Parce qu’à Sciences et Avenir on aime la science, même le week-end, si ce n’est pas la norme : cet article est né d’une expérience personnelle… Un samedi matin ensoleillé, nous nous promenons tous les trois avec notre fille de six mois. Direction l’Ecole Normale Supérieure (ENS) rue Ulm, dans le 5ème arrondissement de Paris, pour une sortie hors du commun pour toute la famille. La France compte l’un des sept BabyLabs animés par des chercheurs spécialisés dans l’étude de la cognition chez les nourrissons et les enfants de moins de 6 ans.

Participation volontaire nécessitant une demi-heure

Tout a commencé par une lettre reçue à la maison, dans laquelle le BabyLab parisien demandait l’inscription de notre fille. « Nous avons la chance d’avoir un partenariat avec le bureau d’état civil, ce qui nous permet d’être en contact avec les parents de nouveau-nés », explique Ann-Caroline Fieve, responsable de BabyLab. Un objet qui fait l’envie des pays environnants, pour lesquels le jeu de cobayes est plus difficile. L’inscription se fait par e-mail ou par retour de courrier et est sans engagement, à l’exception de la réception d’offres de participation aux recherches en cours.

Chez BabyLab, la véritable expérience se déroule dans un grand cube isolé du reste de la pièce. Crédits : Camille Gobert.

Quelques semaines après l’inscription de ma fille, nous avons reçu notre première offre. C’est un travail d’acquisition du langage auquel nous avons décidé de participer. Certaines recherches peuvent se faire à la maison, mais ce n’est pas le cas : il faut prévoir environ une demi-heure sur place – dans le créneau horaire que l’on a choisi – comprenant à peine 5 minutes d’expérimentation efficace avec l’enfant.

ILLUSTRATION DES DÉCOUVERTES DE BABYLAB. Votre temps passé devant un écran affecte-t-il l’apprentissage des langues de votre enfant ? Un enfant bilingue apprend-il plus vite si les deux langues sont similaires ? Comment renforcer les compétences linguistiques d’un enfant autiste ? Trouvez des réponses à toutes ces questions et bien plus encore sur Kotoboo, créé par des bénévoles et des chercheurs passionnés du langage à partir des découvertes scientifiques de BabyLabs.

Chaise devant l’écran

Dans le laboratoire, une série d’écrans montés au-dessus d’une table jouxtent un grand cube, assez grand pour que plusieurs adultes puissent y entrer. Véritable élément de la pièce, il est orné de dizaines d’autocollants d’animaux qui le rendent moins impressionnant. A l’intérieur, aux murs recouverts de tissu noir, une simple chaise fait face à un paravent pouvant accueillir un parent avec un enfant sur les genoux.

Intérieur de la salle expérimentale du BabyLab. Crédit : Camille Gobert.

Portant des écouteurs, pour ne pas risquer sa progéniture, le parent écoute tranquillement de la musique tandis que des formes s’affichent à l’écran, accompagnées de sons pour attirer l’attention du bébé. Devant les ordinateurs à l’extérieur de la cabine, les chercheurs peuvent suivre le regard de l’enfant. « Nous pensons que lorsqu’un enfant détourne le regard après avoir regardé l’écran pendant un moment, cela signifie qu’il ne s’intéresse pas à ce qui s’y passe, qu’il est parti », explique Ann-Carolyn Fieve. À ce moment, le chercheur change ce qui est à l’écran, et si le bébé est capable de saisir la différence, il observera un regain d’intérêt.. C’est à partir de ce postulat que une expérience qui devra être suivie par environ 40 bébés différents avant que les résultats puissent être analysés. Objectif : Comprendre si les nourrissons établissent des associations entre le son et l’image dès le plus jeune âge.

« Pas de dépistages avant 3 ans », insistent les autorités sanitaires. Mais que les parents se rassurent : si cette recommandation peut s’appliquer lorsqu’il s’agit d’exposition longue durée et passive (par exemple, une télé qui tourne à la maison en arrière-plan), la science est beaucoup plus subtile. Les écrans à faible dose peuvent même servir d’outil pédagogique pour l’interaction avec un adulte, de sorte que les quelques minutes nécessaires à l’étude n’auront pas d’effet négatif sur l’enfant.

À l’extérieur de la salle d’expérimentation isolée, les chercheurs suivent le regard du bébé avec des caméras. Crédit : Camille Gobert.

Si le recrutement des nourrissons est principalement motivé par les lettres, les chercheurs de BabyLabs il est également possible de contacter simplement par e-mail, qui peut être trouvé sur les sites Web respectifs (voir la liste ci-dessous). Et comme récompense, en plus de la satisfaction de l’utilité de la recherche scientifique et d’agréables souvenirs, vous repartirez avec un beau diplôme au nom et avec une photo de votre enfant !

BABYLABS EN FRANCE.

PARIS

BabyLab de l’Ecole Normale Supérieure

BabyLab Université Paris-Cité

ÎLE DE FRANCE

NeuroKidsLab à Gif-sur-Yvette

BabyLab Université Paris Nanterre

AILLEURS EN FRANCE

Lyon Baby Lab

Babylab grenoblois

BabyLab Aix-Marseille Université