Salah Abdeslam, le seul survivant de l’unité de 10 hommes qui a frappé Paris lors d’attentats terroristes coordonnés en 2015, a été reconnu coupable de meurtre et condamné à la prison à vie, la peine à perpétuité la plus sévère prévue par la loi française.

Abdeslam, 32 ans, citoyen français d’origine bruxelloise, a été reconnu coupable d’avoir participé dans la série d’attentats à la bombe et de fusillades à travers la capitale française qui a tué 130 personnes et en a blessé plus de 490.

Les attentats revendiqués par l’État islamique ont commencé lorsque des kamikazes ont frappé devant le stade national des sports dans la nuit du vendredi 13 novembre 2015, suivis de fusillades en voiture et d’attentats suicides visant des cafés et des restaurants. Enfin, une attaque à l’arme à feu au théâtre du Bataclan lors d’un concert rock des Eagles of Death Metal a fait 90 morts.

À l’issue du plus grand procès pénal jamais organisé en France, un collège de juges a déclaré Abdeslam coupable de terrorisme.

Abdeslam a été condamné à perpétuité, la peine la plus sévère qui puisse être prononcée en vertu de la loi française. Il n’offre qu’une petite chance de libération conditionnelle après 30 ans.

Salah Abdeslam.
Salah Abdeslam.

Pendant 10 mois dans un tribunal spécialement construit et fortement gardé, des centaines de personnes qui ont survécu à l’attaque la plus meurtrière en temps de paix sur le sol français ont donné des détails choquants sur leur calvaire – qu’il s’agisse de ramper devant des cadavres au Bataclan, d’être pris en otage par des hommes armés ou d’esquiver les tirs de Kalachnikov aux tables des restaurants sur les trottoirs.

Neuf des 10 hommes qui ont frappé la ville sont morts cette nuit-là, se suicidant ou étant abattus par la police – dont le frère aîné d’Abdeslam, Brahim, qui a fait exploser un gilet explosif dans un bar parisien.

Abdeslam était le seul survivant. Il s’est rendu dans un bar du nord de Paris mais a ensuite jeté son gilet explosif dans une poubelle et a ensuite appelé des amis pour qu’ils viennent le chercher et le ramènent à Bruxelles.

Pendant des mois, il s’est caché à Bruxelles – où il avait grandi – pour échapper à l’une des plus grandes chasses à l’homme d’Europe.

Il a été arrêté en mars 2016 après une fusillade avec la police belge dans la banlieue bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean. Quelques jours après son arrestation, des kamikazes soupçonnés de faire partie de la même unité terroriste ont frappé à l’aéroport de Bruxelles et dans le métro de la ville, tuant 32 personnes et en blessant des centaines.

Les enquêteurs de Paris ont fait valoir qu’Abdeslam avait eu l’intention de se faire exploser dans un bar parisien la nuit des attentats du 13 novembre 2015, mais que son gilet explosif était défectueux. Il a fait valoir qu’il avait reculé à la dernière minute.

Il a été accusé d’avoir fourni un soutien crucial en matière de planification et de logistique, ainsi que d’avoir déposé des kamikazes au Stade de France en début de nuit.

Abdeslam est resté silencieux pendant des années après son arrestation en 2016.

Les procureurs ont souligné les contradictions dans le témoignage d’Abdeslam devant le tribunal spécial de Paris. Au début du procès, il avait prêté allégeance à l’État islamique et regretté que les explosifs attachés à son corps n’aient pas explosé.

Plus tard, il a dit qu’il avait changé d’avis lorsqu’il est arrivé au bar de Paris et a délibérément désactivé son gilet parce qu’il ne voulait pas tuer des gens « chantant et dansant » lors d’une soirée.

Il a déclaré que son frère aîné, qu’il avait toujours cherché à imiter et à impressionner, lui avait demandé à l’été 2015 de récupérer des combattants de l’État islamique revenant de Syrie en Europe et de les amener à Bruxelles. Les procureurs ont qualifié de faux son récit selon lequel il n’avait été convaincu de rejoindre l’unité que deux jours avant les attentats.

Le comportement d’Abdeslam a changé au cours du procès de 10 mois. En avril, il a présenté ses excuses aux victimes devant le tribunal et leur a demandé de « me haïr avec modération ». Dans ses derniers mots devant le tribunal lundi, il a dit qu’il avait « évolué ».

Il a évoqué ses conditions de détention à l’isolement, affirmant que cela avait été un « choc » au début d’être confronté à tant de personnes au tribunal. Mais il se sent désormais « apaisé » car il a réussi à retrouver un « semblant » de « vie sociale » en étant amené de sa cellule au tribunal.

« J’ai fait des erreurs, mais je ne suis pas un assassin. Je ne suis pas un tueur. Si vous me condamnez pour meurtre, vous commettez une injustice », a déclaré Abdeslam au tribunal cette semaine.

« Mes premiers mots sont pour les victimes. J’ai déjà dit désolé. Certains diront que mes excuses ne sont pas sincères, que c’est une stratégie… plus de 130 morts, plus de 400 victimes, qui peut s’excuser de si peu de sincérité pour tant de souffrance ?

Lors des plaidoiries de clôture lundi, l’avocate d’Abdelslam, Olivia Ronen, a déclaré aux juges que son client était le seul du groupe à ne pas avoir déclenché d’explosifs pour tuer d’autres personnes cette nuit-là. Il ne peut pas être condamné pour meurtre, a-t-elle soutenu. Abdeslam avait déclaré au tribunal qu’il n’était « pas un danger pour la société ».

Les procureurs avaient fait valoir qu’une peine d’emprisonnement à perpétuité était justifiée, affirmant que la réinsertion d’Abdeslam dans la société semblait impossible en raison de son « idéologie meurtrière ».

Au cours du procès, un avocat a demandé à Abdeslam comment il aimerait qu’on se souvienne de lui. « Je ne veux pas qu’on se souvienne de moi », a-t-il déclaré. « Je veux qu’on m’oublie pour toujours. Je n’ai pas choisi d’être la personne que je suis aujourd’hui.