a été marqué par des problèmes de livraison de nourriture, des difficultés d’accès aux hôpitaux pour les patients non COVID et des manifestations de mécontentement.

Les grands magasins du quartier branché des boutiques, des restaurants et des bars de Sanlitun à Pékin ont fermé les uns après les autres ces derniers jours.

Le quartier central de Chaoyang, centre du quartier des affaires et le plus peuplé de la capitale, est quasiment désert.

– « Grosses conséquences » –

La plupart des coiffeurs, salons de beauté et bars karaoké ont fermé.

L’ancien employé du gymnase a quitté Pékin après la fermeture de l’établissement en mai lors d’une précédente épidémie qui a également entraîné des restrictions strictes.

Un homme vêtu d'une combinaison de matières dangereuses est assis devant un complexe d'appartements en détention en raison du Covid-19 à Pékin, le 22 novembre 2022. (AFP - Jade GAO) #Un homme vêtu d’une combinaison de matières dangereuses est assis devant un complexe d’appartements en détention en raison du Covid-19 à Pékin, le 22 novembre 2022. (AFP – Jade GAO) #

« Cette nouvelle vague de Covid a eu un impact important sur la vie des gens, en particulier ceux des secteurs des services et du fitness », a déclaré à l’AFP Xu, une jeune femme, en révélant son nom complet par crainte de représailles.

« Beaucoup de mes anciens collègues ont quitté Pékin parce qu’ils n’avaient pas de revenus. »

Dans le quartier de Dongcheng, le centre historique de la capitale, où se trouvent la Cité Interdite et plusieurs ministères, des tables sont dressées devant les restaurants.

Des serveurs placent des sacs plastiques de nourriture, prêts à être livrés aux clients par une armée de coursiers, sur des scooters électriques.

Selon M. Wang, employé d’un restaurant de nouilles, les bénéfices de l’établissement ont chuté de 99 % depuis qu’il ne peut plus servir les clients.

Une fille se fait tester pour le Covid-19 à Pékin le 22 novembre 2022 (AFP - Jade GAO)Une fille se fait tester pour le Covid-19 à Pékin le 22 novembre 2022 (AFP – Jade GAO)

« Avec la vente à emporter et la livraison, nous ne gagnons que quelques centaines de yuans par jour », soit quelques dizaines d’euros, explique-t-il à l’AFP.

« J’espère que tout s’ouvrira rapidement. Sinon, nous ne pourrons pas couvrir les pertes.