Un tribunal anti-terroriste français a condamné vendredi trois personnes pour avoir tenté d’attaquer le président Emmanuel Macron à l’issue d’un procès qui a braqué les projecteurs sur un groupe en ligne radical d’extrême droite.

Les trois hommes, qui faisaient partie d’un groupe Facebook connu sous le nom de « Barjols », ont été reconnus coupables de complot en vue de commettre un acte terroriste après que le tribunal eut entendu comment ils avaient discuté de l’utilisation d’un couteau en céramique pour poignarder Macron en 2018 lors d’une commémoration de la Première Guerre mondiale.

Jean-Pierre Bouyer, un ancien mécanicien de 66 ans, a été condamné à la peine la plus longue de quatre ans de prison, dont un an avec sursis, bien en deçà de la peine maximale de 10 ans de prison pour l’infraction.

Il a été arrêté le 6 novembre 2018, avec trois autres personnes dans l’est de la Moselle. La police a trouvé un couteau de style commando et un gilet militaire dans sa voiture ainsi que trois armes à feu à son domicile.

Deux autres personnes arrêtées avec lui ont été condamnées à des peines de prison plus courtes, tandis que neuf coaccusés et confrères des « Barjols » ont été innocentés.

Un 13e membre a été condamné à une peine avec sursis pour possession illégale d’une arme à feu.

Depuis le début du procès à la mi-janvier, le tribunal a entendu les détails des réunions alimentées par l’alcool du groupe et des discussions en ligne souvent racistes sur la migration, leur peur d’une guerre civile et leur haine de Macron.

L’affaire a également soulevé des questions sur le moment où les complots en ligne et les fantasmes violents deviennent criminels, les avocats de la défense affirmant que l’accusation manquait de preuves d’un réel désir d’agir.

L’avocate de Bouyer, Olivia Ronen, a déclaré aux journalistes qu’elle regrettait que les juges n’aient pas reconnu que « cette affaire était démesurée, qu’il n’y avait aucune preuve tangible pour condamner ».

« Le tribunal s’est retrouvé un peu au milieu de la route », a déclaré son collègue avocat de la défense François Ormillien, soulignant les verdicts de culpabilité mais des peines « extrêmement légères ».

Les trois principaux accusés devraient interjeter appel.

« Ils m’enferment pour des choses que j’ai dites. J’ai le droit de m’exprimer », a déclaré à l’AFP l’un d’eux, Mickaël Iber, ajoutant qu’il avait été détenu pendant 50 mois dans l’attente de son procès.

La procureure en chef avait qualifié le groupe d' »incubateur d’actions violentes » lorsqu’elle avait résumé ses arguments contre les 13 accusés, dont presque tous n’avaient pas de casier judiciaire.

Leurs idées pouvaient sembler « farfelues » mais « la menace était réelle », dit-elle. Ils ressemblaient aux extrémistes islamistes dans leur « fascination pour la violence » et leur animosité envers les personnes qu’ils percevaient comme des ennemis, a-t-elle ajouté.

Le groupe s’est formé sur Facebook en 2017 au lendemain de plusieurs années d’attentats jihadistes meurtriers en France, notamment au magazine Charlie Hebdo et à la salle de concert du Bataclan à Paris.

« J’étais tellement furieuse, tellement en colère que j’aurais pu dire cela », a déclaré au tribunal une accusée, une femme de 55 ans nommée « Natalie C », interrogée sur une idée qu’elle avait exprimée d’enlèvement et d’incendie de musulmans. Elle a finalement été acquittée des charges retenues contre elle.

Les avocats de la défense ont cherché à dépeindre leurs clients comme des personnes marginalisées et aigries de la France rurale, tous partisans du mouvement antigouvernemental des gilets jaunes qui sont descendus dans la rue en 2018 pour dénoncer Macron.

Ce mouvement, qui a surgi spontanément, s’est nourri des griefs de la France rurale et des petites villes concernant le coût de la vie et les taxes sur les carburants, ainsi que de l’arrogance et du mépris perçus de Macron pour les gens de la classe ouvrière.