qu'est-ce que le cycle de l'eau verte, dont la limite planétaire serait franchie ? › Actualités Geek - 1

C’est une autre mauvaise nouvelle dans le processus infernal du réchauffement climatique et la menace croissante d’un effondrement total de la vie. Mardi 26 avril, une étude de chercheurs internationaux menée par le Stockholm Center for Sustainability, publiée dans la revue américaine Nature, explique qu’une sixième limite planétaire vient d’être dépassée : le cycle vert de l’eau. C’est la deuxième année depuis l’annonce en janvier du dépassement de la zone de sécurité en matière de pollution chimique. Au total, six des neuf seuils adoptés par la communauté scientifique ont déjà été dépassés.

L’eau verte, un nouveau critère d’analyse du cycle de l’eau douce

Les recherches portent sur le cycle de l’eau douce, et en particulier le cycle de l’eau verte, encore peu connu mais toujours précieux car il assure une bonne humidité du sol pour le développement des plantes. Contrairement à l’eau bleue, précipitation contenue dans les rivières, les lacs et les sous-sols et directement consommée par l’homme, l’eau verte évaporée par les plantes nous est invisible. « Cette étude est inhabituelle car elle se concentre sur la proportion d’eau douce fixée par les plantes au niveau des racines. Le cycle vert de l’eau est connu, mais on en parle peu car il ne nous concerne pas directement », explique Fabien Lagarde, enseignant-chercheur en chimie de l’environnement à l’université du Mans. « Lorsque le concept de limite planétaire a été créé en 2009, le cycle de l’eau ne semblait pas en danger, mais on ne peut pas étudier l’eau douce en regardant simplement comment on la consomme. Preuve, avec ce nouveau critère, on se rend compte que la limite a été franchie », poursuit-elle. En effet, l’étude nous apprend que le taux de déséquilibre des sols atteint 18 %. La limite à ne pas dépasser était de 10 %.

Si une personne n’a pas un accès direct à l’eau verte, elle exerce une pression énorme sur celle-ci. Principal coupable : l’agriculture intensive, qui assure déjà 70 % des besoins humains en eau bleue, qui modifie la composition du sol, l’assèche et l’acidifie. « Les risques de changements non linéaires et à grande échelle menacent la capacité de notre planète à rester dans un environnement de type holocène », a déclaré Mélanie Mignot, professeur de chimie analytique à l’INSA de Rouen et au laboratoire COBRA. L’Holocène est une époque géologique qui nous a précédés : il a 11 700 ans et c’est une période climatiquement stable qui sert de point de comparaison avec notre époque actuelle, l’Anthropocène.

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En exemple et en guise d’avertissement, l’étude cite le cas de la forêt amazonienne, qui dépend de la teneur en humidité de son sol pour sa survie. « Il est prouvé que certaines parties de l’Amazonie s’assèchent en raison du changement climatique et de la déforestation. Ces changements le rapprochent d’un point de basculement où de grandes parties pourraient passer de la forêt tropicale aux états de savane », écrit Arne Torban, l’un des auteurs. Si le sol ne peut plus retenir l’eau, l’aridité et la désertification se propagent. Ensuite, la planète perd sa capacité à être stable.

L’eau au coeur des interactions planétaires

Ainsi, l’étude promeut l’utilisation du nouvel indicateur « eau verte » – en complément de l’eau bleue – pour étudier le cycle de l’eau douce et affiner la connaissance du système terre. « La recherche en paléoclimatologie progresse grâce aux mesures sur le terrain et offre plus de données sur l’humidité du sol, l’humidité des plantes et le stockage total de l’eau », explique Mélanie Mignot. L’indice d’aridité des sols, longtemps utilisé, a montré ses limites, et Fabienne Lagarde voit dans cette publication « un effort pour faire interagir différentes zones de l’environnement pour montrer la gravité de la situation et proposer une réponse globale plus efficace ». Car si le cycle de l’eau verte est en danger aujourd’hui, le cycle de l’eau bleue le sera demain, avant que d’autres interventions inquiétantes ne suivent.

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Pour lutter contre la perturbation du cycle global de l’eau, le chercheur Ingo Fetzer, co-auteur de l’étude, appelle à « une action immédiate face à la déforestation et à la dégradation des sols », des activités humaines qui imposent une trop grande variabilité à la Terre. Il y a encore beaucoup de travail à faire, « il y a encore un manque de recherche concernant l’accès des plantes à l’eau, en particulier dans les zones de grande importance pour le fonctionnement terrestre de l’eau verte », explique Mélanie Mignot. Mais cette recherche offre une nouvelle opportunité de réflexion et, avec elle, un dernier appel à l’action.

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