Une « année perdue », un engagement « hélas » insuffisant et un « réchauffement climatique catastrophique ». A dix jours de la COP27, grande réunion sur le climat pour réaffirmer les efforts nationaux de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, l’ONU, par l’intermédiaire de son secrétaire général António Guterres, tire un autre coup de semonce et peint un avenir climatique radical pour la fin du siècle.

Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le monde dans son état actuel se dirige vers un réchauffement de 2,4-2,8°C. Chaque année, la filiale évalue les engagements climatiques des États et les convertit en températures moyennes. Extinction de la vie, catastrophes naturelles et littoraux ensevelis… Selon les scientifiques, les effets globaux du réchauffement climatique vont du simple au quintuple, selon les trajectoires de température. A quoi ressemblerait le monde à +2,6°C ?

14 fois plus de canicule

Inscrite dans la droite ligne des politiques publiques effectives et promises des États, cette trajectoire climatique, tant décriée par l’ONU, se situe au milieu des cinq scénarios proposés par le GIEC dans son dernier rapport – deux meilleurs, deux pires, mais les trajectoires sont vraiment seulement à partir de 2050. Cela signifierait un réchauffement de 2°C en 2050 et de 2,7°C en 2100. Ces projections restent cependant variables car le climat est plein de phénomènes interconnectés, une sorte de tissu autoroutier où chaque voie peut dicter une trajectoire différente. itinéraire.

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Pourtant, sans précédent dans l’intensité et la durée des canicules, des sécheresses et des nuits tropicales où les températures rongent le sommeil réparateur, l’été 2022 fera pâle figure en comparaison. D’ici 2050, les vagues de chaleur record, qui se produisaient environ une fois tous les 50 ans avant la révolution industrielle, seront 14 fois plus fréquentes et 2,7 °C plus chaudes. Celles qui surviennent tous les 10 ans seront 6 fois plus nombreuses et 2,6°C plus chaudes. Les fortes pluies seront 14% plus intenses. Sans parler des sécheresses qui provoquent des incendies environ deux fois plus souvent. Ces chiffres seraient bien sûr bien pires en 2100.

Plus de coraux et de forêts méditerranéennes

Dans un tel climat, la vie disparaît plus vite. Avec un réchauffement de 2°C, jusqu’à 18% des espèces terrestres connues pourraient être confrontées à un « risque d’extinction très élevé », conclut le GIEC dans son dernier rapport. A 3°C, le nombre d’espèces potentiellement menacées passera à 29%. Avec un réchauffement de 5°C, la moitié des espèces pourraient être menacées.

Dans de telles conditions, des écosystèmes entiers périront : « à des températures supérieures à 2,6°C, la plupart des récifs coralliens cesseront d’exister », indique Wolfgang Kramer, directeur de recherche (CNRS) de l’Institut méditerranéen pour la biodiversité, l’écologie marine et continentale. Au risque de leur enlever les espèces marines qui les habitent et nourrissent un demi-milliard de personnes. Selon une étude publiée dans Plos Climate en février 2022, une personne sur dix après l’Accord de Paris augmente la probabilité de leur extinction.

D’autres peuvent changer radicalement, provoquant des perturbations graves et plus insidieuses. « Nos fonctions humaines, agricoles, nos ressources en eau dépendent des écosystèmes originels. Si les forêts deviennent des steppes, il y aura plus de forêts. Sans plages, plus de tourisme, sans parler des systèmes agricoles », simplifie Wolfgang Kramer.

En France, avec un réchauffement climatique de 2,6°C, la température moyenne augmentera de 3,3 à 3,7°C. Ceci est en ligne avec le doublement du réchauffement déjà observé en France. Les paysages seront complètement transformés. « Les forêts du Nord vont devenir méditerranéennes, les forêts méditerranéennes vont disparaître », vulgarise le chercheur. Les agriculteurs vont devoir changer d’espèces pour cultiver, ce qui demande des moyens et des savoir-faire, et qui à terme va fondamentalement changer le tissu économique d’un pays comme la France.

Ascenseur d’eau et coûts

Les dommages causés par la montée des eaux et les inondations peuvent également entraîner une explosion. A 3°C de réchauffement, ils seraient au moins 2,5 fois plus élevés qu’à 1,5°C, explique le GIEC dans son dernier rapport. Ces projections, comme les projections de température ou de biodiversité, donnent une idée de ce qui pourrait se passer lorsque l’on franchit des seuils de température, mais elles ne tiennent guère compte du continuum de problèmes qu’il faut résoudre chaque dixième de degré en plus.

L’augmentation des coûts de reconstruction et d’entretien des infrastructures entraîne également un risque accru de paralysie de certains services. « L’atteinte fonctionnelle associée devrait être importante, en particulier pour les villes, les institutions et les infrastructures situées sur le pergélisol dans les régions froides et sur les côtes », précise le GIEC. Face à ces conséquences sous-estimées, le Secrétaire général de l’ONU a exhorté à prendre au sérieux les « pertes et dommages » causés par la non-réalisation de l’objectif de l’Accord de Paris du 22 septembre. Si l’ONU s’en tient à des seuils, c’est parce qu’ils cachent tout le reste.

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