Chaque samedi Louison se met dans la peau de celui qui (ou presque) a fait l’actualité et présente son journal de bord.

lundi 2 mai

Chers camarades, chers camarades, bonjour et bienvenue à cette assemblée générale exceptionnelle. Le Parti socialiste vous parle. Ne regardez pas autour de vous, ne vous demandez pas si le voisin de gauche ou le voisin de droite dit, le Parti socialiste n’est pas un être de chair, pas même un être de lumière.

Le Parti socialiste, c’est moi, l’idée, la perspective, bien sûr, l’histoire, les conquêtes aussi, et surtout, du moins pour l’instant, un nid à merde. Attachez vos ceintures et vos cotisations, nous traversons une semaine tumultueuse qui nous fera pleurer la soirée du 21 avril 2002 avec tendresse et nostalgie. Ou que vous n’étiez pas pompier lors du défilé du 1er mai.

mardi 3 mai

Chers camarades, chers camarades, bonjour et bienvenue à cette assemblée générale un peu moins exclusive. Comme vous le savez, ça commence à devenir un peu embêtant à cause de la carte de membre. L’ambiance est festive, comme Ségolène Royal aux primaires de 2011, comme Benoît Amon à la présidentielle de 2017, ou comme Anne Hidalgo en 2022.

Mais dans tout cet océan de quelques choses sans espoir, je voudrais vous rappeler, chers camarades, qu’il y a toujours pire que nous. Non, je ne parle pas de ces pauvres femmes aux États-Unis qui sont menacées de revenir cinquante ans en arrière quand elles voient la Cour suprême leur retirer leur droit à se faire avorter, même si c’est terrible. Non, je parle des électeurs de la 5e circonscription française vivant à l’étranger, qui dans quelques semaines vont eux aussi faire face à ce qu’on pensait ne plus jamais revoir : le scrutin de Manuel Valls.

mercredi 4 mai

Chers camarades, chers camarades, bonjour et bienvenue à cette assemblée générale presque pas trop exceptionnelle. L’heure est grave, et Bernard Cassenev a une affaire. Désolé, Bernard Cazenev a craqué. Nous sommes devenus plus petits depuis que nous sommes partis en banlieue, et nous avons attribué cela au fait que c’était moins pratique en termes de transport que lorsque nous étions à Solférino.

Mais là, tu vois, c’est difficile de faire comme si tu ne comprenais pas pourquoi certains camarades sont réticents, car Bernard, je pense, ne voyage pas trop en métro. Alors il y a peut-être du PS dans Nupes, je suppose qu’il va falloir arrêter de jouer au Scrabble avant que ça se transforme en boudin noir et que la rose socialiste se transforme vite en pot-pourri.

jeudi 5 mai

Chers camarades, chers camarades, bonjour et bienvenue à cette assemblée générale, exceptionnelle que de nom. En parlant de noms, je viens de voir que la Marche de la République a connu le changement de nom le plus brutal de l’histoire du monde moderne depuis que Raider est devenu Twix. Désormais, vous devriez l’appeler « Renaissance », même si cela ressemble à une crème anti-rides.

Dommage qu’on ne puisse pas être rebaptisé « YOLO » ici au Parti Socialiste, car comme un sigle ça collerait bien avec l’ambiance générale. Ah, je peux vous dire que j’ai une petite glotte quand je repense aux belles années, 1997, où les gauchistes au pluriel recueillaient autant d’amour que la naissance d’un bébé panda. Bon, nous n’étions pas champions du monde et pas un jour ne passait sans voir le visage d’Edouard Balladur, mais honnêtement, quelle époque c’était.

vendredi 6 mai

Chers camarades, chers camarades, bonjour et bienvenue à cette assemblée générale, aussi exceptionnelle que mes fesses soient sur la commode. Désolé, j’en ai marre du parti politique. Au quatrième pic, il sera juste temps de tout chambouler. Des décennies plus ou moins tumultueuses d’un parti plus ou moins au pouvoir, tout a basculé en poudre en moins d’une semaine.

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Pour être honnête, je comprends les fans de Plus belle la vie qui viennent d’apprendre la fin définitive de leur série. Dans les deux cas, on pourrait penser que les intrigues ridicules, le mauvais jeu d’acteur et les scripts très approximatifs pourraient s’éterniser pendant des années. Même des siècles. Plutôt une douzaine de rapports du GIEC. Mais non, tout le meilleur doit avoir une fin, tout comme le pire. Preuve : le premier quinquennat de Macron s’achève demain. Le deuxième commence demain. Comme en politique, comme au cinéma, la mode reste en retrait. Cela laisse de l’espoir au PS.