ce que disent vraiment les études › Geeky News

Une fois de plus, les réseaux sociaux démontrent leur extraordinaire capacité à faire résonner l’actualité. Un podcast diffusé par Slate a suffi pour que le monde entier s’intéresse au cas de cet Américain infecté par le Sars-CoV-2 et dont le pénis a rétréci d’environ 4 centimètres. Sans surprise, l’émotion autour de ce témoignage agit comme un miroir déformé. « Dans PubMed [NDLR : un registre mondial d’études scientifiques], il n’existe à ce jour aucun travail spécifique faisant état d’un risque accru de raccourcissement du pénis chez les patients ayant contracté le Covid, pointe François-Xavier Madec, chirurgien urologue à l’hôpital Foch de Suresnes. « Soyons raisonnables. Il ne faut pas croire que tous les hommes qui attrapent le Covid subiront une diminution de leur organe sexuel », renchérit le Dr Antoine Faix, chirurgien urologue à Montpellier et membre de l’Association française d’urologie (AFU). Pour ce spécialiste, le témoignage diffusé par Slate a tout de même un effet positif : celui de mettre en lumière les troubles sexuels liés au Covid, un domaine trop peu médiatisé selon lui.

« Maintenant, nous avons une littérature scientifique qui confirme que le Covid aurait un impact sur la sexualité des hommes et notamment sur leurs érections. Selon les travaux les plus récents menés par des chercheurs américains et italiens, un homme contaminé par le Covid aurait entre 1, 2 et 3 fois plus de risques de développer ce type de complication par rapport à une personne qui ne souffre pas de la maladie », explique François-Xavier. Madec. Certains posts parlent désormais de Covid sexuel prolongé. « Le terme est volontairement accrocheur, commente Antoine Faix. Pourtant, le long Covid a souvent des effets indirects sur la sexualité, souligne l’expert. Par exemple, si un patient développe des problèmes respiratoires, une fatigue chronique, une confusion mentale ou des douleurs articulaires, cela affectera sans aucun doute négativement ses capacités. De même, la perte de goût ou d’odorat peut réduire les fringales.

« Comme toute pathologie grave, le Covid pourrait aussi entraîner une carence en testostérone, l’un des moteurs de la sexualité », ajoute Antoine Faix. Enfin, les règles de distanciation sociale n’encouragent pas non plus les démarches. Le baiser classique, qui permet très souvent l’initiation à la sexualité, est déconseillé car une contamination par la salive est possible. Bien sûr, il existe d’autres liens plus directs entre le coronavirus et les troubles sexuels. « Les biopsies réalisées sur des patients Covid ont montré des dommages aux cellules endothéliales. Ceux-ci jouent un rôle extrêmement important. Situés à la périphérie des vaisseaux, ils augmentent le flux sanguin vers le pénis lors d’une érection », explique le Dr Madec. « En cas de dysfonctionnement endothélial, le signal d’érection peut ne pas être donné », abonde Antoine Faix. Occasionnellement, l’épidémie de Sars-CoV-2 se traduit par des cas de priapisme. A ce moment, le pénis est verrouillé en position dressée.

Incertitude sur la durée des effets.

« Ici, l’hyperviscosité du sang liée au manque d’oxygène provoque une congestion du pénis. C’est extrêmement grave et les conséquences peuvent être permanentes », explique Antoine Faix. Heureusement, la littérature scientifique ne mentionne à ce jour que quatre cas de priapisme. Mais si l’on tient compte des effets indirects, beaucoup d’hommes sont touchés par la dysfonction érectile. « Selon une récente étude réalisée sur une centaine de personnes, 30 % des patients ayant eu le Covid en souffrent. Ce n’est rien. Dans nos consultations, nous voyons des hommes de plus de 50 ans, fumeurs ou légèrement en surpoids. Ces profils sont plus susceptibles d’évoluer vers des troubles sexuels que les plus jeunes, avec une certaine « marge physiologique ». Dès lors, le Covid agit comme un facteur de risque supplémentaire », explique le médecin.

Les dommages causés sont-ils réversibles ? « C’est toute la question. Il nous manque encore des études et surtout un suivi à plus long terme des patients infectés pour y répondre. Nous avons détecté des anomalies au niveau des cellules endothéliales du pénis, une augmentation des troubles de l’érection à plus de six mois d’infection au Covid. On sait aussi que le tissu érectile, une fois endommagé, ne se renouvelle pas », précise François-Xavier Madec. En agissant au niveau des cellules endothéliales pour renforcer la rigidité du pénis et prolonger l’érection, le Viagra permet de soigner certains patients.

« Mais peut-être que les fumeurs, les diabétiques, les personnes âgées ou les personnes souffrant d’hypertension artérielle retrouvent moins de fonction que les autres. Elle n’a pas été plus souvent mise en avant dans les médias, estime Antoine Faix. Après tout, il y a une raison supplémentaire de se faire vacciner.

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