Des centaines de milliers de grévistes devaient manifester jeudi dans la rue à travers la France alors que les transports, les écoles et les raffineries étaient frappés par une action revendicative majeure contre les projets impopulaires d’Emmanuel Macron de relever l’âge de la retraite de deux ans à 64 ans.

Les marches ont commencé tôt dans les villes régionales, dont Nantes et Nice, alors que la police anti-émeute prenait position dans le centre de Paris avant une manifestation prévue dans l’après-midi. Les commerçants autour de la place de la République ont condamné les fenêtres et les devantures des magasins après que les autorités ont mis en garde contre une possibilité de vandalisme en bordure des marches ou de tactiques de style black bloc.

Les services ferroviaires locaux et régionaux à travers la France se sont presque arrêtés, les transports publics dans des villes comme Paris ont été « très perturbés » selon les opérateurs de transport, et une grande partie des lignes de train à grande vitesse à travers le pays ne fonctionnaient pas.

Le principal syndicat des enseignants a déclaré que 70% des enseignants du primaire étaient en grève, de nombreuses écoles fermant pour la journée. La radio et la télévision de service public ont également été perturbées, diffusant de la musique ou diffusant des rediffusions ; de nombreux théâtres ont été fermés. Certaines expéditions de raffineries ont été bloquées et la production d’énergie a diminué.

La grève de 24 heures et les manifestations dans 200 villes sont le premier grand test pour Macron depuis sa réélection contre sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen au printemps dernier.

Macron a fait de la question des retraites un marqueur de son ambition de transformer la France et de refondre son modèle social et sa protection sociale. Il insiste sur le fait qu’il tiendra sa promesse électorale clé de changer le système de retraite français – en augmentant l’âge de la retraite pour la plupart des gens de 62 à 64 ans et en augmentant les années de cotisations requises pour une retraite à taux plein. Les sondages d’opinion ont montré que la majorité des Français s’opposent à ces propositions et les considèrent comme « injustes », même si beaucoup sont d’accord avec un besoin de changement.

La question clé pour Macron et le gouvernement est de savoir si les syndicats, qui se sont réunis dans un front uni rare et historique pour la grève de 24 heures de ce jeudi, vont exploiter la colère du public dans un mouvement de protestation sociale plus large et voter pour la poursuite de l’action revendicative jeudi. nuit. Certains lycéens ont bloqué des lycées jeudi matin, le gouvernement craignant que les jeunes des écoles et des universités ne mènent leurs propres manifestations.

Macron reste conscient de l’héritage des gilets jaunes (gilets jaunes) mouvement de protestation antigouvernemental qui a éclaté en 2018 à partir de zéro, sans direction syndicale, prenant le gouvernement par surprise. Il n’est pas certain que la colère suscitée par le changement des retraites et le coût de la vie puisse gonfler les protestations actuelles. En 2019, une précédente tentative de changement des retraites par Macron s’était heurtée aux grèves ferroviaires les plus longues en France depuis mai 1968, et ces plans de refonte des retraites ont été mis de côté pendant la pandémie de Covid.

Éric Woerth, ancien ministre sous la droite de Nicolas Sarkozy, qui fait désormais partie du parti de Macron, a déclaré au Monde que les politiciens ne devraient pas « sous-estimer » l’humeur sur les changements de retraites, affirmant que « la confrontation se jouera dans les rues ».

Philippe Martinez, chef du syndicat d’extrême gauche CGT, a déclaré au radiodiffuseur Public Senat que le changement prévu des retraites « regroupe le mécontentement de chacun » à l’égard du gouvernement. Il a déclaré que le rare front uni des représentants des travailleurs montrait que « le problème est très grave ». Il a ajouté : « Ce sera un grand jour de mobilisation, surtout avec tous les syndicats sur la même longueur d’onde ». Il a qualifié les modifications des retraites d' »injustes », de « dogmatiques et idéologiques ».

Laurent Berger, le chef du plus grand syndicat français, la CFDT modérée, a déclaré à BFMTV : « Il y a beaucoup de colère. »

Les modifications des retraites doivent encore passer par le Parlement, où le groupe centriste de Macron a perdu sa majorité absolue. Le gouvernement espère faire adopter le projet de loi rapidement avec le soutien des législateurs de la droite Les Républicains.

Le gouvernement dit vouloir maîtriser les dépenses publiques. « Cette réforme est nécessaire et juste », a déclaré jeudi à LCI TV le ministre du Travail, Olivier Dussopt, après que les syndicats aient critiqué Macron pour son absence à Barcelone pour un sommet franco-espagnol. Dussopt a déclaré que le droit de grève était protégé en France mais il ne voulait pas que le pays soit « bloqué ».

Le ministère du Travail estime que repousser l’âge de la retraite de deux ans et prolonger la période de cotisation apporterait 17,7 milliards d’euros supplémentaires (15,5 milliards de livres sterling) de cotisations de retraite, permettant au système d’atteindre le seuil de rentabilité d’ici 2027.

Les syndicats disent que les travailleurs ordinaires seraient touchés et que les changements étaient injustes.