La candidate présidentielle de droite Valérie Pécresse a promis de réécrire la constitution française afin de lutter contre la criminalité et l’immigration clandestine, alors qu’elle tentait de relancer une campagne en berne qui risque d’imploser son parti si elle n’atteint pas le tour final le mois prochain.

« Je veux montrer que je suis prêt à gouverner », a déclaré Pécresse aux journalistes à Paris, promettant de « rétablir l’ordre dans les rues et sur les comptes publics ».

Peu de temps après, l’équipe de Pécresse a annoncé qu’elle avait Covid et qu’elle se retirerait des apparitions publiques pour les prochains jours.

Les sondages de cette semaine ont montré que Pécresse sombrait dans une cinquième position dommageable. L’ambiance est manifestement tendue chez Les Républicains, le parti traditionnel de droite de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui pourrait éclater dans des querelles idéologiques si Pécresse ne se qualifie pas pour la finale du second tour le 24 avril.

Un sondage Ipsos pour France Info et Le Parisien cette semaine plaçait Pécresse à 9,5% au premier tour du 10 avril, loin derrière le président centriste Emmanuel Macron, à 29,5%, et l’extrême droite Marine Le Pen, à 18,5%, qui devraient se qualifier pour la finale. Pécresse a également chuté derrière Jean-Luc Mélenchon, d’extrême gauche, à 12,5%, alors qu’il gagne du terrain, et le commentateur télé d’extrême droite Éric Zemmour, à 11%.

A Paris, Pécresse a été interrogée sur les électeurs préférant l’extrême droite à son programme, peu importe à quel point elle durcit sa position sur l’immigration. Elle a dit : « Mon programme est plus précis que le leur, il a tous les fondamentaux pour mettre fin à l’immigration clandestine ».

Selon elle, il s’agit désormais de lutter contre l’abstentionnisme et de rallier les électeurs en arguant de l’expérience et de la rigueur budgétaire de son parti.

Pécresse a déclaré que ses modifications à la constitution introduiraient des peines de prison minimales pour certains crimes, des quotas d’immigration et limiteraient le port du foulard musulman dans certains espaces publics, notamment en interdisant le port du foulard aux joueurs lors d’événements sportifs. Aucun foulard ne serait porté par les mères accompagnant les voyages scolaires, a-t-elle déclaré. Elle a fait référence à sa propre répression des maillots de bain intégraux en tant que chef de la région Île-de-France, qui comprend Paris et ses environs, en disant: « Il n’y aura pas de burkinis dans les piscines de la République. »

Pécresse tente d’empêcher les sympathisants du parti de choisir Macron, dont le programme couvre un terrain similaire au sien sur certaines questions, notamment le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans.

Éric Ciotti, un partisan de la ligne dure qui s’était présenté contre Pécresse lors de la primaire interne des Républicains, a refusé de répondre à une question sur la santé de son parti, déclarant: « Je répondrai à cela le jour du premier tour. » Mais il a ajouté que le débat « est toujours ouvert » dans la course présidentielle.

« Tout n’est pas foutu pour la droite », a déclaré cette semaine Xavier Bertrand, un autre ancien rival de la primaire, à la radio française, affirmant que les 10 derniers jours de la campagne seraient cruciaux.

Olivier Rouquan, du Centre des sciences administratives et politiques de l’Université de Paris, a déclaré: « Il est clair que si Les Républicains ne se rendent pas au second tour de l’élection présidentielle, il sera difficile d’éviter une implosion. »

Il a déclaré qu’un certain nombre de législateurs du parti pourraient être tentés de sauter dans le camp de Macron afin d’obtenir une réélection aux élections législatives de juin. « Il y aura une recomposition de la droite et certains des Républicains y participeront, mais pas comme on connaît le parti – une autre force politique va émerger… Le parti sera affaibli si Valérie Pécresse ne se rend pas au second tour .”

Il a déclaré que les difficultés de Pécresse ont commencé par le fait qu’elle a remporté la primaire de son parti par une marge étroite et qu’elle devait donc s’adapter aux opinions des partis concurrents. Ajouté à cela, l’extrême droite Le Pen tenait le centre de gravité à droite dans les sondages. Pécresse avait aussi du mal à « incarner » la campagne et à placer ses idées au centre du débat public.