En discutant avec des voisins, le couple apprend que plus de 1 700 plants de cannabis ont été saisis dans leur sous-sol en 2011. Le responsable de cette culture intense a été arrêté lors d’une perquisition et condamné à 15 mois de prison.

Suite à cette nouvelle inquiétante, les propriétaires décident de faire estimer leur propriété par un évaluateur agréé. Les conclusions de son rapport sont dévastatrices, car la perte de valeur causée par cette culture intensive est de 90 000 $.

Non seulement nous étions coincés avec une maison que nous pourrions avoir du mal à revendre, mais nous savions tout de suite que notre investissement venait de fondre. Qu’on fasse des réparations ou pas, il y a des gens qui ne veulent pas toucher à ces maisons. »

Citation de Mark Lalande

Marc Lalande et Suzanne Ouellet n’auraient pas acheté leur maison s’ils avaient su qu’il y avait déjà une plantation de cannabis.

Photo : Radio-Canada/Martin Brunet

Selon Pierre Goudreau, président de l’Ordre des procureurs du Québec, il est clair que dans ce contexte, les acheteurs potentiels tenteront d’obtenir un rabais, surtout dans un marché déprimé.

En 2006, La Facture racontait l’histoire d’un couple ayant vécu la même chose que Lalande-Huelier. Il a été pris en otage par une ancienne culture de cannabis qui s’est produite avant l’achat de la maison. Pour le chef de l’Association des courtiers et agents immobiliers du Québec, Robert Nadeau, cette situation était inacceptable et il a exigé l’accès au registre de toutes les maisons fouillées.

Si un tel registre existait, un courtier ou un agent de bonne foi qui aurait accès au registre serait certainement en mesure d’informer directement le public. »

Citation de Robert Nadeau

Portrait de Robert Nadeau.

Robert Nadeau, qui a dirigé pendant plusieurs années l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), milite pour la création d’un registre des résidences où les plantations illicites de cannabis sont perquisitionnées.

Photo : Radio-Canada/Martin Brunet

À l’époque, le ministère de la Sécurité publique du Québec avait dit qu’il trouvait la proposition très intéressante. Dix-sept ans plus tard, malheureusement, on constate que le registre n’a jamais vu le jour et que l’agence a abandonné l’idée de sa création. Selon lui, il ne lui appartient pas de répertorier les perquisitions effectuées par la police, et qu’un tel registre serait incomplet, puisque sans perquisition il ne trouverait pas de maisons dans lesquelles la culture du chanvre a eu lieu. Il n’a pas été possible d’obtenir une entrevue avec l’actuel ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.

De son côté, l’Organisme d’autoréglementation des Courtiers Immobiliers du Québec, l’OACIQ, qui contrôle les courtiers, est aussi beaucoup plus réticent quant à l’existence d’un tel registre, comme nous l’a dit sa porte-parole Caroline Champagne.

Le rôle de l’OACIQ est d’encadrer, d’éduquer puis d’inspecter les courtiers conformément à la loi. »

Citation de Caroline Champagne

Portrait de Caroline Champagne.

L’Organisme d’autoréglementation des Courtiers Immobiliers du Québec (OACIQ) est beaucoup plus réticent quant à l’existence d’un registre de recherche de cannabis, comme le suggère Caroline Champagne, vice-présidente de la Structure OACIQ.

Photo: Radio Canada / Jean-Philippe Pelletier

Cependant, comme le soulignait Robert Nadeau, qui a dirigé l’OACIQ jusqu’en 2015, le rôle premier de l’organisme est de protéger le public.

Si j’étais encore là, ce serait ma priorité. Protection de la population, protection de la santé des personnes qui seront dans ce type de maison. Comme le cadastre, il s’agit d’un élément de base pour tout courtier. »

Citation de Robert Nadeau

Pierre Goudreau de l’Ordre des arpenteurs-géomètres agréés du Québec croit qu’un tel registre servira également les intérêts de ses membres et du grand public, comme c’est le cas d’un cadastre pollué.

Suzanne Ouellet croit que les gens travaillent fort et économisent pour acheter une maison. Il y a des informations importantes qu’ils doivent connaître afin de bien protéger leur propriété.

Le reportage d’Yvan Lamontand et Claude Laflamme est diffusé sur La Facture les mardis à 19h30 et les samedis à 12h30 sur ICI Télé.