De l’autre côté de la Manche, dans une France fièrement républicaine, la mort de la reine Elizabeth II a provoqué une réaction émotionnelle inattendue reflétant une affection profonde et de longue date pour le monarque britannique.

Les principaux journaux ont rendu hommage à la reine à la une des éditions de vendredi.

Le centre-gauche Libération a consacré toute sa couverture à une photographie en noir et blanc d’elle prise par Cecil Beaton en 1968 avec les mots La peine d’Angleterre – un jeu de mots reine (reine) et peine (chagrin) – et un spécial de 17 pages.

Dans un éditorial, le journal écrit : « Seul Louis XIV a eu un règne plus long. La mort de la reine d’Angleterre (sic), annoncée jeudi soir par Buckingham Palace, a envoyé une onde de choc à travers le monde, tant elle était naturelle et déstabilisante à la fois. La phrase « La reine est morte » a été prononcée.

Le centre-droit Le Figaro portait également une grande photo de la reine avec le titre L’adieu à la reine (Adieu à la Reine). « Le Royaume-Uni pleure pour son monarque. Sa mort suscite une vague d’émotion dans le monde entier », écrit-il.

Le Parisien a produit une édition spéciale, consacrant sa première page à la reine et le titre: Nous l’avons tant aimée (Nous l’aimions tellement). Sa couverture intérieure de 13 pages comprenait des photographies d’Elizabeth II rencontrant tous les présidents français depuis Charles de Gaulle sous le titre : Une love story avec la France.

Même les journaux locaux, dont Le Télégramme, Sud Ouest, Nice Matin et La Provence, ont effacé leurs premières pages prévues pour publier l’histoire. Parmi les plus simples et les plus émouvantes figurait Corse Matin, dont la Une était entièrement occupé par une sombre photographie en noir et blanc et les mots « the Queen ».

Le Monde a également choisi une photographie en noir et blanc en première page et publié un supplément spécial de 12 pages.

S’il subsistait le moindre doute quant à savoir si Emmanuel Macron était « ami ou ennemi » – une question sur laquelle Liz Truss estimait que le jury était sorti – le verdict est tombé dans un communiqué du Palais de l’Élysée jeudi soir.

« Elle ne faisait qu’un avec sa nation : elle incarnait un peuple, un territoire et une volonté commune. Et la stabilité : au-dessus de toutes les fluctuations et bouleversements de la politique, elle représentait un sentiment d’éternité », a écrit Macron.

Il a ajouté : « Elle avait un statut particulier en France et une place particulière dans le cœur des Français. Aucun souverain étranger n’a plus souvent gravi les marches du palais de l’Élysée qu’elle, qui a honoré la France de six visites d’État et rencontré chacun de ses présidents. Pour elle, le français n’était pas une simple relique de l’ascendance normande qui persistait dans tant de coutumes, mais une langue intime et chère. La reine des 16 royaumes aimait la France, qui l’aimait en retour. Ce soir, les habitants du Royaume-Uni et du Commonwealth pleurent leur reine. Le peuple de France se joint à eux dans leur deuil.

Vendredi, dans un adresse de déménagement en anglais à « Chers citoyens du Royaume-Uni et du Commonwealth », Macron a ajouté : « Sa sagesse et son empathie nous ont tous aidés à nous frayer un chemin à travers les hauts et les bas historiques des sept dernières décennies. Avec son décès, nous ressentons tous un vide.

« Nous lui sommes reconnaissants de sa profonde affection pour la France. Elizabeth II maîtrisait notre langue, aimait notre culture et touchait nos cœurs.