Le gouvernement français va verser des réparations à des milliers d’Algériens et de leurs familles qui ont été internés dans des camps en France après la guerre d’indépendance du pays d’Afrique du Nord. Cette mesure fait suite à un rapport d’une commission indépendante qui a demandé à ce que davantage de Harkis et de leurs proches soient éligibles pour demander une compensation pour avoir été forcés de vivre dans des conditions de vie déplorables il y a plusieurs décennies.

Les Harkis sont des Algériens qui ont été retenus pour combattre aux côtés des forces coloniales françaises ou en tant qu' »auxiliaires » lors de la guerre d’indépendance, entre 1954 et 1962. Jusqu’à 200 000 Algériens ont été recrutés pour ce rôle, et ont servi dans des unités mobiles appelées Harkis.

À la fin du conflit, Paris avait promis de s’occuper d’eux, mais les a ensuite laissés à eux-mêmes après l’indépendance signée en mars 1962. Nombreux sont ceux qui ont été pris au piège en Algérie et considérés comme des traîtres, ont été massacrés en représailles pour avoir soutenu les anciens maîtres coloniaux du pays.

Environ 42 000 Harkis et un nombre équivalent de proches qui ont fui en France ont été retenus dans des camps qui ont entraîné la mort de dizaines d’enfants entre 1962 et 1975. Le gouvernement français a d’abord refusé de reconnaître leur droit de rester, les obligeant à vivre dans des camps sordides.

Ce n’est qu’en 2016 que le président socialiste François Hollande a reconnu officiellement le rôle de l’État dans l’abandon des Harkis. En 2021, Emmanuel Macron a demandé « pardon » au nom de la France d’avoir laissé les Harkis et leurs familles livrés à eux-mêmes après l’indépendance.

En février 2022, le gouvernement français a reconnu la responsabilité de l’État pour les conditions d’accueil et de vie « indignes » sur son territoire et pour les souffrances et les traumatismes durables qui en ont résulté. Il a adopté une loi qui accorde des réparations aux personnes qui ont vécu dans 89 camps d’internement, allant jusqu’à 3 000 € pour ceux détenus pendant un an et 1 000 € supplémentaires pour chaque année subséquente.

Cependant, un rapport de la commission nationale indépendante pour la reconnaissance et la réparation des préjudices subis par les Harkis (CNIH) a identifié 45 nouveaux sites, comprenant des « camps militaires, des taudis, des baraques de transit », où jusqu’à 14 000 Harkis et leur famille ont été contraints de vivre. La décision d’élargir la possibilité pour les Harkis et leurs proches de demander une compensation est intervenue après la soumission du rapport du CNIH à la Première ministre française, Élisabeth Borne, lundi soir.

Patricia Mirallès, la secrétaire d’État chargée des anciens combattants et de la mémoire, a déclaré que cette décision contribuerait à « réparer une nouvelle injustice, y compris dans des régions où jusqu’à présent la souffrance des Harkis qui y vivent n’était pas reconnue ».

Le comportement de la France pendant et après la guerre pour l’indépendance de l’Algérie n’est qu’un exemple des héritages de son passé colonial qui restent non-résolus. Cela inclut les essais nucléaires dans la région du Pacifique de la Polynésie française et son rôle dans le génocide rwandais.

Points Importants:

  • Le gouvernement français va verser des réparations à des milliers d’Algériens et de leurs familles internés dans des camps en France après la guerre d’indépendance d’Algérie.
  • Les Harkis étaient des Algériens recrutés pour combattre aux côtés des forces coloniales françaises ou en tant qu’auxiliaires lors de la guerre d’indépendance.
  • Environ 42 000 Harkis et un nombre équivalent de proches qui ont fui en France ont été retenus dans des camps.
  • En février 2022, le gouvernement français a reconnu la responsabilité de l’État pour les conditions d’accueil et de vie « indignes » sur son territoire et a adopté une loi qui accorde des réparations.
  • En plus des 89 camps identifiés, un rapport de la commission nationale indépendante pour la reconnaissance et la réparation des préjudices subis par les Harkis (CNIH) a identifié 45 nouveaux sites, ce qui a conduit le gouvernement français à élargir la possibilité pour les Harkis et leurs proches de demander une compensation.