L’ancien navire amiral de la marine française, le porte-avions USS Foch, battant pavillon brésilien en 2000, sera coulé dans l’Atlantique en raison de la détérioration de sa coque, ont indiqué les autorités brésiliennes dans ce que l’ONG a qualifié de « crime environnemental ».

Selon plusieurs organismes écologistes, l’ancien bâtiment de 266 mètres de long, classé « colis toxique de 30 000 tonnes » par l’association Robin de Bois, est rempli d’amiante, de peinture et d’autres déchets toxiques.

Mais la marine brésilienne estimait qu’il n’y avait pas d’autre choix, compte tenu de son état très dégradé, et qu’un « naufrage spontané » de la coque à long terme était inévitable.

« Face aux risques liés au remorquage et dus à l’usure de la coque (…), la seule solution est d’abandonner la coque en l’inondant de manière contrôlée », a expliqué la Marine dans un communiqué mercredi soir. avec le ministère brésilien de la Défense.

Le communiqué indique qu’une zone située à 350 kilomètres au large des côtes du Brésil à une profondeur de 5 000 mètres était considérée comme « la plus sûre » pour les inondations.

Il y a deux semaines, la Marine a annoncé avoir pris l’ancien porte-avions en remorque dans l’Atlantique. Auparavant, il était remorqué par le remorqueur néerlandais du chantier naval turc Sok Denizcilik.

L’ancien porte-avions français Foch a été rebaptisé Sao Paulo après avoir été capturé par le Brésil (AFP/Archive – EMMANUEL PAIN)

La marine a précisé que, compte tenu de son état de dégradation et de son « risque élevé » pour l’environnement, elle n’autoriserait pas son retour au port ou dans les eaux territoriales brésiliennes.

Plusieurs ONG ont alors fait part de leurs craintes que le Brésil commette un « crime environnemental ».

« La marine brésilienne doit être reconnue coupable de négligence. S’ils coulent ce navire hautement toxique au milieu de l’Atlantique, ils violeront sans raison valable trois traités internationaux sur l’environnement », a accusé Jim Puckett, directeur du Basel Action Network (BAN). .

– Opérations au Kosovo –

Le parquet fédéral a demandé au tribunal d’empêcher la marine de le couler, mais la demande a été rejetée mercredi par un tribunal de l’Etat de Pernambuco (nord-est).

Des marins sur le pont de l'ancien porte-avions français Foch à Brest, dans le nord-ouest de la France, le 1er février 2001. (AFP/Archive - EMMANUEL PAIN)Des marins sur le pont de l’ancien porte-avions français Foch à Brest, dans le nord-ouest de la France, le 1er février 2001. (AFP/Archive – EMMANUEL PAIN)

L’histoire de l’ancien vaisseau amiral de la marine, qui participa activement aux opérations aériennes de l’Otan contre la Yougoslavie au printemps 1999, lors de la crise du Kosovo, rappelle celle de son sister-ship, le Clemenceau.

Ce dernier a été démantelé en 2010 au Royaume-Uni après avoir été interdit en Inde en raison d’une vive polémique sur la présence d’amiante à bord.

Construit à la fin des années 1950 au chantier naval de Saint-Nazaire dans l’ouest de la France, le Foch a été en service dans la Marine nationale française pendant 37 ans.

Le navire, capable de catapulter des avions pesant entre 12 et 15 tonnes à une vitesse de décollage de 150 nœuds, a été acheté en 2000 par le Brésil, qui l’a rebaptisé São Paulo.

Mais en raison de sa vétusté et d’un certain nombre de problèmes liés notamment à un incendie en 2005, et aussi alors qu’il aurait coûté trop cher à moderniser, Brasilia a décidé de s’en débarrasser.

– indésirable –

Le chantier naval Sok Denizcilik l’a acheté à la ferraille en avril 2021 mais a menacé de l’abandonner faute de trouver de port pour l’accueillir.

En juin 2022, il a reçu l’autorisation des autorités brésiliennes de l’expédier en Turquie pour démantèlement.

Mais alors qu’il se trouve au niveau du détroit de Gibraltar fin août, les autorités environnementales turques ont fait comprendre qu’il n’était plus le bienvenu.

Le Brésil l’a forcé à faire demi-tour mais ne l’a pas autorisé à accoster, malgré la découverte de « dommages aggravés » à la coque.

Le porte-avions français Foch escorté par le pétrolier Meuse au large de la mer Adriatique en février 1994 (AFP/Archive - -)Le porte-avions français Foch escorté par le pétrolier Meuse au large de la mer Adriatique en février 1994 (AFP/Archive – -)

Le 19 janvier, le remorqueur néerlandais ALP Guard, agissant pour le compte du chantier naval, a commencé à s’éloigner des côtes brésiliennes après avoir passé plusieurs mois au large de Pernambuco.

Mais une décision de justice lui a interdit de naviguer dans les eaux internationales sans l’autorisation préalable des autorités brésiliennes.

C’est pourquoi l’agence environnementale étatique brésilienne Ibama, qui est responsable au Brésil de l’application de la Convention de Bâle sur les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux, a finalement requis l’intervention de la marine brésilienne.