Le président français Emmanuel Macron a promulgué sa réforme controversée des retraites, défiant trois mois de protestations et d’appels des syndicats à ne pas mettre en œuvre la législation.

Les modifications sont devenues loi samedi, après la publication du texte dans la nuit au Journal officiel français. Cela faisait suite à l’approbation vendredi par la plus haute cour constitutionnelle de France de l’essence de la législation, y compris le changement de bannière consistant à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.

Les syndicats ont appelé à des manifestations de masse pour la fête du Travail le 1er mai et des manifestations violentes ont éclaté dans plusieurs villes dans la nuit après l’annonce du verdict.

La bataille pour mettre en œuvre la loi est devenue le plus grand défi national du second mandat de Macron, car il a dû faire face à une opposition populaire généralisée aux changements, mais aussi à une popularité personnelle en baisse.

Le conseil constitutionnel de neuf membres s’est prononcé en faveur des principales dispositions de la réforme, notamment le relèvement de l’âge de la retraite à 64 ans et l’allongement des années de travail requises pour une retraite à taux plein, affirmant que la législation était conforme à la législation française.

Six propositions mineures ont été rejetées, notamment l’obligation pour les grandes entreprises de publier le nombre de personnes de plus de 55 ans qu’elles emploient et la création d’un contrat spécial pour les travailleurs âgés.

La parution du texte au Journal officiel de la France – la gazette officielle – signifie qu’il a maintenant été promulgué dans la loi.

« Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié. Au premier alinéa, le mot : « soixante-deux ; est remplacé par le mot : ‘soixante-quatre’ », précise le texte en référence à l’âge de la retraite.

Des milliers de personnes ont protesté après que la Cour constitutionnelle a approuvé les éléments clés des modifications des retraites
Des milliers de personnes ont protesté après que la Cour constitutionnelle a approuvé les éléments clés des modifications des retraites Photographie : Jérôme Gilles/NurPhoto/Shutterstock

Mais la décision de la Cour constitutionnelle pourrait s’avérer une victoire à la Pyrrhus pour Macron, car les analystes disent qu’elle a eu un coût personnel majeur pour l’homme de 45 ans.

Les cotes d’approbation du président sont proches de leurs niveaux les plus bas jamais enregistrés, et de nombreux électeurs ont été indignés par sa décision de faire passer la loi sur les retraites au parlement sans vote en utilisant un mécanisme légal mais controversé dénoncé par les opposants comme antidémocratique.

Les sondages montrent régulièrement que deux Français sur trois sont contre le fait de travailler deux ans supplémentaires.

Macron a qualifié le changement de « nécessaire » pour éviter les déficits annuels des retraites qui devraient atteindre 13,5 milliards d’euros (14,8 milliards de dollars) d’ici 2030, selon les chiffres du gouvernement.

« Maintenez le cap. C’est ma devise », a déclaré Macron vendredi lors de son inspection de la cathédrale Notre-Dame de Paris, quatre ans après qu’un incendie dévastateur a failli détruire le monument gothique.

La première ministre, Elisabeth Borne, a tweeté qu’après le verdict « il n’y a ni gagnant ni perdant ».

Mais le quotidien de gauche Libération a titré au-dessus d’une photo de manifestation : « Pas vaincus : les opposants à la réforme ne vont pas désarmer ».

Des vélos, des scooters électriques et des ordures ont été incendiés dans la capitale pendant la nuit tandis que des manifestations rassemblant des centaines de personnes ont éclaté dans d’autres villes, dont Marseille et Toulouse.

A Rennes, dans l’ouest du pays, des manifestants ont mis le feu à l’entrée d’un commissariat et d’un centre de conférence. La police parisienne a déclaré que 112 personnes avaient été arrêtées à 22h30, heure locale.

Selon le ministère de l’Intérieur, environ 380 000 personnes sont descendues dans la rue dans tout le pays jeudi lors de la dernière journée d’action menée par les syndicats – une petite fraction des près de 1,3 million qui ont manifesté au plus fort des manifestations en mars.

Les syndicats ont publié une déclaration commune exhortant Macron à ne pas promulguer la législation, affirmant que la question n’était « pas terminée ».

La secrétaire générale du syndicat CGT, Sophie Binet, a appelé à un « raz-de-marée populaire et historique » de personnes dans la rue pour s’opposer aux réformes le 1er mai.

Dans une deuxième décision vendredi, le tribunal a rejeté une offre des législateurs de l’opposition visant à imposer un référendum sur une loi alternative sur les retraites qui aurait maintenu l’âge de la retraite à 62 ans.

La France est en retard sur la plupart de ses voisins européens, dont beaucoup ont relevé l’âge de la retraite à 65 ans ou plus.

Les opposants aux changements disent qu’ils pénalisent les femmes et les travailleurs non qualifiés qui ont commencé leur carrière tôt et sapent le droit à une longue retraite.