Des champs noircis de panneaux solaires à perte de vue et des forêts d’éoliennes qui rompent la monotonie des plaines : le Texas, centre pétrolier historique des États-Unis, se veut aujourd’hui à la pointe d’une nouvelle révolution énergétique qui vient à partir d’énergies renouvelables.

Au sud de Dallas, les comtés de Navarro et de Limestone symbolisent cette transition : berceaux de l’industrie pétrolière texane à la fin du XIXe siècle qui a fait la richesse de la région, ils sont aujourd’hui à la pointe de l’énergie propre.

La semaine dernière, l’énergéticien français Engie a inauguré un nouveau parc éolien de 88 mâts et d’une capacité de production de 300 mégawatts (MW).

Plus à l’ouest, à Abbott, une autre commune rurale, une ferme solaire de 250 MW et une zone de stockage d’énergie alimentée par batterie ont commencé à produire de l’électricité.

Selon American Clean Power, le Texas est l’État américain avec la plus grande part de projets commerciaux et industriels d’énergies renouvelables achevés en 2022. Avec une intensité énergétique de 35 %, il devance largement le deuxième État, l’Illinois, au nord du pays, avec 7%.

Vue aérienne des panneaux solaires du projet solaire Engie Sun Valley dans le comté de Hill, Texas (sud des États-Unis), le 1er mars 2023 (AFP – Mark Felix)

L’immense État du sud compte 20 % de projets inachevés.

Cependant, les tours d’éoliennes sont loin de remplacer complètement les plates-formes pétrolières dans le paysage texan.

« Bien sûr, quand on pense au Texas, on voit le grand État pétrolier et gazier. Je dirais plutôt que le Texas est riche en ressources naturelles (…) et qu’elles sont très bien gérées avec ces différentes ressources », souligne Frank Demay, directeur général adjoint d’Engie.

– Ressources énergétiques multiples –

Pays de raffineries et de pétrochimie, le Texas possède sa propre chaîne d’approvisionnement de 30 millions d’habitants, une exception aux États-Unis.

En 2021, une violente vague de froid qui a déchargé le réseau a fermé plusieurs millions de foyers et tué plus de 200 personnes, incitant l’État conservateur à renforcer et à diversifier sa chaîne d’approvisionnement.

Des employés d'Engie visitent le projet Sun Valley Sollar dans le comté de Hill, Texas (sud des États-Unis), le 1er mars 2023 (AFP - Mark Felix)Des employés d’Engie visitent le projet Sun Valley Sollar dans le comté de Hill, Texas (sud des États-Unis), le 1er mars 2023 (AFP – Mark Felix)

Le Texas est aujourd’hui encore fortement dépendant des énergies fossiles, le gaz restant en tête de son mix énergétique début 2023 (42%, selon le gestionnaire de réseau Ercot) aux côtés du charbon (11%). Cependant, cela laisse de plus en plus de place aux énergies renouvelables, notamment l’énergie éolienne (29 %) et l’énergie solaire (11 %). Le reste est fourni par l’énergie atomique et l’hydraulique.

« Nous utilisons de l’énergie conventionnelle à base de carbone, mais le Texas est aujourd’hui un chef de file en matière d’énergie propre. Je pense qu’à l’avenir, nous verrons une combinaison de ces deux technologies », a déclaré Jeff Montgomery, président de Blattner Energy, qui a réalisé 400 énergies renouvelables. projets à travers le pays.

« Le gaz est produit pour être vendu à l’Europe, et la guerre en Ukraine a accru cette dépendance vis-à-vis du gaz américain et surtout texan. En parallèle, ils ont acquis une réelle expérience dans le domaine de l’énergie solaire et éolienne », explique Frank Demay.

L’IRA, le grand plan vert du président Joe Biden voté l’an dernier, pourrait accélérer cette tendance en prévoyant des subventions massives pour la transition énergétique.

– « Afficher l’utilitaire » –

Vue aérienne des éoliennes du projet Limestone Wind à Dawson, Texas (Sud des Etats-Unis), le 28 février 2023. (AFP - Mark Felix)Vue aérienne des éoliennes du projet Limestone Wind à Dawson, Texas (Sud des Etats-Unis), le 28 février 2023. (AFP – Mark Felix)

Les taxes prélevées sur les énergies renouvelables ont amélioré les écoles, selon certains responsables locaux.

Mais certains sont plus circonspects, comme John Null, un ingénieur de 42 ans basé dans le comté de Navarro, qui voit les riverains ne bénéficier que peu des investissements réalisés dans l’éolien alors que des mâts géants apparaissent devant leurs fenêtres.

Il estime que lors du dernier temps froid de début février, « il serait souhaitable que l’interrupteur puisse transférer l’énergie générée ici vers l’environnement ».

Des projets sont en cours pour approvisionner des quartiers défavorisés, comme une ancienne décharge où doit être construit un parc éolien, dans un quartier défavorisé de Houston, quatrième ville des États-Unis.

« Il y a des besoins énergétiques », explique Paul Curran, directeur général de BQ Energy, qui doit commencer à travailler sur une centrale solaire de 50 MW cette année.

Et pour cet ancien cadre pétrolier, les deux énergies ne sont pas en concurrence.

« Il n’y a aucun problème si vous construisez des projets solaires ou éoliens aux bons endroits et pour les bons marchés. Il est même bien accueilli par l’industrie pétrolière et les experts », dit-il.