Que sait-on de la présence de composés perfluorés dans l’environnement ? Inconnue du grand public, cette grande famille de produits chimiques, résistants à l’eau, aux graisses et même aux chaleurs les plus intenses, est utilisée dans l’industrie depuis des décennies. Le problème est que ces molécules, également appelées PFAS, sont également très persistantes dans l’environnement et sont particulièrement nocives pour notre santé. « Ils provoquent le cancer, perturbent nos systèmes hormonal et immunitaire, sont toxiques pour la reproduction, et peuvent même contribuer à l’hypercholestérolémie, à l’obésité ou aux maladies rénales », rappelait récemment Linda Birnbaum, directrice de l’Institut américain des sciences de l’environnement à L’Express. États jusqu’en 2019.

Si la toxicité de ces produits n’est plus démontrée, ils semblent néanmoins mal maîtrisés en France. C’est en tout cas la conclusion d’une enquête menée par le journaliste indépendant Martin Boudot avec le soutien de l’organisation non gouvernementale Générations Futures, dont la première partie sera diffusée par France 2. L’objet de leur enquête : un plate-forme chimique située au sud de Lyon, ou plutôt deux usines, Arkema et Daikin, dans la ville de Pierre-Bénite. Des prélèvements d’eau ont été effectués dans le Rhône à proximité de ces sites industriels, ainsi qu’à des robinets à différents endroits de la métropole, et des analyses de sol et d’air ont également été réalisées. Et les résultats sont sans appel : plusieurs PFAS ont été identifiés, parfois en très grand nombre. « Toute la zone est gravement contaminée et les niveaux trouvés nécessitent des mesures pour réduire l’exposition humaine aux PFAS », a déclaré le scientifique néerlandais Jakob de Boer, spécialiste de ces molécules qui a analysé les échantillons.

« Un vrai réveil »

« Trouver autant d’objets au même endroit est pour nous un véritable signal d’alarme. Nous demandons un inventaire national des sites industriels susceptibles de rejeter des PFAS et une surveillance accrue de ceux-ci », a déclaré le porte-parole François Veilerette. pour Générations Futures lors d’un point presse pour présenter ces résultats le mercredi 11 mai. À cet égard, une première étape a été franchie récemment en France avec la loi climat : elle stipule que le gouvernement doit remettre au Parlement un rapport sur la pollution des eaux et des sols par les PFAS d’ici août 2023.

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Face aux risques associés à ces produits, les agences gouvernementales du monde entier ont pris des mesures. Deux molécules, le PFOS et le PFOA, ont déjà été interdites en 2009 et 2019 dans le cadre de la Convention internationale de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP). Mais, comme c’est souvent le cas, il existe encore de nombreuses dérogations à leur utilisation dans l’Union européenne. Et surtout, la famille des composés perfluorés compte plusieurs milliers de molécules – le nombre exact n’est même pas connu. Il reste donc beaucoup à faire.

Pas de surveillance de l’eau potable avant 2026

Certains États sont plus développés que d’autres. Depuis juillet 2020, le Danemark a interdit l’utilisation de toutes ces molécules dans les emballages alimentaires. Et en 2021, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède et le Danemark ont ​​annoncé leur intention de restreindre la production, la mise sur le marché et l’utilisation de ces produits. « Mais il faut aller plus loin, et la France pourrait jouer un rôle moteur dans ce domaine au niveau européen », a insisté François Veyleret. Par exemple, en accélérant le calendrier de surveillance des PFAS dans l’eau potable, qui ne deviendra obligatoire qu’à partir de 2026 conformément à la réglementation européenne. Ou, « faire pression pour une interdiction précoce de l’utilisation de toute la famille PFAS », a ajouté l’activiste.

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Cependant, interdire ces produits ne suffit pas à résoudre le problème. En effet, la liaison carbone-fluor qui les caractérise est l’une des plus fortes de toute la chimie organique. Il est littéralement impossible de se décomposer, donc ces composés persisteront dans l’environnement. Des recherches seront nécessaires pour développer des procédés permettant de nettoyer à la fois l’eau et la pollution des sols. Vaste programme.

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