Un film qui galvanise et qui prône l’émancipation
Voici un film qui se présente comme un vibrant hymne à l’émancipation, n’ayant pas peur de peindre sa romance avec de larges coups de pinceau audacieux. Parfois excessif, ce film est porté par un tourbillon d’émotions qui entraîne tout sur son passage. Cette déferlante est amplifiée par l’utilisation de chansons populaires de Neil Diamond et d’autres artistes bien connus, transformant ainsi le film en une comédie musicale improvisée qui permet à la scénariste-réalisatrice Janis Pugh de mettre en scène des séquences de danse (relativement) élaborées et de grands moments émotionnels.
- L’héroïne principale est Helen, une employée épuisée d’une usine de transformation de volaille, interprétée par Louise Brealey.
- Helen a une situation domestique compliquée : elle vit dans la même maison de mauvaise qualité que son mari rustre Gary, dont elle est séparée mais apparemment pas divorcée, et partage l’espace avec sa nouvelle petite amie, Amy, qui est beaucoup plus jeune, ainsi que leur bébé récemment arrivé.
- La mère de Gary, Gwen, atteinte d’une maladie terminale, vit également sur les lieux. Helen s’occupe d’elle et est une figure quasi maternelle à laquelle Helen semble aspirer.
- Un chœur bruyant de collègues d’Helen à l’usine constitue un contrepoint aux malheurs intérieurs et renfermés d’Helen, du moins au début.
La situation change avec l’arrivée de Joanne, une voisine flamboyante qui revient en ville, interprétée par Annabel Scholey. Il s’avère qu’elle a toujours fasciné Helen depuis leurs années d’école, il y a 20 ans, même si, nous comprenons, elles se parlaient à peine. Mais il ne faut pas longtemps avant que Joanne ne débarque à l’usine avec sa voiture de sport et son ghetto blaster, entraînant Helen dans une romance où une tête de mannequin de magasin détachée et une paire d’échasses jouent un rôle significatif. Joanne n’est pas aussi sans problèmes qu’elle le laisse paraître : elle a aussi son propre passé d’ennuis et d’humiliations à affronter.
Le film de Pugh mélange le réalisme misérabiliste britannique avec une pointe d’insouciance : la première scène, par exemple, met en scène une fleur de pissenlit flottante qui rappelle de manière amusante les touffes d’herbes qui se déplacent dans The Big Lebowski des frères Coen, et l’une des chansons musicales se transforme en une bataille géante de carcasses de poulets à l’intérieur de l’usine. (Il faut espérer que les volailles n’étaient pas réelles.) En revanche, Pugh réalise une scène véritablement angoissante dans laquelle Gary, jusqu’alors un peu comme un vilain de pantomime, perd totalement le contrôle lors d’un enterrement, avec des résultats terrifiants pendant un bref instant. Les deux actrices principales sont excellentes, et notamment Brealey qui gère avec brio les variations d’émotions – des confidences avec Gwen, des désaccords amers avec Gary, ainsi que des moments de chant survoltés et excessifs. Au final, le film de Pugh aspire indéniablement à réchauffer les cœurs, et il y parvient avec brio.